On sait que le gouvernement de Berlin a décidé, jeudi après-midi, de sanctionner sèchement la CIA, en raison de de ses activités d’espionnage, notamment industriel, en RFA ; on sait qu’Angela Merkel, en termes apparemment modérés, a rappelé qu’il n’était pas convenable de « s’espionner entre alliés » et que le porte-parole du gouvernement allemand a informé de la décision prise par un bref communiqué « froid et factuel« , rédigé comme suit : « il a été demandé au représentant des services secrets américains à l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique, de quitter l’Allemagne« ; enfin, il est significatif que, de son côté, Der Spiegel s’est autorisé à traiter de cet incident en termes beaucoup moins diplomatiques, qui traduisent bien l’exaspération allemande : « que va faire le basset allemand ? Accepter sa vie de chien ou réagir ?« .
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’Allemagne est indéfectiblement attachée à son alliance avec les Etats-Unis. Ce fut même la cause du relatif échec du traité de l’Elysée et l’un des obstacles sérieux à l’édification d’une Europe réellement européenne et indépendante. Cet attachement est-il aujourd’hui en train de faiblir, de se distendre ? C’est, à vrai dire, la question intéressante, c’est la question importante, celle qu’il faut se poser, après ce mini scandale berlinois.
L’an dernier, Angela Merkel avait appris que son téléphone portable était écouté par la NSA et elle en avait été fâchée, en même temps qu’humiliée; voici que l’on apprend maintenant (ce que l’on savait probablement depuis longtemps mais qui n’avait pas été rendu public) que la CIA espionne les entreprises allemandes, circonstance qui, outre-Rhin, paraît, sans-doute, plus grave encore …
L’incident, en soi, n’est pas majeur, car, malgré les alliances, l’Europe, la mondialisation et toutes ces notions très relatives, dont on fait si facilement des absolus, les Etats continuent de s’espionner, autant que le commandent leurs intérêts.
L’Allemagne y a réagi avec une vigueur qui pourrait donner à penser que, par suite de l’évolution d’un certain nombre de facteurs, économiques ou, comme on dit aujourd’hui, géostratégiques, le temps de la simple soumission aux Etats-Unis est peut-être en train de passer pour la République fédérale, comme pour d’autres Etats notamment européens. Et il est bien possible que « le basset allemand » ne se trouvera bientôt plus vraiment de raison sérieuse d’ « accepter sa vie de chien » plutôt que de « réagir « .
Est-ce que, comme on l’a écrit, « la confiance en l’allié américain s’amenuise en Europe » ? Il n’y a pas trois semaines, c’est Radoslaw Sikorski, le ministre des affaires étrangères polonais qui le disait et l’on sait que cette affaire aussi a fait scandale : « L’alliance avec les Etats-Unis ne vaut rien. C’est des foutaises complètes !». Aujourd’hui, c’est Berlin qui expulse d’Allemagne le représentant des services secrets des Etats-Unis d’Amérique. Modeste dans son origine, l’affaire, du coup, est importante.
Décidément, la vieille formule, « les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » reste une règle d’or.
Voilà ce que c’est que de jouer les bonniches pour les judéo-ricains…
L’aplatissement de Merkel depuis le début de son premier mandat face aux « alliés » américains est une honte pour l »Allemagne devenue grâce à elle une colonie étasunienne.
Aujourd’hui le scandale du noyautage américain des institutions allemandes est est tel qu’elle est est forcée de « donner le change » à son électorat…
Merkel est à l’Allemagne ce que Sarkozy a été à la France: des américains à passeports européens…
Souhaitons que la France connaisse aussi un sursaut national salutaire!
Nous en sommes encore en France à être les caniches des USA.
En songeant à la façon dont nous sommes gouvernés il y en a encore pour longtemps. Je pense à la manière de réagir du Président Hollande en faveur des Israéliens suivant naturellement M. Obama.Les Palestiniens n’ont que les yeux pour pleurer : jamais Israel ne suivra les injonctions -plutôt les recommandations – de l’ONU. Ceux sont, eux tout de même, les envahisseurs, faisant payer au peuple palestinien les outrages des Européens. Mais M. Hollande ne cherche pas si loin, acceptant toujours la propagande subtile et sournoise des USA.
En recourant de plus en plus à l’unilatéralisme et en ne se dissimulant même plus, les Etats-Unis ont eux-mêmes choisi de s’éloigner de plus en plus de l’Europe, car ils savent bien que, pour des raisons politiques et géopolitiques tout autant qu’économiques, les intérêts des deux continents seront à l’avenir de plus en plus divergents.
