Chaque mois, Philippe Bilger soumet une personnalité à la question dans un entretien vidéo. Il discute ce mois-ci avec Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la République qui vient de réunir son parti en congrès dimanche 12 octobre à Paris. Malgré son gaullisme, son républicanisme, Dupont-Aignan est sans-doute, de tous les politiques actuels, l’un des rares desquels nous pouvons nous sentir proches. On écoutera cet entretien (45′) avec intérêt, dans cette période où, en effet, la vague du mécontentement et de la rupture monte du peuple français contre l’oligarchie et le Système. u
Philippe Bilger est magistrat honoraire et président de l’Institut de la parole, dont le but est de former professionnels comme particuliers dans tous les domaines de l’expression.
Il s’exprime chaque semaine en toute liberté dans FigaroVox, et partage régulièrement sur son blog ses billets traitant de la justice et de la société. Il publie également chaque mois un entretien d’une heure sur sa chaîne Youtube avec une personnalité du moment : il a par exemple déjà reçu Grégory Coupet, Alain Finkielkraut, Robert Ménard ou Edwy Plenel.
14 commentaires pour “Entretien de Philippe Bilger avec Nicolas Dupont-Aignan : un projet de refondation française”
J’ai bien connu Nicolas Dupont Aignan à l’époque où je présidais l’Agence de la Langue Française créée par Philippe de Saint Robert, Paul Marie Couteaux et Gérard Delaplace et peux témoigner de sa constance. Je l’ai connu férocement républicain et férocement républicain il est resté. Une telle fidélité à ses idées est rare. L’hommage que vous lui rendez est de ce point vue (celui de la constance) tout à fait mérité
Contrairement à ce que LFAR m’annonçait,j’ai été très déçu par Dupont-Aignan.
Je ne chipoterais pas sur tous les points de son discours,surtout que certains m’ont paru bons,tels que la banalisation du Front National et son désir-commun à tous les politiques d’ailleurs- de « rassembler ».
A ce titre,il se réclame de de Gaulle qui a fait tout le contraire en divisant les Français(cf.les épopées subversives de Dakar et de Damas).Lequel de Gaulle-en vue de justifier son action a réalisé un coup d’Etat(GPRF),après avoir créé le CNR,les deux organismes séditieux étant truffés de socialistes,de communistes et de franc-maçons, qui ont été l’armature de la 4ème puis de la 5ème,causes de tous nos soucis actuels !
On disait pourtant de Gaulle catholique et maurrassien !
Cet acharnement de D.A. pour la république est suspect,car,en toute objectivité,il débouche sur l’erreur.
Deuxième erreur aussi patente :son idéologie anti-européenne le conduit à vouloir faire sortir la France de l’euro,au nom de l’indépendance nationale,alors que nous avons accumulé une dette extérieure de plus de 20 milliard d’euros !On pourrait rire d’une telle désinvolture !
Outre le fait qu’on ne fait pas de bonne politique ni de bonne économie par idéologie,au risque d’être écrasé par la réalité des faits (les dévaluations-des uns et des autres- en particulier,comme cela se passait sous la 3ème).Une vrai course à l’abîme,dans laquelle personne ne voudra aider la France-traiteresse à ses engagements !
Non,tout cela tient de la plaisanterie-aussi mauvaise qu’irréfléchie- !
Je sais bien que d’aucuns (ignorant sans doute les mécanismes et les secrets des marchés avaient considéré l’euro comme définitivement mort il y a plus de deux ans ! C’était pour moi- qui l’ai exprimé clairement à l’époque-une double bourde sur les plans économique et politique à la fois-.Ce le serait encore plus aujourd’hui,l’économique n’ayant jamais été le fruit d’extravagances idéologiques.
