Amour de la France ; refus de la voir effacée par une immigration démentielle et la perte du contrôle de ses frontières; affirmation des nations comme seul fondement solide de l’Europe; rejet, non de l’Europe, mais de cette Europe bureaucratico/technocratico/ultralibérale et uniquement gestionnaire des choses et des gens; qui plus est, pleinement inféodée aux Etats-Unis, dont elle est le faux-nez; cette Europe là que – partout en Europe, à l’exception de l’Allemagne – les peuples ont rejetée au nom de leur indépendance et de leurs identités ; enfin, et peut-être surtout, un Pays légal français sonné et très mal en point.
Notre rôle ne change pas : il est de pousser à la roue pour, à travers ce vacillement du Pays légal, faire vaciller le Système lui-même et proposer l’alternative royale.
C’est ce qui fonde notre originalité depuis les débuts de l’aventure Action française : nous sommes les seuls révolutionnaires du désordre établi. Le Système, qui joue contre la France, vient de recevoir un fort coup de boutoir : à nous de montrer aux Français que le remède – retrouver les intuitions des origines royales de la nation française – est à côté du mal.
Lafautearousseau
Ces conclusions paraissent un peu hâtives.
1/ que veux dire « ultralibéral »?
2/que signifie » pleinement inféodé aux Etats-Unis » ?
Avant d’être systématiquement critique,il convient de savoir de quoi on parle.En effet,on voit souvent ces expressions, employées de manière qui se veut définitive, par MM.Laurent et Mélanchon, et pas mal de socialistes classés à gauche.A moins qu’elles aient une signification différente selon la bouche ou la plume qui les utilise ?
Cher Monsieur,
Permettez-moi de répondre à votre question, en espérant que ma réponse ne vous paraîtra pas ridiculement didactique.
1) Le libéralisme est une doctrine politique née des réflexions ders Philosophes des Lumières, qui postule que la société n’est composée que d’individus, et que le consentement au pouvoir est le résultat de la somme des décisions individuelles. Dans sa version économique, le libéralisme réduit l’ordre social au marché. Les contre-révolutionnaires ont combattu depuis l’origine le libéralisme politique, ainsi que le libéralisme économique, du moins dans sa version la plus utopique, par exemple celle qui conduit au fanatisme du libre-échange. Lorsque des hommes de gauche comme Laurent ou Mélanchon utilisent le terme de libéral, ou d’ultralibéral, pour péjorer le terme, ils lui opposent implicitement le socialisme ou le communisme, alors que les contre-révolutionnaires lui opposent l’ordre corporatif. Toutefois, la critique que fait la gauche du libéralisme n’est qu’accidentelle, parce que les socialistes ont le même présupposé individualiste que les libéraux.
« Pleinement inféodés aux Etats-Unis ». L’expression ne paraît pas tellement obscure, car depuis la fin du communisme, la domination des USA ne se justifie plus par un danger commun contre lequel se prémunir, mais elle s’appesantit chaque jour, de sorte que nos états ne sont plus réellement indépendants, et s’impliquent, contre nos intérêts, en comparses des aventures de la thalassocratie américaine. Si des gens de gauche le dénoncent, c’est qu’ils ont, malgré leur idéologie, un certain bon sens.
Les souverainistes du FN, parmi lesquels je compte nombre d’amis, ont souvent raison dans leur analyse, mais ils ont tort dans leurs conclusions. Car il est évident que, si l’intégration européenne patine au point de paraitre paralysée, la république a elle aussi atteint ses limites, puisqu’elle s’avère incapable de remplir ses promesses de socialisation et de mobilisation collective.
Le supranational concentre les critiques du FN, alors qu’il n’est jamais que l’émanation des gouvernements nationaux, qui ont trahi l’idée européenne au profit de la méthode intergouvernementale. Il est frappant de constater que les critiques que le FN adresse à l’Union européenne pourraient aussi bien être adressées au gouvernement républicain : centralisme technocratique, effondrement du politique, soumission aux marchés financiers, atlantisme, etc.
En quoi la disparition de l’Union européenne nous permettrait-elle d’être plus indépendant vis à vis des marchés financiers, de mieux payer notre dette ou d’échapper aux contrainte de la politique d’austérité?
Deux attitudes sont possibles. Soit accepter l’insignifiance et la sortie de l’histoire, soit souhaiter l’effondrement de l’Union européenne, non pour revenir aux états-nations, mais pour la fonder sur d’autres bases.
Les gouvernements nationaux ont trahi l’idée européenne parce qu’elle n’était précisément qu’une idée et que rien n’existait au dessus d’eux. A qui, à quoi auraient-ils dû passer la main, à quel échelon supérieur ? On peut verser des larmes de crocodile, l’on peut nourrir mille regrets, sur son inexistence. Mais le fait est là. On peut adresser des montagnes de reproches et de critiques aux Etats et aux gouvernements nationaux, à commencer par leur désunion; constater leur terrible affaiblissement, déplorer leur insigne médiocrité, mais cela ne crée pas, au dessus d’eux, une quelconque entité réelle qui les transcende. C’est un malheur ? Sans doute. Mais une union politique entre Etats et nations politiquement constitués depuis des siècles ne se fait que par l’existence et par la force d’un hégémon. En voyez-vous un ? Le seul que l’Europe se reconnaisse aujourd’hui lui est extérieur.
Je tiens à remercier Antiquus et Thulé d’avoir pris la peine de me livrer le fruit de leurs réflexions que je retrouve d’ailleurs en grande partie dans les miennes propres.
D’abord,j’en déduis que le préfixe « ultra »n’est qu’un abus de langage,un super-superlatif en quelque sorte qui a pour but d’accentuer une péjoration ou une dérision,mais n’ajoute rien finalement à la pensée directrice.
En d’autres termes,l’ultralibéralisme n’existe pas,ce qui me soulage.
Assurer que le libéralisme économique soit implicitement fils des Lumières est plus contestable,car à l’expérience c’est ce qui marche le mieux en matière de progrès matériel.Certes,on peut se lancer dans de savantes exégèses sur le thème du progrès,dans lesquelles sont clairement distingués l’individu et la collectivité.Je me garderai bien de m’y risquer.
Par contre,j’avoue que j’ai du mal à suivre en matière d’inféodation.