A l’heure des pratiques dévastatrices du National Security Council (NSA), qu’il s’agisse du droit international ou du traitement des crises, on voit bien que les Etats-Unis n’ont déjà plus les mêmes valeurs et qu’ils ne raisonnent plus comme les Européens.
Il faut encourager le renforcement d’une alliance « à la Metternich » entre la France et l’Allemagne, en oubliant le préambule « atlantisme » ajouté au dernier moment au traité franco-allemand de l’Elysée, qui avait vidé ce dernier de son contenu.
Aujourd’hui l’Allemagne peut enfin définir une politique étrangère en fonction des intérêts propres, c’est-à-dire autrement qu’en se comportant en vassal de l’Amérique.
La note du blog est plus prudente que le commentaire de Lagertha. Elle pose – sans y répondre – la question à laquelle Lagertha croit pouvoir répondre. Au fond, le blog dit : nous verrons bien. Pour Lagertha, c’est tout vu. Et puis, ce n’est pas parce que l’Allemagne récupèrerait son indépendance politique, que ses intérèts coïncideront avec la France. L’Allemagne n’est plus celle du traité de l’Elysée et la France non plus. L’Allemagne est réunifiée, elle pèse beaucoup plus lourd et son centre de gravité s’est déplacé vers l’Est. La France, c’est le contraire; elle a décroché, elle s’est affaiblie, elle ne fait plus jeu égal avec l’Allemagne. En couple, c’est Stan Laurel et Oliver Hardy. Je crois qu’il faudrait maintenant beaucoup de sagesse, de lucidité et de volonté politique de la part des dirigeants des deux pays pour maintenir l’unité du couple. Surtout du cøté allemand parce qu’ils sont actuellement les plus forts et pourraient penser pouvoir se passer de nous … Quant à la France, il faudrait qu’elle se remue et, au lieu de se laisser, qu’elle refasse de la puissance. Ne serait-ce que pour n’être pas le parent pauvre du couple franco-allemand. Un couple trop déséquilibré ne durerait pas longtemps. Voilà ce qu’il faut bien voir en face d’après moi. 50 ans ont passé depuis le traité de l’Elysée et l’Europe n’a guère avancé depiis. Je crains qu’en fait elle soit bien plus difficile à faire maintenant qu’à cette époque. Nous verrons bien.
J’ignore où l’on a pêché que l’Allemagne était en situation de subordination par rapport aux Etats-Unis.
Ce qui pouvait être douteux avant la chute du Mur de Berlin, je dis bien douteux et non pas vrai, ne l’est plus depuis.
Deux signaux non équivoques :
– Le chancelier Helmut Kolh est passé outre toutes exigences occidentales pour réunifier les deux Allemagnes (au marc le franc en plus), sans s’émouvoir d’aucune coquetterie anglaise ou française d’ailleurs, et a simplement payé les Russes pour qu’ils décampent. Il a aussi rassuré les Etats-Unis que la RDA entrerait à la fin dans l’OTAN, ce qui n’était pas prévu en surface. Il a manoeuvré à sa guise.
– Le chancelier Gerhard Schröder a clairement refusé l’invitation de Georges W Bush à participer à la guerre préventive d’Irak, bien que la RFA disposât de tous les stocks et moyens logistiques prédisposés par le Pentagone en Europe. Il a néanmoins laissé la libre-pratique, sans plus. Et la presse allemande s’est déchaînée contre la guerre.
A noter qu’au même moment, la Turquie se rangeait derrière l’Allemagne et, elle, interdisait la libre-pratique ; ceci pour sourire aux affirmations d’asservissement par l’OTAN.
L’administration Obama a réellement de la chance que la chancellerie soit occupée par Angela Merkel, ancien cadre du SED communiste, élevée dans le bain des affaires glauques de RDA, car un Schröder ou un Kohl aurait pris l’affaire avec une once de brutalité !
Il y a presque 60 ans , j’étais au collège et le fils d’un officier supérieur américain est arrivé. Il ne savait pas parler Français,mais après quelques mois, la première chose qu’il m’a dite en Français, c’est qu’ils voulaient nous asservir. Les idées font leur long chemin….
Je crois que Catoneo à raison et … Lafautearousseau aussi. Depuis la fin de la guerre , qu’elle que soient les circonstances et les domaines, l’Allemagne n’a pensé qu’à se reconstruire; elle s’est focalisé sur sa puissance économique et son unité retrouvée. Elle a réussi les deux. Catoneo à raison : l’Allemagne à fait ou fait comme si elle était soumise aux USA – tout autant que c’était ou c’est encore son intérêt; elle est partante pour l’Europe si elle y est dominante, sans plus. Elle en sortirait sans état d’âme, si l’affaire devenait trop « difficile » pour elle. En fait, malgré les apparences, celles qui agacent pas mal d’Allemands et qui énervent le Spiegel, elle n’a jamais cessé de rouler pour elle-même. Il ne faut pas l’en critiquer. Elle nous montre l’exemple à suivre.
