On nous excusera de parler de coup d’Etat. Le terme est excessif et n’est que repris d’un titre du Figaro. Excessif et néanmoins en partie fondé : il est vraisemblable que Manuel Valls a imposé le limogeage d’Arnaud Montebourg à François Hollande, lequel, selon son habitude, et même selon sa nature, eût sans-doute préféré temporiser. Temporiser, biaiser, mentir, comme toujours. Mais Valls ne lui a sans-doute pas laissé le choix; De Gaulle eût dit : il lui a mis le marché en mains. (« C’est lui ou moi« ). Et le départ du Premier Ministre, c’eût été pire ! Coup d’Etat évident, provocation nette, aussi, vis à vis du parti socialiste, de son idéologie, de ses courants, de son électorat et … de ses élus à l’avenir, aujourd’hui, plus qu’incertain. En dévoilant clairement, brutalement, sa ligne dite social-libérale, en nommant à la succession d’Arnaud Montebourg, Emmanuel Macron, jeune surdoué notoirement plus libéral que socialiste, en se rendant à Jouy en Josas à l’université d’été du Medef, pour y déclarer combien il aime le monde de l’Entreprise, Valls n’a certes commis aucun crime. Sauf celui de rompre avec l’orthodoxie socialiste et avec le mythe de l’unité du parti. En fait, il a imposé la ligne qu’il avait défendue lors de la primaire socialiste. Primaire qu’il avait largement perdue; primaire, d’ailleurs, qui n’a cessé de se prolonger depuis l’élection de François Hollande à la présidence de la République; primaire qui en est la trame, qui empoisonnera son quinquennat (?) jusqu’à la fin. Fin dont, aujourd’hui, nul ne peut plus prévoir la date. Nous l’avons dit : c’est le retour, désormais, du plein régime des partis; des tractations et des majorités introuvables; des gouvernements éphémères. A Gauche, d’ailleurs, comme à Droite. Et c’est l’une des raisons, politique, celle-là, pour lesquelles notre hypothèse est que Manuel Valls échouera et ne sortira pas la France de la crise.
Une autre raison essentielle est l’extrême fragilité de notre économie. Non pas, nécessairement, à cause de la situation interne des entreprises, encore moins de leur incompétence. Mais bien plutôt à raison des boulets dont l’économie française prise dans son ensemble, doit supporter l’impossible charge. Il s’agit donc d’une fragilité plus systémique que conjoncturelle. De cette fragilité, les paramètres sont connus : le lourd service de la dette et ses aléas, nos dirigeants vivant dans l’angoisse perpétuelle, toujours dissimulée, d’une attaque des marchés et de l’augmentation des taux d’intérêt, laquelle ferait aussitôt exploser budgets et prévisions de réduction de dépenses; le coût global d’un chômage exceptionnellement élevé, en hausse récurrente, supporté par la collectivité nationale; le taux des prélèvements obligatoires, fondamentalement trop important en France pour permettre un véritable retour à la croissance; le déficit devenu chronique de notre commerce extérieur (- 70 milliards en France / + 200 milliards en Allemagne !) qui manifeste, en la matière, le dramatique décrochage de la France; sans-doute, aussi, rarement avancé, difficilement chiffrable sans contestation, le coût de l’immigration massive, certainement très lourd, très probablement supérieur au service de la dette … De fait, les grands secteurs économiques sont tous en crise : production industrielle, commerce, bâtiment, tourisme… C’est pourquoi, là encore, notre hypothèse est que l’actuel et quelque peu pathétique recours du gouvernement Valls au patronat et aux entreprises pour sortir le pays de la crise, échouera, n’atteindra pas l’objectif. A soi seules, les entreprises n’en ont plus les moyens. Leur concours sera de faible effet.
C’est que la crise dont nous parlons n’est plus seulement politique ni économique. Elle est structurelle et sociale. Les tenants de l’économique d’abord, qui primerait tout, selon nous ont tort. Il n’y a pas de santé économique possible sans le substrat de la santé politique et sociale. Sans un niveau éducatif, culturel et professionnel suffisant, sans cohésion sociale, sans un minimum d’accord et de cohérence dans l’ordre moral, sans confiance dans son pays, sans conscience d’appartenance à une communauté, une identité stable et définie, sans une jeunesse au travail, sans un Etat qui assume cet ensemble, le fasse sien et, en quelque sorte, le dynamise, il n’y a pas de retour à la santé possible pour l’économie non plus.
C’est, nous le savons bien, ce qui accroît la difficulté et repousse assez loin les limites du problème français. Mais faut-il se cacher les réalités, au risque de ne résoudre vraiment jamais rien ? Remettre en question les fondements mortels de notre régime politique, remettre en cause ce que, par extension, nous nommons aussi le Système, n’est pas dans la vocation de Manuel Valls, ni de son gouvernement. Et c’est pourquoi notre hypothèse est que Manuel Valls échouera, qu’il ne sortira pas la France de la crise.
Il y faudra d’autres idées, d’autres principes d’autres moyens et d’autres circonstances.