J’estime en effet qu’il nous appartient avant tout de regarder le monde tel qu’il est,-même si autrefois j’étais un chaud partisan de la « France seule »,selon les définitions qu’en donnait intelligemment Maurras il y a près d’un siècle (et dont hélas notre abominable IIIème république n’a tenu aucun compte,animée comme elle l’était par les « Lumières »véhiculées insidieusement par la franc-maçonnerie,dite française.-)
Je suis donc toujours un « ultra »-nationaliste,mais je constate qu’autour de moi le monde a beaucoup changé.Nous vivons maintenant de plus en plus dans un monde de « blocs »- dans lequel la France doit se repérer et faire le bon choix-ou le moins mauvais- en matière d’amis ou même d’alliances.Et envisager de quitter aujourd’hui l’Europe ou même l’Euro-dans la triste et « ultra »-vulnérable situation ou nous a mis la république- me paraît aussi absurde qu’utopique que seuls des primaires en économie peuvent concevoir.Et pour quoi faire,s’il-vous-plaît ?-(Ce serait une profonde et inexcusabe erreur sur les plans économique et psychologique-)
De même,est-ce raisonnable de vouloir remplacer les USA par Poutine ou même Xi-je ne sais quoi-,dans ce monde de titans à l’esprit de conquête ?
Hélas,nous ne sommes plus dans la France de Louis XIV après le traité de Westphalie,en 1648. (Notons simplement avec humilité et prudence qu’en 1651, Cromwell faisait voter par son parlement-croupion ou pas-son Navigation Act qui assura la maîtrise des mers à l’Angleterre pour longtemps, et ainsi que sa puissance économique et même politique).
Alors oui pour la France d’abord,non maintenant pour la France seule,-qui n’est plus d’actualité !-.
Il y a des urgences plus prégnantes,telles que la démission de Hollande et la disparition du régime républicain.
En ce qui concerne le libéralisme, Patrick Haizet a raison de souligner que tout est affaire de définition. Burke et Maistre montrent que la liberté économique permet plus facilement d’atteindre la prospérité…à la condition de s’encastrer dans l’ordre social, comme le disait Polanyi. Il ne me semble pas que la question du holisme ou de l’individualisme soient des questions secondaires.
En revanche, ce que Patrick Haizet semble ne pas voir, c’est le fait que les USA ne veulent pas seulement profiter de leur puissance à notre égard. Ils veulent aussi nous changer. Les USA sont un Etat messianique. Toute leur histoire n’est qu’une intervention permanente au profit de l’idéologie qui les sert, et au nom d’un homme nouveau débarrassé des traditions et de identités. Je ne sais pas ce qu’en pense Patrick Haizet, mais cela ne me convient pas. Tout partenariat est préférable au leur.
Anatole,pardonnez-moi,mais je n’avais pas vu ni lu votre intervention sans doute postérieure à ma réponse à celles de nos amis Antiquus et Thulé.
Toutefois,je m’aperçois qu’il n’est nul besoin d’y répondre tant elle est péremptoire et définitive,et par conséquent se suffit à elle-même.
Les niveaux d’intervention d’ailleurs ne sont pas les mêmes,puisque l’une est dans le domaine des idées que l’on peut interpréter à sa guise,l’autre dans le domaine pratique et factuel.
Anatole,je lis maintenant votre nouvelle intervention ou vous semblez très attaché à des écoles de pensée éloignées de la réalité des choses.
Permettez-moi de vous faire remarquer que cette nouvelle intervention-toute définitive qu’elle veuille être- est hors sujet dans sa première partie,et inexacte dans la seconde-selon mon expérience américaine,plus réelle et palpable qu’un discours,et déraisonnable dans son obscure conclusion-.
Cher Monsieur,
Je pense que vous avez confondu mon message avec celui d’Anatole. Je me permets donc de répondre à votre notule.
D’abord, mon intervention ne prétend nullement être définitive. . Vous pensez que je suis attaché à des écoles de pensées éloignées de la réalité des choses. Il faudrait pour cela être plus explicite.
En ce qui concerne les USA, ayant fait la plus grande partie de ma carrière à l’étranger, je maintiens que les rapports avec les USA sont marqués par une incroyable arrogance, et une bonne conscience totale.
Quant à moi, mon commentaire réagissait à celui de Thulé, non à ceux de Patrick Haizet, et n’avait nulle intention d’être péremptoire. S’il paraissait l’être, qu’on veuille bien m’en excuser.
Pensez-vous que le retour à nos vieilles nations contre l’Europe soit la solution? Qui peut penser que nos nations soient vraiment à l’échelle des grands empires du monde : USA, Chine? Inde, Brésil même?
Une autre erreur serait de croire que l’Europe doit être construite comme une « super nation », qui serait l’équivalent de nos vieilles nations mais à l’échelle européenne, avec toutes les insuffisances que l’on connait.
Le seul acte fort de l’Union européenne a été la création d’une monnaie commune. Mais cette création n’a fait que rendre encore plus criante l’absence de politique commune, seule capable de s’opposer à l’économie de marché, lorsque cela est nécessaire. Il faut faire une Europe politique. Pour cela, il faut consentir à des abandons de souveraineté, à la conditions expresse que ces abandons soient compensés par d’autres libertés.
Et c’est là qu’il faut certainement repenser l’idée d’Empire, comme une nouvelle idée commune, à la fois très ancienne et très neuve.
Pour Antiquus et Anatole.
Vous avez raison,j’ai fait une confusion de plume dans une de mes réponses,en me trompant de sobriquets,et je vous prie, mes deux messieurs, de bien vouloir accepter mes excuses pour cette bévue bien involontaire de ma part,étant peu habitué à m’adresser à des inconnus,en prenant ainsi le risque de les confondre, (puisque les deux avaient de surcroît des appellations « officieuses » qui commençaient par un A).
Cependant,cela ne change rien au texte de mon intervention, auquel je souhaite cependant ajouter ceci,en réponse à ce que Antiquus vient d’ajouter.
Je ne pense pas qu’on puisse prétendre bien connaître un pays de l’extérieur,car le jugement qu’on en retire tend à être faussé par son propre environnement-qui naturellement peut varier d’un pays à l’autre-.