Les allemands n’aiment pas les impolitesses. En France on a toujours tendance à confondre la « politesse » qui est une marque de respect et les « manières » qui sont l’ensemble des conventions sociales destinées à règlementer la vie mondaine.
En Allemagne, il n’y a pas de « manières », il n’y a que de la politesse et cette politesse n’est jamais perçue comme contradictoire par rapport a la sincérité : être poli ne consiste pas à dire autre chose que ce que l’on pense. Ayant eu une carrière franco-allemande, j’ai pu mesurer cet écart.
Les américains vont peut-être comprendre à leurs dépends, ce que la politesse veut dire.
Bonjour. J’ai entendu dire que les USA ont beaucoup de bases militaires en Allemagne, et dans certaines il y a des bombes atomiques ou des missiles nucléaires américains, ils font confiance aux allemands, pourtant l’Allemagne était nazie avant, je pense qu’il y a toujours des nazis en Allemagne, ils sont dangereux parce qu’ils détestent les juifs, ils sont conquérant, ils veulent peut-être se venger. Salut cordial. Béatrice
Bonjour. Mon mari regardait le cyclisme à la télé le tour de France en juillet 2014, à la télé nous avons vu dans la verte campagne anglaise des énormes boules blanches posées par terre, ce sont les grandes oreilles d’Obama de la base d’espionnage des agents de la NSA des états-unis qui écoutent Mme Merkel et nous tous aussi, ils sont gonflés comme leurs boules blanches, la chancelière a les boules à cause d’eux, ce serait bien que F.Hollande en ait aussi pour avoir le courage d’écouter B.Obama, mais il n’osera jamais le faire car il est mou comme une limace, il est le pantin d’Obama. Salut cordial. Béatrice
Bonjour. Les appareils de la NSA pour nous espionner (nous les européens) les grosses boules blanches sont situés en Grande -Bretagne à Menwith Hill, ce n’est pas discret maintenant les espions ne se cachent plus car ils sont protégés par les chefs d’états complices, y compris F.Hollande. Nous vivons dans une horrible dictature liberticide, l’Europe c’est le nouvel empire romain païen, en pire parce qu’il y a les états-unis d’Amérique qui l’aident à nous pourrir la vie. Salut cordial. Béatrice
Nous ne sommes pas prêts à acheter la légende des Allemands qui auraient découvert l’espionnage américain contre leur pays ! Aucune explication convaincante n’a été donnée sur ce coup de menton, et Berlin ne peut pas penser une seconde que l’espionnage américain va cesser.
C’est une règle qu’entre meilleurs amis, on s’assure de la fidélité en ouvrant les tiroirs de l’autre.
D’autant plus que les investissements américains pour écouter la totalité de la planète sont publics et dépasse ce qui a jamais été fait.
http://www.wired.com/threatlevel/2012/03/ff_nsadatacenter/all/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Utah_Data_Center
Une analyse plus fine demande que l’on distingue la période de la guerre froide de celle d’aujourd’hui. Mais à vrai dire la différence de situation est mince. Face au rideau de fer la RFA avait une défense totalement inféodée aux USA, ce qui incluait le renseignement, et la disparition du régime soviétique ne fut pas une transformation révolutionnaire ni de la diplomatie, ni de l’organisation militaire. Cette dernière toujours inféodée aux USA. Les Allemands ne font pas mystère de ne pas mettre de budget dans cette fonction de moins en moins régalienne pour eux. Il faut donc chercher ailleurs l’insistance des Etats-Unis à regarder par le trou de la serrure.
La lutte contre le terrorisme est évidemment un prétexte, qui trouve toujours un écho dans des media français disposés à gloser sur les sornettes de Washington, mais peu en Allemagne.
Comme vers le reste de l’Europe l’objectif est strictement économique. L’Allemagne intéresse les US pour quelques domaines stratégiques tels sidérurgie, automobile, spatial, chimie, nucléaire, finances internationales et réseaux bancaires.
Les USA ne cesseront pas leur espionnage et la seule parade est la sécurisation des transmissions dans toutes les entreprises. Défi colossal à la dimension de l’attaque américaine.
Complet accord avec la réflexion de Jean-Louis FAURE.