Ainsi les évènements vont leur cours – rapide ces jours-ci ! – conformément à ce que nous annonçons, analysons et prévoyons depuis plusieurs années. Hilaire de Crémiers, notamment, en a démonté les mécanismes profonds dans Politique magazine, et nous n’avons cessé d’y faire écho, dans lafautearousseau.
Ce qui nous apparaît très clairement, c’est que nous n’avons pas affaire à une simple crise politique – ni d’ailleurs économique – banale, dont on sort comme d’un accès de fièvre passager. Nous avons affaire à une crise profonde où divers éléments interagissent qui menacent et même remettent en question, nos institutions, notre économie, nos finances, publiques et privées, notre organisation sociale, notre identité nationale et, au delà, notre civilisation elle-même, dont on ne peut se dissimuler qu’elle est déjà gravement atteinte.
A l’instar des détestables pratiques de la IVème République, le ministère Valls, le second, déjà, du demi-quinquennat de François Hollande, n’aura pas tenu cinq mois. La popularité de Manuel Valls, élevée à son arrivée à Matignon, s’est effondrée (-20%). La fragilité de sa majorité, la fronde qui trouble ses rangs, le manque criant de cohésion gouvernementale, la lutte des égos (dont le sien) en vue de la prochaine présidentielle, ont miné son action. Et François Hollande – qui n’est, en effet, plus qu’un roi nu, avec seulement 17% de satisfaits – l’entraîne dans sa chute, comme, d’ailleurs, il entraîne celle des élus socialistes. Lesquels ne l’ignorent pas…
Cette crise est systémique : certes, elle tient aux conditions particulières de l’élection de François Hollande, candidat à la présidence de la République à l’issue d’une primaire où il fut âprement combattu : les rivalités qui s’y sont opposées – à lui, principalement – ont tout simplement perduré au sein du gouvernement et rien ne nous dit – tout au contraire – qu’elles vont s’effacer; mais la situation est due, pour l’essentiel, à l’érosion des Institutions de la Vème République, aux pratiques nouvelles que le quinquennat a induites, au retour du plein régime des partis, et, en fin de compte, à l’élection du président de la République elle-même, devenue le véritable poison de la vie politique française.
Ainsi nous voici face à une crise politique et institutionnelle majeure et, en quelque sorte, face à l’inconnu. Le ministère que Valls va former, sans les écologistes, du moins en tant que tels, sans les ministres frondeurs, sans le Front de Gauche, peut-être même sans les radicaux, trouvera-t-il une majorité durable au Parlement ? Ne risque-t-il pas d’être tout simplement renversé, à la plus prochaine occasion ? Dominique Rousseau, constitutionnaliste de renom, l’affirme : « On ne peut plus exclure que le gouvernement soit renversé par une majorité au Parlement. Et que le président doive envisager une dissolution de l’Assemblée. La crise n’est pas terminée, elle commence« . En effet, car que se passera-t-il en cas de victoire (probable) de l’opposition ? Son état présent n’est pas plus brillant que celui du camp d’en face. Dans tous les cas de figure (cohabitation, démission de François Hollande) la guerre des chefs, à son tour, déchirera la Droite. La France, comme en 1958, se trouvera face à une crise de régime.
Rappelons simplement que nous vivons, aussi, une crise économique et financière majeure. Elle exclut, pour l’heure, comme conséquence pleinement justifiée, la confiance des Français. Ce qui est à craindre, sous l’angle économique et financier, c’est que les difficultés de la France à se gouverner n’entament aussi celle de nos partenaires étrangers, n’éloignent les investisseurs, ne ruinent la crédibilité de notre pays et, en dernier lieu, ne lassent les prêteurs de consentir à la France des taux d’intérêts notoirement faibles.
Dans ce cas, crise politique, institutionnelle, économique et financière de première ampleur feraient leur jonction. Et pour sortir la France de ce mauvais pas, il faudra trouver des hommes d’une tout autre trempe que François Hollande et inventer ou réinventer un tout autre régime que celui qui l’aura conduite à de pareilles extrémités.
Lafautearousseau
bravo!!!!!!!!!!!!!!
« Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France ». Les derniers mots du roi Louis XVI résonnent aujourd’hui d’une manière bien particulière. Bien sûr que le sang du roi est retombé sur la France. Pouvait-il d’ailleurs en être autrement ? Ne soyons pas trop surpris des malheurs du temps mais comment faire pour en sortir ?