Personnellement, je préfèrerais qu’il abjurât son républicanisme. Même s’il est honorable de rester fidèle à ses engagements, il est pernicieux de s’obstiner dans l’erreur. On ne peut pas sans aveuglement vouloir la survie de la France sans abolir l’idéologie républicaine. De plus ces expressions de « crispations et « exclusion » sont dépourvues de rigueur.
NDA est un des chevau-légers de l’UMP qui le protège dans son fief. Il appartient au courant souverainiste dont le sillage fut tracé par Pasqua et Séguin (RIP) et qui agrège autour de lui les carrières brisées au plan national. Ce courant est farouchement « républicain » et récite le catéchisme bonapartiste à tous escient, ce qui en soi est bon pour l’ordre mais pas nécessairement pour la vie économique du pays, encore moins pour les principes de gouvernement des hommes que promeut avec talent La faute à Rousseau.
En général, aucun de ces ténors de la France impériale n’a jamais travaillé en entreprise (sauf Pasqua chez Ricard quand le SAC lui laissait du temps) et vit au frais du budget de la fonction publique sur les dogmes révolutionnaires du passé que nous combattons. NDA a un parcours de haut fonctionnaire impeccable et déconnecté des réalités économiques.
Les tabous typiquement républicains pour ne pas dire « conventionnels » dans le cas de Chevènement par exemple, devraient leur barrer la reconnaissance des monarchistes français ; il n’en est rien. Au nom de je ne sais quelle aimantation naturelle, les royalistes les badent, jusqu’à voir un ancien du CERES montagnard présider aux obsèques du rédacteur en chef du journal d’Action française. C’est assez énorme.
NDA n’a pas la férocité de la grue et les grenouilles peuvent le demander pour roi. Il est inoffensif mais fait « gendre », et la royaliste de cinquante ans devant son écran plat se pâme de ravissement, maintenant que Michel Drucker a vieilli.
Le « souverainisme » dont Nicolas Dupont Aignan est un parfait représentant, constitue un élément du paysage politique français. On trouve en effet ses représentants aussi bien à droite qu’à gauche, ce qui ne saurait d’ailleurs étonner tant l’esprit jacobin reste omniprésent dans la classe politique.
Certains souverainistes se réclament du général de Gaulle, d’autres encore de Jules Ferry. Ils ne se déclarent pas nécessairement nationalistes, mais tous approuvent le principe politique fondamental à savoir que l’unité politique et l’unité nationale doivent être congruentes. Tous font également grand cas du principe de souveraineté étatique, qu’ils définissent comme associant étroitement puissance et liberté.
Ardent défenseur de l’esprit « républicain », soucieux de sauvegarder l’idéal de citoyenneté, adversaire de la mondialisation libérale et de l’hégémonisme américain, Nicolas Dupont Aignan n’est pas sans mérites. On n’a pas de mal à sympathiser avec certain de ses plaidoyers contre l’abandon à de fausses fatalités, son refus de voir confisqués les moyens de l’action collective ou son désir d’être le porte-parole d’un peuple qui ne s’appartient plus. Sur bien des plans, il force donc la sympathie.
Et pourtant, il se trompe à notre avis complètement lorsqu’il s’obstine à professer un jacobinisme sans failles et à faire de l’État-nation la norme indépassable de la vie publique.
Il se trompe d’abord d’époque, en surestimant les capacités d’action des gouvernements et des États, auxquels il continue d’attribuer des pouvoirs qui furent les leurs au XIXe siècle mais qu’ils perdent aujourd’hui un peu plus chaque jour, et en sous-estimant la réalité d’une mondialisation qu’il déclare pourtant vouloir combattre.
Mais on constate encore une autre bizarrerie chez NDA. Elle consiste à refuser que les nations dépendent de la « bureaucratie bruxelloise » tout en trouvant parfaitement normal que les régions de France dépendent de la bureaucratie parisienne. Le jacobinisme trouve ici sa plus évidente contradiction. D’un côté, il s’inquiète d’une éventuelle « dissolution » de l’identité française au sein de l’Union européenne. De l’autre, il s’emploie au nom de la « République » à fondre toutes les « exceptions » locales dans le creuset du jacobinisme, défendant ainsi en-deçà des frontières ce qu’ils se flattent de refuser au-delà.
dans souverainiste, il y a souverain
comment peut-on être souverainiste et républicain ?
comment peut-on être gaulliste et républicain ?
