En août 1914, le tocsin sonne dans tous les villages du Sud de la France. Les jeunes appelés prennent le chemin de leurs régiments puis des gares. Ils s’en vont rejoindre le front combattre les Allemands en Lorraine. Sur le quai de la gare Saint-Charles, la mère d’Auguste Odde vient lui dire au revoir. Le jeune appelé la rassure. Il sera rentré rapidement. En trois mois, tout sera réglé. La France n’est-elle pas l’une sinon la meilleure armée du monde ?
Le jeune homme et son coreligionaire corse, Thomas Tomasini, originaire de Monacia d’Aullène, sont fraîchement accueillis par leur chef de section. Ils connaissent bien vite les difficiles combats, les premiers tués, les tirs d’artillerie, ceux des mitrailleuses… Le 21 août, l’une des plus grandes batailles s’engage. Les généraux de l’Etat-major français, le général Joffre en tête, sont sûrs de leurs succès. Mais ses subordonnés sont nettement plus réservés… Ce 21 août Joffre téléphone au ministre de la Guerre Adolphe Messimy : « J’ai fait replier en arrière le 15e corps, qui n’a pas tenu sous le feu et qui a été cause de l’échec de notre offensive. » La légende noire du XVe corps vient de naître.
L’historien, Jean-Yves Le Naour, spécialiste de la Première guerre mondiale, revient sur cette tragédie qui a frappé le XVe corps commandé par le général Espinasse. Il met admirablement en scène les deux soldats, Odde et Tomasini, qui ont vraiment existé et qui vont payer de leur vie cette légende. Ils ont été fusillés pour l’exemple. Le cahier didactique de huit pages à la fin de l’ouvrage détaille leur (juste) réhabilitation. u
La Faute au midi – Jean-Yves Le Naour et A. Dan – Editions Grand Angle – 56 pages – 13,90 euros
Les soldats du midi choisis comme boucs émissaires, ont été les victimes d’un « racisme intérieur » du Nord contre le Sud, accusé d’être paresseux, vivant au crochet de la Nation, tandis que d’autres travaillent durement. Tartarin de Tarascon en est l’archétype.
Avant Tartarin de Tarascon, il y avait eu les envahisseurs que Mistral cite nommément dans l’invocation de Calendal : « Les barons picards, allemands, bourguignons » …