Lafautearousseau
Voilà une analyse qui me paraît faire le tour de la question, en remontant aux sources lointaines et profondes d’un mal, de maux, qui en sont – comme vous le dites très bien – non pas « conjoncturels » mais « systémiques ». Ce sont tous les piliers de la Société que la République idéologique, le Système, démolit méthodiquement depuis son installation, en 1875; la France n’est pas malade de son déficit commercial ou de tel ou tel problème – bien réel -, mais de son Système, qui a fait de la cathédrale une « cathédrale effondrée ». C’est toute une Société, tout un ¨Pays qu’il faut reconstruire, et pas seulement quelques points de ceci ou de cela qu’il faut regagner: ce serait trop facile ! Non, c’est une Société saine qu’il faut rebâtir, de « a à z », et, là, c’est une autre paire de manches… C’est la grandeur, et l’extrême difficulté, de notre tâche, à nous, les Royalistes. La France ne changera pas sans « changer » (Boutang parlait de metanoïa)…
Napoléon à Sainte-Hélène devant Las Cases justifiait la Terreur en ces termes :
« Comment dire à tous ceux qui remplissent toutes les administrations, possèdent toutes les charges, jouissent de toutes les fortunes : Allez-vous en ! Il est clair qu’ils se défendraient : il faut donc les frapper de terreur, les mettre en fuite, et c’est ce qu’ont fait les lanternes et les exécutions populaires. »
Rebâtir de a à z, dites-vous ? Dans les circonstances d’aujourd’hui, je laisse à votre méditation l’usage d’un outil de purge de l’Etat.
Le commentaire ci-dessus est en forme de devinette. J’en ai passé l’âge. Que faut-il comprendre ? La clarté est une qualité première.
Au cas où il s’agirait de nous mettre en garde contre le risque anachronique de « terreur » blanche ou autre, je rappellerai qu’aujourd’hui environ 80% des Français ne font aucune confiance à leurs gouvernants. Ils n’ont pas, non plus, confiance dans leurs représentants, ni globalement dans les journalistes. En quel sens s’exerce aujourd’hui ce type de terreur sous forme soft qui est la marque de la postmodernité ?
Il n’y a pas d’âge pour réfléchir, disait le bon docteur Alz.
Les institutions de l’Etat et leurs métastases sont captives de nos adversaires qui en occupent 95% des postes. Aucune réforme d’ampleur ne pourra intervenir contre eux, à voir les motifs d’insuccès de toutes les tentatives d’évolution entreprises par les gouvernements successifs en tous sens.
Quelle méthode souhaiteriez-vous voir appliquer pour purger l’Etat avant de le faire renaître, puisque c’est le sens du « a à z » ?
Nos gouvernants, quels qu’ils soient ne cherchent qu’à profiter des avantages qu’offre le régime. Mon Tambour comme les autres. Il est imbu de lui-même, je crois savoir qu’un des éléments qui l(ont poussé à unetelle prise de position sont les projets fiscaux du Gouvernement et surtout en tant que Ministre du Budget et de l’Economie d’en être le porte drapeau.
Parmi ceux-ci il y aurait celui de taxer l’épargne des Français à hauteur de 25 %
Si cela est vrai, imaginez le remu-ménage. Cela dès la semaine prochaine. Il suffit de regarder les politiques fiscales de ces dernières années pour se méfier.
Les socialistes aiment beaucoup les pauvres. Tellement, qu’ils leur en faut toujours plus
La forme politique de la » modernité » est à bout de souffle parce qu’elle a achevé sa course. La droite et la gauche ont réalisé leur programme pour l’essentiel.
La gauche, dont l’imaginaire se rattache au versant radical des Lumières, adore le progrès, la science et la technique ; de Condorcet à Saint-Simon, on retrouve les mêmes thèmes.
La droite libérale et éclairée, de Montesquieu à Tocqueville, exalte la liberté individuelle et la concurrence économique. La gauche réclame le bien-être pour tous et la droite la croissance et le droit de jouir du fruit de ses entreprises.
Régis Debray observe : « Lorsqu’il n’y aura pas plus de différence entre la gauche et la droite qu’entre les services d’une banque nationalisée et ceux d’une banque privée, ou entre le journal télévisé d’une chaîne publique et celui d’une chaîne commerciale, on passera de l’une à l’autre sans regrets et, qui sait, sans s’en rendre compte « .
On en est là, apparemment. Il est évident que Hollande ou Sarkozy c’est bonnet blanc et blanc bonnet. A nous d’être imaginatifs.
Analyse lucide, bien inspirée. Il est vrai que tout se tient et comme disait le Baron Louis sous la Restauration: « Faites une bonne politique et vous aurez de bonnes finance »
Maintenant que faire là où nous sommes ?
Comment résistez concretement, entretenir la flamme de la Résistance, sans retomber dans le jeu des partis? Il faudra veiller, mais prendre des risques aussi, le dire et le faire au bon moment.
C’est ce que vous faites.Continuez.
On ne renie pas ses origines c’est un franquiste.