David Lloyd George et Winston Churchill
On se bat à Rethel et c’est demain l’anniversaire de Sedan (1)… Pour la quatrième fois en un siècle, l’étranger a envahi la France, et cette année-ci est le centenaire de 1814. Les Français ne pourront pas manquer de comprendre cette leçon terrible. Ceux qui l’ont déjà comprise, ceux qui savaient que les principes de la démocratie et de la Révolution devaient nous conduire à une défaite ont été les premiers à marcher. Nos armées sont remplies d’hommes qui avaient prévu l’évènement, qui savaient de science certaine que la République perdait la France. Ils ont fait magnifiquement leur devoir et ils paraîtront à la postérité tels que ce Megistias dont parle Hérodote, qui mourut aux Thermopyles et sur la tombe duquel fut gravée cette inscription : « Sous ce tombeau repose Megistias le devin, qui, sachant d’avance le destin dont il était menacé, ne put se résoudre à abandonner les chefs de Lacédémone. »
Qu’il est beau le sort de Megistias ! L’histoire retiendra le nom des Français qui l’ont partagé ! Les chefs de notre Lacédémone, nous les connaissons… Ils conduisent la nation à cette heure tragique : cela suffit.
M. Winston Churchill (2) a déclaré ces jours-ci que cette guerre était celle de la démocratie contre l’autocratie. Parole imprudente à l’heure où la démocratie libérale anglaise et la démocratie libérale française expient leur aveuglement et leurs erreurs dans le sang répandu à flots dans les plaines de Flandres et de Picardie. Il paraît même certain que, si l’aile gauche des armées alliés fléchit si régulièrement depuis quatre jours, c’est parce que les Anglais s’y trouvent et que les Allemands les attaquent avec une fureur particulière.
Les libéraux anglais ont commis exactement la même faute que les républicains français : ils se sont laissés entraîner à une guerre qu’ils n’avaient pas préparée, ils ont fait une diplomatie dont ils ne s’étaient pas donné les moyens. La Triple-Entente, sans une sérieuse armée anglaise, quelle erreur immense ! Et si l’Angleterre, comme on peut le croire, s’est bien mis dans la tête qu’elle ne renoncerait pas à la lutte avant d’avoir vaincu l’Allemagne, que d’efforts, que de sacrifices, avant que cet empire militaire soit battu ! Et par quels abandons des principes du libéralisme arriveront-ils, les Asquith (3) et les LLoyd George, à ce résultat ?
(1) Sedan : la défaite du 2 septembre 1870.
(2) Winston Churchill (1874-1965), premier lord de l’Amirauté (ministre de la Marine) en 1911, devra démissionner en mai 1915 après l’échec de l’opération des Dardanelles dont il fut le promoteur.
(3) Herbert Asquith (1852-1928), libéral, Premier ministre de 1908 à 1916.
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“Que de confusions lexicales ! … Récapitulons un peu, autrement il serait impossible de regarder clairement…”