Tout, dans la vie politique française, ramène à la présidentielle. C’est toujours à l’aune de ce « grand soir » que se jaugent les enjeux du moment. Ainsi, chacun sait par quel concours de circonstances François Hollande est parvenu à la fonction suprême. Chacun sait également comment, en deux ans à peine, il a mené le pays au bord de la faillite économique et du chaos social. Regrette-t-il en son for intérieur cette funeste ambition, lui qui est aujourd’hui la risée de tout un pays ? Nul ne le sait et peut-être même pas Valérie Trierweiler, l’ex-compagne qui a pourtant des idées précises sur ses pensées les plus intimes. Toujours est-il que l’actuel chef de l’état donne aujourd’hui le change en tentant de se donner une stature internationale. Le voilà à discuter avec Obama des modalités d’une intervention occidentale en Syrie et en Irak contre « l’État islamique ». Mais il a visiblement décidé d’abandonner la conduite des affaires courantes à son Premier ministre, Manuel Valls.
Les semaines écoulées ont ainsi vu le chef de l’exécutif se battre sur tous les fronts. Ovationné par les patrons du Medef, il est parvenu à faire taire les hués de militants survoltés à l’université d’été du Parti socialiste, à La Rochelle. En pleine affaire Thévenoud – limogé du gouvernement pour irrégularité fiscale –, il a finalement obtenu de l’Assemblée, à une courte majorité, la confiance qu’il lui demandait. à Berlin, il aurait convaincu Angela Merkel – qui n’en reste pas moins sur ses positions – que le gouvernement français allait mener à bien un programme de réformes qualifié « d’impressionnant » par la chancelière allemande. Il court, Valls. Il veut tout contrôler. « L’État, c’est moi », aurait-il confié à son entourage, empruntant la célèbre formule attribuée à Louis XIV face aux parlementaires parisiens qui le défiaient. Et pour cause. On lui prête même l’intention de procéder par ordonnances, au risque de heurter une nouvelle fois son aile gauche qui prise tant les interminables discussions du palais Bourbon. Comme s’il voulait brûler les étapes avant qu’il ne soit trop tard. 2017, c’est demain.
Quoi qu’il fasse, en effet, Manuel Valls est pris entre le marteau d’une situation économique qui pèse de plus en plus lourd – la France est « malade » dit le ministre de l’économie Emmanuel Macron – et l’enclume d’une majorité parlementaire dangereusement rétrécie et durcie. Les prochaines échéances approchent. La présentation du budget – retardée par « la dégradation imprévue de plusieurs indicateurs », selon Les échos – et les élections sénatoriales, sans même parler des cantonales et des régionales de l’année prochaine, annoncent des lendemains difficiles pour le Premier ministre… à supposer qu’il soit toujours là. Soumis au chantage d’une partie de sa majorité en rébellion ouverte et irrémédiablement aspiré vers le bas dans les sondages par François Hollande, la paralysie le guette. Et 2017, c’est demain.
Le président de la République ayant annoncé qu’il ne démissionnerait pas, et puisque les députés de la majorité feront vraisemblablement tout pour éviter une dissolution qui leur serait fatale en cas de retour anticipé devant les électeurs, il ne peut pas ne pas penser au coup joué par Jacques Chirac, en 1976 : démissionner, au prétexte qu’il ne dispose pas des moyens nécessaires pour mener sa politique et assumer pleinement ses fonctions de Premier ministre. En bref, reculer pour mieux sauter. À l’instar d’un certain… Nicolas Sarkozy.
Car, dans notre République où la chose publique est à la merci des ambitieux, 2017, c’est déjà demain. u
*Source : Politique magazine (Numéro d’octobre – Editorial)
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