Depuis que Louis XVI,appuyé par Vergennes (et l’ensemble du peuple français),a brillamment gagné la guerre de l’indépendance américaine,prenant ainsi une revanche sur l’Angleterre,suite à la mauvaise conclusion de la guerre de 7 ans menée par ce pays contre son grand-père Louis XV,l’influence de la France sur les USA a été très modeste,(alors même que cette guerre- qui a mis le Trésor de notre pays à sec-a sûrement été l’une des causes de le révolution française ayant coûté sa tête au malheureux roi Louis XVI).
De plus,alors qu’une masse importante d’Européens allaient chercher fortune ou abri aux Etats-Unis,ce fut très peu le cas des Français.Ainsi les quotas d’immigration fixés par les lois américaines en fonction de la présence des nationaux de chaque pays en 1787 sur le territoire américain étaient très faibles pour nos ressortissants.
Si le quota de la France est très faible,il n’a jamais été un frein pour les Français voulant s’expatrier là-bas.Pourtant,c’est une chose à laquelle nos jeunes devraient penser aujourd’hui,s’ils ont de l’esprit d’entreprise,compte tenu de la bêtise-idéologique-de ceux qui gouvernent la France aujourd’hui ,car c’est un véritable crime que de ne pas donner de l’espoir aux jeunes.Ils en trouveront aux USA,à la Silicon Valley et partout ailleurs.
Je n’ai nullement la prétention d’être un gourou franco-américain omniscient et donneur de leçons,mais j’ai eu la chance de vivre,d’étudier et de travailler aux Etats-Unis,et de constater que nos cultures,nos civilisations sont radicalement différentes,mais extraordinairement complémentaires.Le Français qui réussit là-bas-et il y en a beaucoup maintenant- est adulé.
Il m’eut été très facile d’obtenir moi-même un visa d’immigration (car je suis docteur en droit américain et docteur en droit français),mais j’ai préféré rester un Français d’Amérique. J’avoue toutefois que je n’apprécie guère qu’on vienne me raconter des sornettes-qui ne sont que des contre-vérités- sur ce pays,me démontrant de la sorte qu’on ne le connaît aucunement-.Parler,comme on le fait en France, »d’idéologies américaines » est un contre-sens absolu (au demeurant bien franchouillard),car les Etats-Unis sont le pays le moins idéologue qui soit,mais totalement empirique :le principal propos de tout américain est de savoir gagner de l’argent;lui et ses ancêtres sont venus pour cela,et cela ne l’empêche pas d’appliquer à la lettre-mieux que nous-la trilogie de notre devise républicaine!
Les Américains nous ont sauvés par deux fois de l’Allemagne,mais chaque fois à leur corps défendant,les Américains étant majoritairement isolationnistes.
Comme ils savent faire de l’argent,ils sont devenus riches,très riches même.Avons-nous les moyens,l’intérêt même d’en être jaloux(comme le sont nos socialistes)?
Sont-ils vraiment de dangereux alliés à remplacer par d’autres,et qui alors ? De grâce,cessons de nous adonner à ces fadaises,et essayons de travailler autant qu’eux,et mieux qu’eux si c’est possible.
Ces réactions sont aussi stupides que de prétendre que les résultats des dernières élections européennes sont la victoire de l’anti-Europe sur l’Europe,alors que s’ils ont perdu des voix,les « Européens » sont toujours majoritaires au Parlement Européen.Les résultats en question sont surtout contestataires-en particulier contre Hollande chez nous-,et nous invitent à réformer beaucoup de choses,mais pas à abandonner l’Europe,comme le prêchent certains avec inconscience!
Cher Monsieur, vous avez raison de dire que les USA sont une puissance pragmatique, mais vous avez tort, à mon sens, de la considérer comme dépourvue d’idéologie. Il y a bien, en effet, une vision du monde américaine, fondée sur une conception puritaine qui dévalorise les traditions et les nations, méprise l’Histoire, considérée comme l’effet des ambitions et des concupiscences humaines. Les Etats-Unis ne se considèrent pas comme une nation comme les autres, et c’est à ce titre que, selon leur doctrine, ils doivent bénéficier d’une règle à part. C’est pour cette raison que les USA n’ont jamais admis une paix de compromis: pourquoi le Bien devrait-il faire de compromis avec le Mal? Ils n’admettent que les capitulations sans conditions.
Vous soulignez avec raison que les américains sont majoritairement isolationnistes. Cependant, cette constatation ne fait pas obstacle au fait indiscutable historiquement que toute leur histoire depuis Adams n’est qu’intervention extérieure, pour ne pas dire agression. Des guerres contre le Mexique à la guerre contre l’Espagne, l’interventionnisme triomphe, alterné de courtes périodes d’isolationnisme sans effet ni lendemain. Vous rappelez avec raison que l’indépendance américaine a été obtenue grâce à l’appui français, et vous suggérez très justement que cette intervention est une des causes de la Révolution. Il n’empêche que, même si cette indépendance a été acquise contre la Grande Bretagne, les relations culturelles des deux grands pays anglo-saxons ont toujours été incomparablement plus fortes qu’avec la France. C’est pour toutes ces raisons que je dis que l’alliance avec les USA ne respecte pas nos intérêts vitaux, et que par conséquent (même si ce sont des « fadaises » et des propos « stupides » selon vous) il faut rechercher ailleurs des alliés, comme par exemple la Russie, qui ne demande que cela, et il faut nous éloigner, non pas de l’Europe, mais de « cette Europe là », création de Jean Monnet et de Roosevelt, qui n’est qu’une modalité de la mondialisation et scelle notre disparition en tant que nation. Est-ce de « l’inconscience »? A mon avis, c’est simplement de la lucidité ».
Mon cher Antiquus,
j’avais mis au point une longue réponse documentée pour vous,mais une action trop ludique d’un de mes petits-enfants-qui jouait à mes côtés- a précipité ma littérature dans des limbes inconnues. Et je suis trop paresseux pour
recommencer à rédiger ma prose.
Pour couper court,malheureusement, à nos intéressants débats,je vous avouerais donc simplement que je n’adhère pas du tout à vos menaçantes conclusions, qui me paraissent un peu déplacées dans le temps.Par franchise de vieux débatteur,j’ose vous dire qu’elles me semblent plus animées par des réflexions intellectuelles,voire livresques et convenues, que par une expérience vécue,étayée par des faits incontestables.
