« Panique identitaire » à gauche (M. Thomas Legrand sur France Inter) où le divorce semble imminent entre étatistes et réformistes : le second gouvernement de M. Valls n’en finit pas de faire des vagues jusqu’à l’intérieur même du P.S. et de lui-même, ce qui est un comble ! En témoigne la charge conjointe de Mmes Aubry, Duflot et Taubira. Pourtant, depuis la primaire socialiste de 2011, il était évident que MM. Valls et Montebourg incarnaient deux visions politiques et économiques inconciliables. De même que, plus récemment, tout le monde a entendu M. Valls prévenir que la gauche pouvait disparaître. (B.F.M.-T.V., le 14 juin)
Pourquoi s’étonner dès lors, d’autant qu’il est patent que ténors et éléphants du parti majoritaire fourbissent leurs armes pour l’élection présidentielle de 2017 ? Tous ou presque ont intérêt à ce que MM. Valls et Hollande échouent. Ces derniers sont de fait condamnés par la dérive des institutions de la Vème République (notamment la néfaste adoption du quinquennat) et par l’américanisation croissante de nos mœurs politiques (notamment la médiatisation disproportionnée de tout événement), à obtenir des résultats hic et nunc.
Voici donc la France gouvernée par un attelage improbable où la gauche libertaire (représentée par Mme Najat Vallaud-Belkacem, incarnation du carriérisme politicien) côtoie la gauche libérale (représentée par M. Emmanuel Macron, banquier d’affaires et haut fonctionnaire). D’aucuns crient au clientélisme et prédisent une prochaine tempête. On peut tout aussi bien relever une certaine cohérence. Tandis que l’on continuera de révolutionner les valeurs sociétales et de tailler dans les racines des gens de ce pays (mettant ainsi du baume au cœur de l’électorat gaucho-bobo-écolo), se poursuivra plus aisément la marche forcée vers l’euro-mondialisation par la libéralisation débridée de l’économie nationale (confortant ainsi l’alliance objective entre la droite et la gauche dites « de gouvernement »).
Le scepticisme s’impose donc. De toute façon, les chances de succès de M. Valls semblent plutôt compromises du fait des contradictions de la gauche, de la situation de la France et du contexte européen. Certes, M. Bernard Guetta (France Inter) peut prédire que M. Hollande sera sauvé par l’Europe : la menace déflationniste devrait, paraît-il, inciter la B.C.E. à faire baisser l’euro et favoriser enfin les investissements européens. Mais, forcément conjoncturel, cet hypothétique renversement de tendance n’aurait de toute façon que peu de portée pour le pays. Le bénéficiaire serait bien plutôt M. Hollande – ou M. Valls – qui pourrait envisager l’élection de 2017 avec plus de sérénité.
Rien de bien nouveau, donc. Et rien qu’on ne sût déjà.
Il est bien trop tard pour que d’éventuelles mesures européennes de soutien à l’investissement aient un quelconque effet sur la campagne électorale de 2017 qui commencera dès le printemps 2016. Ce qui ne veut pas dire qu’elles soient vaines pour le pays lui-même.
La situation calamiteuse exigerait de gouverner par ordonnances et de braquer le parlement au 49-3. Mais le temps passé dans les soupentes de l’Elysée à combiner les tendances et courants d’une majorité déjà vaincue va manquer à la recherche de réformes puissantes et visibles.
Pour l’anecdote, la « médiatisation disproportionnée » fut inventée par Nicolas Sarkozy et le « carriérisme politicien » poussé dans ses derniers retranchements par Rachida Dati ; mais ce n’était qu’un sourire.
Pour faire court, je dirai que je partage, cette fois-ci, l’analyse – bien-sûr de Louis-Joseph Delanglade – mais, même, celle de Catoneo.