La nouvelle carte des régions provoque des critiques justifiées : M. Lenglet explique, sur France 2, que les économies seront réelles, certes, mais en fait très mesurées et, de toute façon, pas immédiates ; l’opposition dénonce d’évidentes arrière-pensées politiciennes (le Nord-Pas-de-Calais , baronnie de Mme Aubry, ne fusionne pas avec la Picardie, où perce le F.N. ; satisfaction est donnée aux « copains » de la promotion Voltaire, etc.) ; d’autres s’étonnent que la logique (fusion des « deux » Normandie) côtoie le discutable (création d’une « Alsace-Lorraine ») voire l’aberrant (Poitou-Charentes+Limousin+Centre). Etc.
Quelles sont les motivations de M. Hollande ? S’agit-il de « créer » des länder à la française ? Entreprise vouée à l’échec, la France n’étant pas l’Allemagne. S’agit-il d’une énième démarche typiquement parisienne, consistant à « repenser » la France ? Entreprise idéologique elle aussi vouée à l’échec, la France ne se décrétant pas. En fait, mis en rapport avec d’autres tendances ou projets dans l’air du temps (promotion des métropoles, création d’intercommunalités, disparition des départements), le projet de M. Hollande fait un peu désordre – nous dirons même qu’il a quelque chose d’ubuesque. A moins que…
A moins qu’il ne s’inscrive dans la pernicieuse stratégie euro-mondialiste, où se rejoignent finance internationale et idéologues de la bien-pensance, forcément négatrice de nos réalités géo-historiques. Cette réforme, qui reconnaît aux nouvelles régions de nouvelles compétences, constitue un pas vers une décentralisation débridée qui fera courir de grands risques à l’existence même d’un Etat français – lequel reste le seul garant, en dernier recours, de notre identité et de notre indépendance. Ainsi instrumentalisées, des régions quasi « autonomes » (compétentes pour négocier directement avec les autres « régions » d’Europe et/ou avec Bruxelles) risquent fort de devenir des féodalités centrifuges. Notre faiblesse économique ne peut que favoriser l’attractivité de l’étranger (exemple évident de l’« Alsace-Lorraine » et des länder allemands). De même, nos « régions » périphériques peuvent être influencées par les velléités indépendantistes qui agitent l’Europe (Catalogne, Pays Basque, Flandre, Ecosse, Vénétie…).
Historiquement, la France de l’Ancien Régime est un subtil équilibre entre le pouvoir central capétien et des « provinces » aux mille visages. Force est de reconnaître que le découpage en départements, sous l’influence girondine (1790), confirme plus qu’il n’infirme la notion géographique de province : les départements sont, de fait, le plus souvent, un découpage, souvent intelligent, des anciennes provinces et il suffira d’ailleurs de les ré-additionner, à la fin du XXe siècle, pour obtenir la plupart des « régions »-provinces (Corse, Provence, Bretagne, Alsace, etc.). On aurait donc mieux compris que la réforme de M. Hollande s’attachât à gommer les quelques erreurs et inepties existantes plutôt qu’à en créer d’autres et à ouvrir une boîte de Pandore.
Ce découpage est insensé!
La Loire atlantique est bretonne: Nantes fut une ville capitale de la Bretagene!
Le poitou comprend obligatoirement la Vendée!
Le Limousin ‘a rien de commun avec le Poitou: pas les mêmes langue, économie, productions etc…
ceci pour ma région.
Le mieux aurait été de les calquer plus ou moins sur les provinces qui étaient de vraiens entités.
Vous n’êtes pas seul à penser que comme d’habitude les décisions sont prises avec retard et dans la hâte et par des gens peu soucieux de l’Histoire des régions mais plus préoccupés des élections et de la politique.
Encore une réforme ratée où on met la charrue avant les boeufs.
Quant aux noms donnés aux régions on nage en plein ridicule.
Que voilà une belle défense des départements ! On ne nous referons pas le coup de l’Etat (républicain) garant de l’unité nationale. C’est exactement l’alibi de tout qui, ayant manque d’audace « révolutionnaire », finissent dans le plus plat conservatisme. A moins évidemment de considérer que la République assure la continuité de l’Eta capétien.
Vous semblez comprendre autre chose que ce qui est écrit. Delanglade constate que les département constituent au fond un découpage acceptable (sur le plan géographique) des anciennes provinces et qu’on peut surmonter la prétendue antinomie. De toute façon, il faut bien composer avec la réalité – à moins d’être partisan de la politique du pire, auquel cas je vous invite à commencer par ne pas payer vos impôts à l’état républicain…
Créon a raison. La décomposition de la nation française ne ressusciterait pas des provinces vivantes au sens ancien ni dans un sens moderne, où les dites communautés sont trop faibles, trop décomposées, trop hétéroclites et trop artificielles pour affirmer et défendre leurs identités, souvent hypothétiques. La décomposition de la nation française ne serait utile qu’à la finance dite mondialisée, en réalité, la plupart du temps, américaine.
Les dispositions du Traité de Commerce Transatlantique en cours de discussion ont surtout pour objectif d’abaisser encore un peu plus les Etats européens, dont le nôtre, pour les mettre à la merci des grands groupes financiers intéressés à cette opération.
Si nous n’en avons pas conscience, sous prétexte que notre régime politique ne vaut pas grand chose, si nous démantelons les structures, fussent-elles critiquables, qu’il reste à la France, autant donner tout de suite les clés du pays et du continent à ceux qui œuvrent à fortifier leur empire.
Nous ne sommes pas en monarchie; nous ne pouvons pas raisonner comme si nous y étions.
Alors, Ms LUC et Créon, ne pas pratiquer la politique du pire? Et pourquoi pas? Que voulons-nous? Apparemment pas grand-chose. Depuis l’union sacré de 1914, en passant par la trahison du colonel de la Rocque, nous n’avons cessé d’être les fourriers de la République.
Ce blog est un mystère : comment un article plein de bon sens peut-il susciter des commentaires qui le sont si peu ?
Mais enfin mon cher Ferrante, ne pas pratiquer le politique du pire au motif qu’il faut sauver l’essentiel comme le dit si bien LUC, serait très utile, si justement il était de notre intérêt politique de le faire. Ou alors, il faudra m’expliquer le sens de notre démarche.
Le brassage général déclenché par l’exode rural a transformé les provinces en circonscriptions météorologiques et folkloriques.
Je rejoins l’avis de LUC.
Ce n’est pas le moment de déstructurer la république (sens général) en traversant une période de tumultes géopolitiques.
La réforme territoriale devrait attendre que l’écume de la mondialisation se dépose au fond. On devrait la limiter à l’exclusive des compétences de chaque strate, et à détruire les redondances. 90% des effets positifs seraient déjà obtenus.
Mais à hiérarchiser les priorités, c’est à mon avis contre le TAFTA qu’il faut se battre avant tout.
La monarchie attendra que les effectifs royalistes croissent… et que les princes s’éveillent à sa restauration en capitalisant sur des sponsors fortunés. L’impécuniosité interdit tout.