Interrogée par le Figaro magazine (25-26 juillet) Malika Sorel-Sutter*, « l’une de nos plus brillantes analystes de l’immigration et de l’intégration », apporte une réponse qui a retenu notre attention. Ce dialogue – sur le point précis auquel nous nous attachons ici – est le suivant :
« Les autorités religieuses chrétiennes sont-elles lucides à cet égard ?
Pas vraiment. Je suis d’ailleurs choquée par l’injustice que le pape commet lorsqu’il culpabilise les Européens en les accusant d’égoïsme et en leur demandant d’accueillir davantage de pauvres, oubliant que les Européens ont beaucoup fait. Il se focalise sur la souffrance des corps et néglige la souffrance morale de ceux qui fuient leur patrie. Il oublie que les migrants sont aussi pourvus d’une spiritualité, que l’épreuve de l’exil les poussera à reconstituer leur communauté spirituelle sitôt qu’ils se trouveront en nombre suffisant sur la terre d’exil. La compassion du pape participe malheureusement à desservir la paix sur le long terme. »
Nous sommes d’accord avec cette appréciation que nous avons, nous-mêmes, exprimée en plusieurs occasions.
En outre, n’est-il pas contradictoire de défendre les Chrétiens du Moyen-Orient contre le fanatisme d’un certain Islam, comme l’a fait, récemment, la délégation de prélats français emmenée par la Cardinal Barbarin au Kurdistan irakien, et, d’autre part, de prêcher, en France, l’accueil d’un nombre toujours plus grand d’immigrés ? Faudra-t-il un jour, que ces mêmes prélats aient à défendre, les Chrétiens de France contre une poussée islamiste, intérieure, cette fois-ci ? Et même – avant qu’il ne soit trop tard : ne serait-il pas temps d’y penser ?
Par cette incohérence dangereuse, l’Eglise de France, elle aussi, à son niveau, « participe malheureusement à desservir la paix sur le long terme ».
Il n’est pas agréable de devoir le dire. Mais il n’est pas interdit d’être lucides.
Lafautearousseau
Bonjour à tous,
Je suis d’accord sur cette analyse, tout à un sens, faut il encore considérer toute chose dans son contexte. La poussée de l’Islamisme est une remise en question de l’ occident dans ses valeurs. Si valeurs ont un sens pour ce qui les concernent. Car c est bien de cela qu’il s’agit.
Je ne vois pas ce qui vous choque. L’Eglise est dans son rôle. Elle se veut universaliste et mondialiste. Elle oeuvre pour la fin de l’histoire, par le retour glorieux du Christ, en vue de l’établissement définitif du Royaume de Dieu. Isaac Newton la situe en 2060. Préparons-nous.
Oui l’Eglise Universelle, toutes religions confondues.
A travers l’histoire, l’intervention des Hiérarques des religions en Europe comme en Orient et Extrême Orient, a généralement été ce que nous savons qu’elle fut et qu’elle demeure… Au Tibet présenté comme le Ciel sur terre par des naïfs, les guerres civiles religieuses furent parmi les plus longues, les plus sanglantes avec appels historiques fréquents aux étrangers, Mongols et Chinois… Les rois de France avec sagesse ou rudesse, se sont efforcés de se protéger des ultramontains comme des fanatiques…
R. de Sagnes
Les rois de France à leur corps défendant furent souvent obligés d’obtempérer pour ne pas se couper de leurs peuples par l’excommunication, brandie par le clergé comme pire que la peste noire pour le royaume !
L’Eglise a trop souvent gouverné les âmes par la terreur. Elle y a gagné aujourd’hui beaucoup d’indifférence de la part de son public naturel informé.
Les explications théologiques sont souvent trop rapides, voire simplistes, et discutables à l’infini. Les références historiques ont leur intérêt sous réserve d’en tirer des conclusions justes, équilibrées, nuancées. Restent les faits constatés aujourd’hui que Malika Sorel et Lafautearousseau signalent ici. Et leur analyse me paraît juste. Il ne s’agit pas de spéculations de l’esprit, mais des intérêts vitaux français et européens.