A M. Valls (dramatique : « La gauche peut mourir » ; énergique : « j’ai décidé d’y aller ») il serait bien sûr facile de répondre que tout doit mourir un jour (y compris la droite si cela peut le consoler – comme l’illustrent les actuels soubresauts de l’U.D.I., de l’U.M.P. et même du F.N.) ou encore que, pour un Premier ministre, c’est bien la moindre des choses de faire preuve d’esprit de décision. Cependant, comme le P.S. est censé « exercer les responsabilités », l’inquiétude pourrait sembler compréhensible. Le feu qui couve au Parti Socialiste risque en effet d’accélérer le processus de recomposition du paysage politicien, non pas de façon tri mais bien quadripartite, chacune des deux moitiés s’étant fracturée en deux. Mais est-ce si grave ? Cela a-t-il même un intérêt quelconque ? On peut en douter.
Autrement plus sérieuse et plus révélatrice est l’actualité socio-économique. Nous aurons ainsi, en quelques jours, assisté à un énième conflit social à la S.N.C.F., entendu Mme Royal expliciter son projet de réforme pour l’énergie et compris qu’on pourrait s’acheminer vers une solution dans le dossier Alstom.
Les cheminots grévistes ont tous les torts qu’on voudra et, d’abord de s’inscrire dans le cadre d’un syndicalisme politisé qui joue, depuis 1945, un rôle détestable dans la défense, par ailleurs bien compréhensible, de certains intérêts catégoriels. Le paradoxe est qu’en agitant le chiffon rouge de la défense du service public, contre la concurrence effrénée prônée par l’euro-mondialisme, ces grévistes s’inscrivent aussi, de facto, dans le camp « colbertiste » de ceux qui veulent que perdure un Etat fort et protecteur.
Quand Mme Royal présente un projet qui est très loin de porter la condamnation définitive du nucléaire, tant souhaitée par les enragés de la faction écologiste, quand M. Montebourg propose pour Alstom un règlement qui a le mérite de maintenir la présence et le droit de regard de l’Etat dans la gestion d’une entreprise-fleuron de l’industrie nationale, ils vont, volens nolens, dans le même sens. Ce serait en effet folie, au nom d’une idéologie à prétention mondialiste, de renoncer sans contrepartie à ce qui nous garantit, même de façon limitée, dans le premier cas, une certaine indépendance énergétique ; de ne pas exercer, au nom de la doxa libérale, dans le second cas, ce que M. Montebourg a le courage d’appeler la « vigilance patriotique ».
Si on y regarde de près, on voit bien que désormais, la ligne de partage ne passe qu’artificiellement par le découpage politicien. Ce qui prime, c’est le clivage entre ceux qui privilégient la mondialisation sous toutes ses formes et ceux qui – quelles que soient par ailleurs leurs idées et convictions dans d’autres domaines – continuent, sur certains points, de croire en la France et/ou de se réclamer d’elle.
Cette note dit exactement ce qui est – ou devrait être – notre souci : transcender, au bénéfice de la France, les clivages artificiellement constitués par les partis.
Il n’y pas plus mauvais patron que l’Etat. Tout le monde a encore en mémoire la gestion calamiteuse du Crédit Lyonnais.
L’état qui donne des leçons de patriotisme économique serait bien avisé de faire des efforts de gestion dans son domaine, c’est à dire la fonction publique.
Le Portugal, l’Irlande, Chypre et la Grèce ont fait des efforts colossaux pour assainir leurs économies respectives. La France avec son plan d’économie de 50 milliards d’€, lâche déjà du lest et si rien n’est fait la dette publique franchira le seuil des 2000 milliards d’€ cette année.
Avec un quart des dépenses publiques, la masse salariale de la fonction publique est devenue un enjeu central. Elle progresse de 1400 millions d€ chaque année.Tout cela financé avec nos impôts bien entendu.
Le patriotisme économique c’est bien, mais l’efficacité économique et surtout la volonté politique de la mettre en oeuvre c’est encore mieux.
Vous faussez le débat en le déplaçant du politique à l’économique.
L’Etat peut le meilleur et le pire mais, au delà, il reste, tout au moins pour nous, Français, la condition nécessaire – et originelle – de notre existence nationale.
Mon cher Ferrante, nous n’avons pas la même perception de notre appartenance. Vous ne pouvez reconnaître que votre pays est en tort pour la simple raison que, pour pouvoir lui donner tort, vous devriez être en possession d’un critère du juste et de l’injuste excédant votre seule appartenance, c’est-à-dire d’une claire conscience de ce qu’est la vérité objective.
Cette vérité objective, nous aurait évité par exemple la boucherie abominable dont nous célébrons le triste anniversaire cette année. Nous sortirons ainsi de la métaphysique de la subjectivité où confluent le nationalisme et l’individualisme libéral.
Mon cher Lagherta, vous êtes le roi du grand écart. A votre cours d’économie succède une leçon de morale sur le juste et l’injuste. Pour ma part, je souscris au point de vue strictement politique de M. Delanglade.
Vous avez raison mon cher Ferrante, on s’éloigne du sujet. Pour en revenir à l’essentiel de cet article, l’objectif de toute politique n’est-elle pas de faire une bonne économie? L’économie, écrit Maurras, « est plus importante que la politique. Elle doit donc venir après la politique, comme la fin vient après le moyen ».
C’est le sens de la conclusion de mon premier commentaire. Je ne fais pas confiance à ce gouvernement pour « transcender les clivages » comme le dit Anatole, au bénéfice de la France. Mais j’espère que l’avenir me donnera tort.