« Debout la France » : il était temps de mettre en avant le mot « FRANCE »
Je ne crois pas que ni lafautearousseau ni la plupart d’entre nous ont jamais considéré le républicanisme de NDA comme positif ou qu’il ne soit pas contradictoire avec son patriotisme. Ce fossé qui nous sépare fondamentalement de lui nous sépare d’ailleurs aussi de tous les partis politiques français et de leurs dirigeants, dont aucun ne conteste la République et, plus largement, le Système qui l’entoure.
Cela ne veut pas dire, me semble-t-il, que tous leurs programmes se valent et que, dans l’ordre du court-terme, tout ou partie de tel ou tel programme ne soit pas plus conforme que d’autres à l’intérêt national immédiat.
Mais quand je lis les commentaires ci-dessus, je vois bien qu’en dehors de ce commun noyau dur qu’est notre royalisme – qui n’a vraiment rien à voir avec Michel Drucker, cessons de nous entre-insulter – nous pouvons diverger sur bien des points.
Dans l’ordre du court terme comme vous le dites, nous n’avons rien à faire avec Nicolas Dupont-Aignan qui représente un centième d’epsilon de chances de porter aucun coup décisif.
A quoi servirait un « compromis historique » avec cet ectoplasme politique ? Les grands anciens avaient au moins le mérite de se choisir des conquérants en position.
Ainsi n’y a-t-il, à proprement parler, rien « à faire » avec Nicolas Dupont-Aignan; encore moins à le choisir comme notre « conquérant ». Quelle drôle d’idée !
Maintenant si le débat politique, programmatique, ne vous intéresse pas libre à vous.
Dans l’optique quantitative et tactique qui est uniquement la vôtre, Nicolas Dupont-Aignan, en effet, ne représente rien. Nous non plus, d’ailleurs.
Boutang s’amusait à dire : « nous ne représentions rien, parce que nous n’étions pas en représentation ».
Le débat programmatique est l’occupation des cénacles oisifs. Nous avons des chefs naturels et sans doute sommes-nous les seuls dans ce cas. Les autres mouvements les élisent, les cooptent, sinon acceptent d’un « nihil obstat » tacite le choix des appareils.
Nous, nous avons les princes. Qu’est-il besoin de prêter attention à des freluquets de la République en capilotade ou à des chevaux de retour comme le Ché ?
Que vous disent les princes ?
Votre commentaire n’est tout simplement pas sérieux. Nous avons évidemment à faire entendre notre voix, à débattre, sur les grands problèmes de la France et du monde actuels. Nous ne pouvons y être indifférents ni, comme de gentils petits soldats, attendre que la parole des Princes nous dicte notre politique et nous dispense de réfléchir. Primo ce n’est pas les servir. Secundo, ce n’est pas, au moins depuis plus d’un siècle, la tradition des royalistes français.
Puisque – pour une fois – vous vous êtes référé aux « grands anciens », je vous rappellerai que Maurras, lui-même, n’a pas hésité à débattre par exemple avec Marcel Sembat sur les conditions de la guerre et de la paix, ou avec Paul-Boncour sur la décentralisation. Tous deux étaient d’éminents socialistes. Débattre, affirmer nos positions face à celles des autres, c’est aussi un moyen de nous renforcer, de diffuser nos idées, de grandir.
Nous soutenons sans réserves – selon la formule de Boutang – le principe et le Prince. Pour le reste, nous ne sommes dispensés ni d’action ni de réflexion responsables.
