Je regrette de ne plus savoir dans quel journal j’ai lu par hasard l’autre jour (comme on lit en chemin de fer) une chronique scientifique où se trouvait une remarque excellente. L’auteur (je regrette aussi d’avoir oublié son nom) y parlait de certains champignons que les transformistes regardent comme étant à l’origine de toutes les plantes. Alors, demandait-il, pourquoi ont-ils subsisté ? Pourquoi restent-ils tels qu’ils étaient au principe de toute botanique ? Pourquoi n’ont-ils pas évolué ?
Evidemment. Si nous descendons du singe, on ne comprend pas pourquoi il y a encore des singes. Ou bien c’est qu’il y avait dès la genèse des singes-singes et des singes qui n’étaient pas singes. Si l’homme est un singe supérieur, il y a autant de raisons pour que le singe soit un homme dégénéré.
Qui nous assure d’ailleurs qu’au lieu de venir du protoplasma primitif nous n’allons pas à la cellule finale, que la marche n’est pas du simple au composé mais du composé au simple ? La paléontologie nous fait connaître des fossiles bien plus compliqués que les animaux qui existent aujourd’hui. Survivance des plus aptes ? Alors le plus apte serait peut-être l’infiniment petit. Nous retournerions à l’atome.
Lectures (Fayard, 1937, pages 109 – 110)
Je vous vante pour votre exercice. c’est un vrai travail d’écriture. Continuez .
Les études ont beaucoup progressé depuis, en particulier au travers de la sociobiologie, science qui introduit des notions nouvelles comme l’altruisme ou la malveillance, influant sur les comportement sociaux et par voie de conséquence sur l’évolution des espèces.
Thulé a raison.
Bainville s’interroge avec une évidente dose d’humour. Il faut donc prendre ces réflexions au second degré. Elles peuvent apparaître parfaitement obsolètes au regard des progrès de la Préhistoire et de la paléontologie humaine. Elles semblent, au contraire, singulièrement actuelles si l’on se réfère à la physique quantique, ses recherches, ses découvertes, ses intuitions.