Mais cela n’est pas de nature à retirer quoi que ce soit à votre talent naturel,bien entendu.
Si vous voulez vraiment embêter les Anglo-saxons,avec les Etats-Unis à leur tête,je me permets de vous suggérer l’alliance chinoise beaucoup plus solide et prometteuse,selon moi,que celle de la Russie,actuellement empêtrée par ses faux-pas ukrainiens-qui la font fâcheusement ressembler à ceux de l’Allemagne nazie vis-à-vis des Sudètes.
Par ailleurs,dirigée actuellement par un homme à poigne formé à la dure école du KGB-qu’il semble regretter par moments-il convient de noter que ce dernier a la partie facile,le peuple russe,toujours frustre, n’ayant jamais connu que l’anarchie ou la tyrannie.De surcroît,ce dernier souffre d’une démographie alarmante.
Ce retournement d’alliances me paraîtrait donc aléatoire avec un pays qui,au fil de l’histoire,n’a jamais été qu’une grande puissance en devenir-un peu comme le Brésil ou l’Indonésie !-
Tandis que la Chine semble avoir tout l’avenir devant elle,ce qui devrait plaire à nos gouvernants actuels-qui eux,n’en ont aucun actuellement,en dehors de rafistolages publicitaires de fortune.
Le problème de la Chine, envisagé comme un allié possible, c’est qu’elle n’a pas besoin de nous.
Qui besoin de nous ?
P.H.
Qui a besoin de nous ?
P:H:
Pour Antiquus,
pour ma part,je pense que le plus logique et efficace serait de faire alliance avec le ou les pays qui auraient besoin de nous,lesquels,en retour,seraient susceptibles de satisfaire nos
propres besoins.C’est ce qu’on peut appeler la communauté d’intérêt-qui n’est pas nécessairement idéologique-.
Par ailleurs,je me sens incapable de mesurer l’impact de notre départ de l’alliance atlantique sur nos intérêts « vitaux ».
L’Otan,qui coûte très cher aux Américains, n’a plus comme intérêt que de faire admettre au peuple américain,un tissu d’alliances européennes qui protègeraient ses propres intérêts
en Europe-comportant un bubget colossal pour leur défense.(Ce qui rend quelque peu ridicules les vaticinations actuelles de notre gouvernement toujours aussi imbécile-et sûrement idéologique- en ce qui concerne une politique concrète en faveur de la France,prenant en exemple sa « politique »d’immigration intentionnellement laxiste,confirmée par les évènements actuels).
C’est bien pourquoi,je tend à considérer l’hypothèse d’un départ de l’Otan comme complètement farfelue.Par contre,je verrais avec faveur un changement de gouvernement chez nous, incluant le président que les Français ont stupidement élu,contrairement à leurs intérêts les plus « vitaux ».
Si l’OTAN n’a plus d’autre objet que la défense des intérêts américains en Europe – ou ailleurs – je n’arrive pas à comprendre pourquoi il serait farfelu que la France en sorte. Les intérêts américains ne sont pas les nõtres; ce sont les leurs, voilà tout.
Je crains,Cédric,que vous n’ayez pas bien saisi mon raisonnement : l’Otan n’est pas en cause en tant que telle,puisqu’elle est chargée aussi de défendre nos intérêts.
Il s’agit des alliances de la France,laquelle,autant que je sache,n’est pas seule au monde.
Ce raisonnement,il est vrai,peut aussi s’appliquer à l’Europe entière.
Que l’OTAN sert les intérêts américains, c’est clair. Qu’elle défend aussi les nôtres ne l’est pas du tout. Lesquels donc et contre qui ? Depuis que le bloc de l’Est s’est effondré, l’OTAN n’a plus pour objectif que les intérêts américains.
Cédric,
vos affirmations gratuites me paraissent quelque peu idéologiques
aussi.Je vois pas très bien ou est votre propos.
Franchement, ce n’est pas une réponse. Ma question était claire et pas plus « idéologique » que ne le sont vos commentaires. C’est trop facile. Pour s’en débarrasser ? Possible ! Dommage.
Je ne comprends toujours pas ou vous voulez en venir, Cédric,pas plus que de la facilité,du débarras,du dommage dont vous parlez.
Je reste persuadé qu’en politique,il faut rester pragmatique et clair,plus qu’émotionnel.
Cédric,
j’ai réfléchi au pourquoi de vos interjections qui semblaient signifier un certain courroux.
Vous sembliez, sans doute,craindre-on même me reprocher- que je sois en désaccord avec votre souhait apparent de rompre avec les USA et leurs alliés de l’alliance Atlantique.Pour éventuellement les remplacer par qui ? la Russie de Poutine,dictateur intelligent et brutal,mais éphémère, peut-être,ou tout autre à trouver ?
A dire vrai,je n’en vois guère l’utilité pratique pour la France,aujourd’hui ou elle est tristement affaiblie par un régime républicain socialiste, et girouettant afin de mieux renier le passé de notre pays,aboutissement normal de la république en France.
Si c’est bien cela votre propos,permettez-moi de vous dire que je ne le partage pas.Mais je me garderais bien de nier que chacun peut avoir ses goûts,sentimentaux ou pas.Pour moi,c’est tout juste un des arguments électoralistes qui peuvent servir à certains.En France ,nous avons d’autres urgences plus palpables.
Merci de m’avoir répondu. D’accord avec vous sur l’état actuel de la France. Cela dit, vous m’interrogez sur ce que je souhaite. Voici : rompre avec les USA ? Non. Rester dans l’alliance atlantique ? Pourquoi pas ? Sortir de l’OTAN ? Certainement oui, car cette organisation militaire, depuis la disparition de la menace du bloc soviétique, n’a plus d’objet; du moins pour nous. Elle sert aujourd’hui exclusivement la stratégie des USA. Une politique de bonne entente avec la Russie ? Oui. Pour rompre avec les USA ? Non. Plus d’alliance exclusive ! Voilà mes simples idées sur ce sujet.
Cédric,
l’Otan n’est que la matériellisation de l’Alliance Atlantique,et la justification concrète pour le contribuable américain de ses efforts financiers.