Les Princes doivent d’ailleurs être clairement nommés. Ce sont ceux de la Maison de France, soit, aujourd’hui, le comte de Paris, puis le prince Jean. Ce n’est pas une nébuleuse œcuménique de princes de diverses maisons, si respectables soient-ils.
Enfin, je me permets de pressentir qu’en l’occurrence votre hostilité particulière envers Dupont-Aignan et Chevènement ne provient pas de votre souci de soumission aux Princes, ni de votre opposition – partagée – au Système, mais de ce qu’ils ne sont ni atlantistes, ni européistes, ni ultralibéraux.
Je vous signale, d’ailleurs, qu’en particulier sur ces sujets, les Princes se sont souvent et clairement exprimés. Si ce sont vos chefs naturels, vous devez passer par de sérieux problèmes.
Qui parle de ne plus débattre ? Seulement choisissons mieux les « débateurs » tant en niveau qu’en audience. Connaissez-vous quelqu’un du sérail politique qui ira débattre avec Jean-Marie Baylet ou Nicolas Dupont-Aignan ?
C’est vous qui n’êtes pas sérieux.
Pour ce qui concerne la parole des princes, il est bien évident qu’on ne va pas leur demander à tout bout de champ d’afficher leur pensée, de donner des directives, voire de participer au débat sociétal dont ils ont bien raison de se méfier ; mais on pourrait en attendre par exemple une orientation constitutionnelle précise, la promotion d’un système économique performant fondé sur les réalités et sur les performances obtenues chez des voisins mieux lotis, les voies et moyens d’un réarmement moral, ce que l’on appelle une politique générale.
Désolé de vous dire que nous en sommes très loin. C’était le sens de mon interrogation en fin de commentaire.
Nos princes se drapent dans l’histoire et le patrimoine et marquent une certaine timidité dans le champ politique noble, retenue qui pourrait leur nuire au moment venu.
Quant à mes « sérieux problèmes », outre que je n’en ai pas car votre triple assertion est fausse, je ne suis qu’un insecte au Roycoland et mes idées personnelles n’ont pas d’incidence sur la marche des affaires royalistes.
Ps : ne citez pas Maurras sans préciser qu’il avait du matériau à fournir à son journal, son quotidien, sa chose. Ce qu’il débattait avec des gens d’importance avait une résonance considérable immédiatement. Marcel Proust ne commençait jamais une journée sans avoir lu l’Action française. Cette époque a disparu.
A Patrick Haizet
Je ne discuterai qu’un seul point de vos intéressantes remarques.
En effet, il me semble que s’il est une construction économique décidée et accomplie de façon et pour des raisons purement idéologiques, c’est bien l’Euro. Sinon, aurait-on constitué la zone Euro sans fiscalité, sans système social, sans législation économique et financière préalablement harmonisés ? L’aurait-on composée d’économies aussi disparates que celles qu’on a voulu associer ? L’on est effrayé si l’on considère la liste des Etats membres : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Grèce, Slovénie, Chypre, Malte, Slovaquie, Estonie, Lettonie – à quoi s’ajoutera encore la Lituanie à partir du 1er janvier 2015.
Croyez-vous vraiment qu’un tel attelage tout à fait improbable a été décidé pour des raisons de pure logique économique et monétaire ?
Le simple bon-sens me semble au contraire avoir été -pour cette construction – oublié purement et simplement au bénéfice de l’idéologie. Une idéologie utopique.
Que cette monnaie artificielle puisse résister longtemps à la pression des réalités me semble – au contraire de vous – pour le moins improbable.
@Luc
On pourrait considérer aussi que le franc français, s’il était jadis la monnaie de l’Ile-de-France, de la Normandie, de la Franche-Comté, de l’Alsace et des Savoies, était aussi la devise de la Creuse, de la Corrèze, de l’Aude et de la Lozère, département endettés à mort pour offrir à des populations non imposables le minimum d’équipements basiques.
