Jean-Luc Jeener est un personnage du monde du spectacle et de l’écrit de premier plan. Il dirige le Théâtre du Nord-Ouest à Paris ainsi que la compagnie de l’Élan. Dramaturge et essayiste, il est également critique de théâtre au Figaro et a créé l’émission “Théâtre en direct” sur Direct 8 .
Étant la seule personne qui ait jamais monté en France une intégrale de Shakespeare, il est peu suspect d’anglophobie.
Perspective : L’anglais envahit tout. Ce n’est pas seulement une langue mais ce qu’elle véhicule comme références, système de valeurs et vision du monde qui entre en contradiction avec la construction très particulière qu’a été la France.
Contenu : Un texte brûlant et subtil, pertinent et impertinant, qui interroge le changement de modèle de société et de mode de pensée que nous sommes en train de vivre.
L’anglais international, qui n’est pas le british english, a le mérite imparable d’être une langue facile, un peu comme le malais en Insulinde.
Mais c’est d’abord un outil économique puissant. Celui qui dit un jour « l’intendance suivra » n »avait rien compris au film. Le commerce extérieur est le premier vecteur d’une langue, les efforts surhumains des pays francophones africains à défendre le français sur le continent noir n’en sont que plus extraordinaires.
Certaines civilisations résistent mieux que d’autres à la pression anglophone, qui conjuguent une puissance économique internationale et des racines vivaces : meilleur exemple, le Japon.
Le recul du français en Europe ne signale rien d’autre qu’un déclassement relatif du pays d’origine. Essayons de faire un effort chez nous, quotidiennement, mais ne nous abandonnons pas à l’illusion de croire qu’il sera suffisant pour pérenniser une langue mathématique comme la nôtre, avatar tardif du grec ancien. Le pays doit être redressé.