Votre distinguo ne tient pas la route et est purement artificiel,surtout lorsque nous avons à traiter des affaires communes ou nous voudrions mobiliser des tiers pays à nos côtés-plus mobilisables financièrement que l’ONU-comme en Afrique.
Que voudrait signifier un « je quitte l’Otan et la part de commandement que j’y assume,mais pas l’Alliance Atlantique »…? Rien à la vérité.
Mais y rester ne nous empêche pas de nous assurer des alliances ad hoc,même avec le diable s’il le faut,comme Schröder en a fait avec les Russes pour leur gaz,(au grand dam actuel de Merkel,cependant).
La Russie a besoin de nous. Poutine l’a bien exprimé à Bruxelles l’an dernier, mais Lady Ashton l’a dédaigné. En revanche l’hostilité des USA à l’égard de Poutine et de son pays ne se justifie que par une volonté de domination à l’égard d’un grand pays qui renâcle à la soumission (et qui n’est pas le diable, ne vous en déplaise). Certes, il ne faut pas rester prisonnier d’une alliance, mais cela s’applique aussi à l’Alliance atlantique. Et aussi au dollar, dont les Usa considèrent qu’ils peuvent contrôler tous les flux financiers du monde selon leur bon vouloir, et sanctionner les pays qui ne leur obéissent pas, dès lors qu’ils défèrent à l’injonction de ne pas utiliser une autre monnaie de référence. Voyez la BNP, et l’arrogance avec laquelle la superpuissance prétend nous cravacher sous prétexte que nous interprétons les diktats d’embargo de manière différente de la sienne. Non, Monsieur Haizet, je maintiens qu’il ne fait pas bon être l’allié des USA.
Antiquus voit juste.
Mon che Antiquus,
votre intervention, farouchement anti-américaine et un tantinet pro-russe, est intéressante mais mérite vérification,d’autant, qu’en ce qui me concerne,je connais assez bien les deux pays,causes de vos louanges ou de vos imprécations-selon le cas.
Vous affirmez que la Russie a besoin de nous et que lady Ashton « a dédaigné » Poutine,ce que j’ignorais personnellement,mais me surprend de la part de cette dame trop effacée et dénuée d’autorité pour mon goût. Néanmoins,je veux bien vous croire pour vous faire plaisir.
Poutine a besoin de nous pour quoi faire ?pour vendre son gaz sibérien? Et que pouvons-nous attendre de lui en retour,plus particulièrement nous,la France,surtout si,affaiblis comme nous sommes par la grâce de M.Hollande, nous abandonnons notre lien avec l’alliance Atlantique ?
De plus,l’affirmation contenue dans votre dernière phrase ou vous précisez « qu’il ne fait pas bon d’être l’allié des Américains »,là,est carrément surprenante,subjective même, et éloignée des enseignements de l’histoire.Vous semblez oublier que par deux fois au XXème siècle,les Américains-dominant leur isolationnisme latent- nous ont sauvés de l’ignominie de la défaite qui nous menaçait en raison de l’incurie d’une IIIème république- maçonnisée laïquement au surplus-.(A l’occasion de la deuxième fois ,la fin de cette odieuse république fut même honteuse !).
De Gaulle fut particulièrement oublieux lui aussi,car il détestait les Américains pour deux raisons principales :Roosevelt avait refusé, mordicus, de l’inviter à la conférence de Yalta en février 1945,car il voyait en Pétain le chef du gouvernement légal de la France qu’il avait reconnu en septembre 1940,(à l’inverse de Staline qui voyait dans le « Gand Charles »un facilitateur de l’avancée communiste en France, alors que Churchill,de son côté, n’était pas mécontent de remettre à sa place un casse-pied exigeant qui l’avait entraîné dans la stupide et inutile expédition de Dakar-qui succédait à la non moins stupide et inutile affaire de Mers-el-Kébir boutiquée par lui et l’amiral Sommerville dans le dos de de Gaulle,pourtant présent à Londres en juillet 1940)-deux tristes opérations qui eurent pour seul résultat de réjouir fort l’état-major allemand!De plus,de Gaulle reprochait à Roosevelt d’avoir demandé au général Eisenhower d’organiser un gouvernement militaire en France,prêt à intervenir en cas de coup de force communiste,ce qui déplaisait fort au général.
Rappelez-vous aussi que la 1ère visite officielle de ce dernier,devenu président de notre république fut pour Staline en 1958 (Eisenhower,libérateur de la France occupée,ayant été élu président des Etats-Unis en 1953).
J’avoue que j’ai du mal à discerner les avantages pour la France de cette diplomatie très personnelle et émotive.Les Américains non plus,d’ailleurs,qui venaient de déverser sur la France tous les bienfaits du plan Marshall !-alors que de Gaulle déclinait sa participation à l’OTAN et boutait le Shape hors de France !
Voilà pour un passé fâcheusement marqué par la maladresse du faible par rapport au puissant.Quant à l’avenir,la pertinence de vos observations-un peu trop franchouillardes pour mon goût- ne saute pas aux yeux,et est loin d’être acquise pour me rassurer.
Un raisonnement très voisin s’applique à l’Euro que certains-par idéologie, ignorance ou oubli-voudraient que la France quitte en dépit de notre délabrement actuel-qui n’aurait sûrement pas lieu si nous étions bien dirigés,en conformité de nos intérêts.
On dirait même que les pénibles leçons des IIIème et IVéme république-avec leurs dévaluations répétitives et soit-disant compétitives -sont sorties des mémoires.On a aussi entendu certains, en septembre 2011,prétendre que l’euro était déjà mort !
Tant que nous sommes en république,vous savez,il ne faut pas voter pour le plus bête comme le suggérait naguère, impoliment mais bêtement, Gambetta.Au contraire,il faut voter pour le moins bête et le plus capable.
Cher Monsieur,
Votre intervention contient de nombreux éléments qui méritent tous de ma part un commentaire, sans concession, mais attentif à votre sincère conviction.
1) L’intervention de Poutine à Bruxelles a été présentée par le Pr Avrillon sur radio courtoisie il y a un mois. Poutine proposait que l’Europe et la Russie réunissent leur efforts pour guérir les maladies structurelles de l’Ukraine, qui côtoie la banqueroute depuis trois ans. Personne n’a voulu répondre à ses propositions. Au delà du problème ukrainien, la Russie a un besoin de partenariat sur le plan économique, car son territoire est immense et mal exploité, mais aussi pour redonner une doctrine, un projet à son pays qui souffre de graves difficultés, notamment démographiques. Et un partenariat avec la Russie nous donnerait un horizon géographique, à nous européens qui nous provincialisons tous les jours un peu plus, et qui sommes sortis de l’Histoire depuis 1945.
2) Vous envisagez avec réticence l’abandon de l’Alliance Atlantique. Cependant, depuis que l’Union soviétique s’est effondrée, il m’intéresserait de savoir à quoi peut nous servir cette alliance, à nous français, ou même européens. Les seuls buts qu’elle met en avant sont idéologiques: les droits de l’homme, le libéralisme économique, le libre-échange, l’expansion de la démocratie universelle. A tel point que le sens du mot « occident » a radicalement changé depuis vingt cinq ans. Du temps où Massis écrivait « défense de l’occident », le mot avait un sens culturel, et s’opposait, de manière un peu académique, à un orient synonyme de théories fumeuses et démesurées. Après 1989, occident = droits de l’homme = individu. Sincèrement, je ne vois pas très bien en quoi cela nous concerne.
3) Vous avez un haut-le-corps en me lisant affirmer qu’il ne fait pas bon être allié des américains. Et vous me rappelez les deux guerres mondiales, au cours desquelles, selon vous, les USA nous ont sauvés de la défaite. Eh bien, cher Monsieur, je crains bien de vous choquer encore davantage. D’abord en osant vous dire qu’il eût mieux valu que la première guerre mondiale se terminât par une paix de compromis, plutôt que cet affreux gâchis. Oui, il eût été préférable que les USA restassent isolationnistes et que le vieux monde fût préservé. Quant à la deuxième guerre mondiale, Roosevelt a toujours veillé à ce que l’Europe toute entière – et non la seule Allemagne – fût traitée en vaincue, et ne puisse revenir dans l’Histoire, et ses successeurs ont continué en ce sens. Voyez les accords de Potsdam, la remise des armes de japonais au Vietminh. Voyez la trahison de Suez et les « bons offices », voyez aussi les pressions invraisemblables pour que la CEE accepte la Turquie en son sein. Bien sûr vous ne manquez pas de me rappeler le Plan Marshall, mais ce plan n’était pas sans contrepartie, loin de là, car il fallait sortir en douceur de l’économie de guerre que les américains avaient mise sur pied. Quant à l’attitude de Roosevelt à l’égard du Maréchal, permettez-moi de vous dire que vous vous faites des illusions, et je vous conseille dé lire les mémoires de l’Amiral Leahy (« j’étais là ») dont les gens de nos idées parlent souvent mais n’ont jamais lu. Mais d’une manière générale, les USA nous traitent comme ils traitent tous leurs alliés, c’est à dire sans jamais considérer qu’aucun engagement de leur part puis leur être opposé. Voyez Imre Nagy, voyez Saddam, voyez Diem, que les USA soutinrent un temps, pour les trahir sans vergogne et en toute bonne conscience plus tard. Mme Nhu ne manquait pas de dire « il vaut mieux avoir n’importe quel ennemi que d’avoir les américains pour alliés. A l’exception d’Israël, bien sûr, qui peut tout se permettre.
4) Il me faut maintenant vous parler de l’Euro. Cette monnaie a été mal conçue et n’a pas tenu ses promesses. Elle cumule tous les inconvénients d’une monnaie forte et tous ceux d’une monnaie faible, car, statutairement, ses fondateurs n’ont pas voulu qu’elle pût concurrencer le dollar, qui depuis 1975, n’est qu’une monnaie de convention, sans contrepartie. En Europe, elle n’est satisfaisante que pour l’Allemagne, qui compense largement ses pertes à l’exportation hors Europe par les échanges communautaires. Cela ne peut pas durer. Cependant, votre inquiétude de voir la France revenir à la politique des dévaluations en cascade est justifiée. Cela dit, ce n’est pas parce que l’euro est une erreur que toute erreur serait préférale à l’euro!
4) Enfin, vous rejetez toute la faute de l’abaissement de la France sur Hollande. Ce n’est pas raisonnable. Bien sûr que nous avons un piètre président, bien peu en doutent. Mais lui imputer toute la faute concernant notre « bel aujourd’hui » ne tient pas. N’oubliez pas qu’il n’est au pouvoir que depuis deux ans! En fait, nous dégringolons sur la pente depuis trente ou quarante ans et tous les gouvernements de droite ou de gauche ont fait globalement la même politique, à quelques nuances près. Dans tous les domaines: moeurs, économie, politique étrangère, éducation, esthétique, ils ont poussé à la décadence. Ne nous laissons pas prendre à leurs mensonges. La classe politique dans son ensemble doit être renversée. le plus tôt sera le mieux
Notre époque se caractérise principalement par cinq processus convergents : l’individualisation par destruction des anciennes communautés d’appartenance, la massification par adoption de comportements et de modes de vie standardisés, la désacralisation par reflux des grands récits religieux au profit d’une interprétation scientifique du monde, la rationalisation par domination de la raison instrumentale à travers l’échange marchand et l’efficacité technique, l’universalisation par extension planétaire d’un modèle de société implicitement posé comme seul possible rationnellement, et donc comme supérieur.
Ce mouvement a des racines anciennes. À bien des égards, il représente une sécularisation de notions et de perspectives empruntées à la métaphysique chrétienne, qui ont été rabattues sur la vie profane après évacuation de toute dimension de transcendance. On trouve en effet en germe dans le christianisme les grandes mutations qui ont irrigué les idéologies laïques de l’ère post-révolutionnaire.
L’individualisme était déjà présent dans la notion de salut individuel et de rapport intime privilégié que le croyant entretient avec Dieu, rapport primant tout enracinement ici-bas. L’égalitarisme trouve sa source dans l’idée que les hommes sont tous également appelés à la rédemption, car tous également dotés d’une âme individuelle dont la valeur absolue est partagée par toute l’humanité.
Le progressisme naît de l’idée que l’histoire possède un début absolu et une fin nécessaire, son déroulement étant globalement assimilé au plan divin. L’universalisme, enfin, est l’expression naturelle d’une religion qui affirme détenir une vérité révélée, valable pour tous les hommes et justifiant que l’on exige leur conversion.
Cette crise que nous traversons signale que cette société touche à sa fin, au moment même où l’utopie universaliste qui la fondait est en passe de devenir une réalité sous l’égide de la mondialisation libérale.
Lagherta nous sert une analyse bien connue puisqu’elle est est simplement reprise du manifeste du GRECE.
Rappelons simplement que les thèses qui y sont développées – lesquelles, bien qu’elles soient intéressantes, ne peuvent être acceptées sans discussion, comme paroles d’Evangile – ont justement fait l’objet d’un débat entre Alain de Benoist et Gustave Thibon, organisé par l’Union Royaliste Provençale, à Marseille, en 1982.
Une vidéo de ce débat existe sur ce blog. Elle est de mauvaise qualité technique mais d’un grand intérêt sur le fond.
Mon cher Antiquus,
je vous trouve doté d’une belle imagination,susceptible cependant de vous pousser vers l’imaginaire,ce que les Américains que vous craignez tant-avec un certain mépris,sans doute-appellent le « wishful thinking ».Témoins en sont vos paragraphes numérotés 1/ « l’horizon géographique »,ce qui ne veut pas dire grand-chose,pardonnez-moi,et « 2/essai d’interprétation personnelle des idéologies des autres,avec,ce que je note avec plaisir,l’appui en référence de l’excellent Henri Massis,disparu il y a près d’un-demi siècle,mais dont nous ne pouvons connaître ce que seraient ses réactions aujourd’hui.
Par contrevous devenez plus incisif-sans être convaincant toutefois- dans votre paragraphe 3/avec les suppositions qu’il contient.Je constate votre optimisme sur la fin de la guerre 14/18 que je ne partage nullement dans la pratique,Clemenceau ayant été un redoutable « jusqu’auboutiste »allant même jusqu’à négliger hautainement les propositions de paix séparée faite par l’empereur Charles d’Autriche-lequel avait à ses yeux le grand tort d’être catholique-.En ce qui concerne la 2ème guerre mondiale,permettez-moi de vous dire que vous entrez dans la sphère des interprétations abusives :si les Américains sont entrés dans la guerre,c’est avant tout en raison de l’attaque des Japonais sur Pearl Harbour,même si l’on prétend que Roosevelt,déjà informé par ses services secrets,aurait laissé faire dans le but de préparer son peuple à l’idée d’une guerre qu’il estimait inévitable.Mais oser dire que Roosevelt est entré dans la guerre européenne-puis mondiale-qu’il n’avait nullement préparée- dans le but machiavélique de dominer l’Europe,puis le monde, tient d’une tendancieuse supercherie pure et simple,ainsi que d’une totale méconnaissance de l’esprit du peuple américain.Rappelons tout de même que les USA ont perdu dans l’attaque de Pearl Harbour 9 de leurs plus beaux,redoutables et coûteux croiseurs de combat et une grande quantité d’avions de chasse, détruits au sol pour la plupart! Vous devriez aller voir là-bas pour mieux vous rendre compte.Les Américains ont transformer les lieux en musée.
Il est néanmoins certain que ce peuple est plutôt naïf et peu porté sur les problèmes de politique étrangère,mais s’il est venu par deux fois en Europe au XXème siècle,c’est à la demande des Européens, incapables de régler eux-mêmes leurs problèmes en dehors de la guerre,guerre que le pape Pie XII et ses successeurs considéraient comme une véritable » guerre civile ».La France et le Royaume-Unie sont sorties de ces deux cruelles épreuves plus ruinées que les autres.
Les Américains sont très peu idéologues,sauf qu’ils détestent le communisme,dans toute la force du terme détester.Et ils ont pris l’habitude-peut-être regrettable à notre point de vue-de considérer Poutine d’abord comme un colonel du KGB,et ils le traitent comme tel en s’en méfiant,alors qu’ils avaient apporté une aide militaire massive,gratuite et décisive à Staline pour lui permettre de gagner à Stalingrad et ailleurs ensuite.Il n’est pas douteux qu’il ont permis aux Soviétiques de l’emporter sur les puissances de l’Axe.Mais il faut dire que beaucoup d’Américains influents l’ont regretter plus tard.
Cela peut expliquer l’existence pérenne de l’alliance Atlantique,de même que leurs prises de position dans toute l’affaire ukrainiaine dans laquelle Poutine est redevenu à leurs yeux un colonel du KGB.Et nous sommes,quant à nous, toujours les alliés des Américains-et pas les seuls-,de sorte que vos prises de position contraires ne se bornent qu’à être des voeux pieux.
Je ne reviendrai pas sur votre paragraphe 3) qui peut se résumer en un procès d’intention-très subjectif-dont je ne partage pas les conclusions,qui,selon moi,sont contraires à nos intérêts les plus « vitaux ».Je pense simplement qu’hélas nous ne vivons plus sous Louis XIV.Mais je ne vois,quant à moi,aucun inconvénient à ce que vous décidiez de continuer à vivre dans cette illusion revigorante.
Pour ce qui est de votre 1er paragraphe 4 concernant l’Euro,je suis d’un avis exactement contraire au vôtre,lequel,excusez m’en,me fait trop penser aux poncifs éculés souvent exposés par Mme.Le Pen qui n’y connaît strictement rien en la matière,mais après tout a parfaitement le droit d’être animée par des arguments à but électoral.
Enfin,votre 2ème paragraphe 4 me prête des intentions que moi-même-à l’instar des augustes auteurs de mes jours- n’ont jamais eues.Mes amis pourront vous le confirmer.Le mal en France vient d’abord de notre régime républicain,-qui a toujours prouvé sa nocivité pour notre pays-,et hélas le socialiste Hollande en est l’aboutissement normal,auquel il faut ajouter la démagogie,la duplicité,l’incapacité politique à régler les problèmes…etc…
J’ajoute seulement qu’en république-comme en tout d’ailleurs,en matière politique comme économique-qu’entre deux mots,il faut savoir choisir le moindre,en regardant l’avenir.Ou bien, on fait des discours,comme Hollande,qui ne servent à rien.
Evidemment,Antiquus,votre indulgence aura sûrement lu dans mon 2ème paragraphe « remarqué » et non pas « remarquer »,et à mon antépénultième ligne « maux » au lieu de « mots ».
Veuillez donc excuser des doigts de vieillard qui prétendent vouloir aller vite.
Cher Monsieur,
Je pense en effet qu’il serait futile de pointer nos fautes de style ou de français, l’important étant de se comprendre. Ce que je voulais dire avec manque d' »horizon géographique », était l’absence, pour les européens d’aujourd’hui, d’un espace où exercer leurs talents, avec la fin de l’outre-mer. Or la Russie possède l’espace le plus vaste qui soit sur la planète, et s’inquiète de le perdre si elle n’a pas de soutien. Elle a donc besoin de l’Europe, et nous y trouverions un projet géopolitique qui nous manque aujourd’hui.
Je partage totalement votre opinion sur Clemenceau. Cependant, si les USA n’étaient pas entrés en guerre, il aurait été bien plus difficile de terminer la guerre autrement que par une paix de compromis.
Je n’ai jamais dit que les USA étaient entrés en guerre en 1942 pour dominer l’Europe. Comme vous le dites, ils l’ont fait pour des raisons qui leur étaient propres (la domination du Pacifique). C’est pourquoi il est ridicule de leur vouer une reconnaissance éternelle. En revanche, un fois la guerre terminée, ils se sont ingéniés à rendre définitif l’abaissement de l’Europe.
Votre théorie selon laquelle les USA seraient conduits dans leur hostilité à la Russie par leur méfiance pour Poutine parce qu’il était colonel du KGB me paraît, pardonnez-moi l’expression, voir les choses par le petit bout de la lorgnette, car le département d’état ne voit aucun inconvénient à faire confiance à un autre colonel du KGB en Ukraine. Si leur seule constance idéologique était l’hostilité au communisme, expliquez-moi pourquoi les plus grandes banques new-yorkaises ont soutenu le bolchevisme à ses débuts, et pourquoi Roosevelt a accepté de lui donner la moitié de l’Europe en 1945? Et comment imaginer que la Russie postcommuniste se débarrasse de tous les fonctionnaires du KGB alors que la totalité de l’administration et de l’économie russe était dominée par cet organisme? Non, cher Monsieur, la position des USA face à la Russie s’explique fort bien pour des raisons très anciennes et bien antérieures au communisme. Il suffit pour cela de se référer aux écrits des grands géopoliticiens anglo-saxons McKinley et surtout à l’amiral Mahan, dont les doctrines Brzezinski et Albright ne sont que des avatars. Ces penseurs ont depuis cent trente ans développé l’idée que toute grande puissance continentale devait être étouffée et morcelée, afin de lui retirer tout accès à la mer. Toute l’affaire ukrainienne n’est d’une péripétie de cette politique, totalement étrangère à NOS intérêts, et pourtant dans laquelle nous nous impliquons avec servilité.
Je note avec plaisir que vous n’expliquez pas vraiment la pérennité de l’alliance atlantique.
D’autre part, vous ironisez sur la solitude qui est la mienne, dans la mesure où nous sommes bel et bien les alliés des américains, et vous en déduisez que mes remarques critiques à ce sujet ne sont que des « voeux pieux ». Eh bien oui, je suis opposé à l’Alliance atlantique, comme je suis opposé à la république, comme je suis opposé à la subversion des institutions les plus sacrées. Allez-vous m’en faire reproche? Je persiste à penser qu’une autre politique extérieure est possible que celle qui existe.
En ce qui concerne l’euro, je pense que vous n’avez pas bien lu mon texte, car vous aviez en mémoire seulement l’argumentation du FN.
Mon cher Antiquus,
je tiens à saluer votre opiniâtreté,laquelle, ajoutée à une imagination que je tenais déjà pour fertile apporte beaucoup de sel à vos écrits.
Il convient néanmoins de ne pas trop en abuser,en faisant dire aux interlocuteurs ce qu’ils n’ont pas exprimé ou même pensé.
On dirait parfois que vous chercher à vous convaincre vous-même par ce procédé, qui n’est pas dépourvu d’emphase ou même d’exagération, »ad causam ».
Mais rassurez-vous j’ai bien pris note que vous êtes contre les USA en général,l’Alliance Atlantique et l’Euro en particulier,et je ne vous en voudrai pas pour cela,mais aussi tout de même pour la Russie de Poutine.
Ne m’en voulez pas non plus,si je vous dis que le suis d’un avis exactement contraire au vôtre,fruit non pas de la passion ou de la lecture,mais tout simplement de l’expérience et du raisonnement.
Remarquez cependant que dans le monde ou nous vivons,il n’y a que deux grandes puissances,les Etats-Unis et la Chine,et que s’il faut choisir son camp,je sais dans lequel les intérêts de la France la conduiront à se ranger.Les hasards de la vie m’ont amené à assez bien connaître l’un et l’autre de ces deux pays.
Quitter l’Alliance Atlantique,de même que l’Euro,me paraît aujourd’hui absurde,mais l’avenir nous départagera.
Bonsoir.
Cher Monsieur,
Vous confirmez, en mettant un point final à nos entretiens, que nous sommes d’un avis diamétralement opposé sur la politique étrangère de la France. Cela, nous le savions tous deux avant même de commencer. Cependant, ne serait-il pas plus conforme aux règles de la conversation de se limiter à des arguments tirés de nos connaissances respectives plutôt qu’un argument d’autorité qui oppose le fruit « de mon imagination », ou de « mes passions », éventuellement de mes lectures à votre conviction, construite, elle, sur votre expérience de chef d’entreprise et votre raisonnement? Vous êtes mon aîné, mais de quelques années seulement ; et croyez-vous que je n’aie aucune expérience ni aucun raisonnement? Quand à l’imagination, n’est-elle pas un outil du raisonnement? Comment envisager autre chose que ce qui existe sans imaginer? Si des républicains nous lisent, ils ne manqueront pas de constater que notre conviction, commune celle-là, que la monarchie est le meilleur régime pour la France, comme le fruit de l’imagination.
Ma conviction royaliste est beaucoup plus le fruit du raisonnement que celui de l’imagination.Elle est écrite dans les faits.