Sans faire un fil de discussions spécial sur l’euro, il faut considérer que l’intention d’origine agrégeait des économies comparables mais que les politicards en mal de bains de foule ont dévié de la trajectoire pour se servir de cette intégration comme monnaie d’échange dans d’autres domaines.
Et puis la Grèce découvrit sa nudité, son modèle social à guichets ouverts, son absence d’Etat…, situation extravagante connue depuis le Second Empire mais qu’on s’était forcé d’oublier !
J’ai bien connu Nicolas Dupont Aignan à l’époque où je présidais l’Agence de la Langue Française créée par Philippe de Saint Robert, Paul Marie Couteaux et Gérard Delaplace et peux témoigner de sa constance. Je l’ai connu férocement républicain et férocement républicain il est resté. Une telle fidélité à ses idées est rare. L’hommage que vous lui rendez est de ce point vue (celui de la constance) tout à fait mérité
Contrairement à ce que LFAR m’annonçait,j’ai été très déçu par Dupont-Aignan.
Je ne chipoterais pas sur tous les points de son discours,surtout que certains m’ont paru bons,tels que la banalisation du Front National et son désir-commun à tous les politiques d’ailleurs- de « rassembler ».
A ce titre,il se réclame de de Gaulle qui a fait tout le contraire en divisant les Français(cf.les épopées subversives de Dakar et de Damas).Lequel de Gaulle-en vue de justifier son action a réalisé un coup d’Etat(GPRF),après avoir créé le CNR,les deux organismes séditieux étant truffés de socialistes,de communistes et de franc-maçons, qui ont été l’armature de la 4ème puis de la 5ème,causes de tous nos soucis actuels !
On disait pourtant de Gaulle catholique et maurrassien !
Cet acharnement de D.A. pour la république est suspect,car,en toute objectivité,il débouche sur l’erreur.
Deuxième erreur aussi patente :son idéologie anti-européenne le conduit à vouloir faire sortir la France de l’euro,au nom de l’indépendance nationale,alors que nous avons accumulé une dette extérieure de plus de 20 milliard d’euros !On pourrait rire d’une telle désinvolture !
Outre le fait qu’on ne fait pas de bonne politique ni de bonne économie par idéologie,au risque d’être écrasé par la réalité des faits (les dévaluations-des uns et des autres- en particulier,comme cela se passait sous la 3ème).Une vrai course à l’abîme,dans laquelle personne ne voudra aider la France-traiteresse à ses engagements !
Non,tout cela tient de la plaisanterie-aussi mauvaise qu’irréfléchie- !
Je sais bien que d’aucuns (ignorant sans doute les mécanismes et les secrets des marchés avaient considéré l’euro comme définitivement mort il y a plus de deux ans ! C’était pour moi- qui l’ai exprimé clairement à l’époque-une double bourde sur les plans économique et politique à la fois-.Ce le serait encore plus aujourd’hui,l’économique n’ayant jamais été le fruit d’extravagances idéologiques.
Personnellement, je préfèrerais qu’il abjurât son républicanisme. Même s’il est honorable de rester fidèle à ses engagements, il est pernicieux de s’obstiner dans l’erreur. On ne peut pas sans aveuglement vouloir la survie de la France sans abolir l’idéologie républicaine. De plus ces expressions de « crispations et « exclusion » sont dépourvues de rigueur.
NDA est un des chevau-légers de l’UMP qui le protège dans son fief. Il appartient au courant souverainiste dont le sillage fut tracé par Pasqua et Séguin (RIP) et qui agrège autour de lui les carrières brisées au plan national. Ce courant est farouchement « républicain » et récite le catéchisme bonapartiste à tous escient, ce qui en soi est bon pour l’ordre mais pas nécessairement pour la vie économique du pays, encore moins pour les principes de gouvernement des hommes que promeut avec talent La faute à Rousseau.
En général, aucun de ces ténors de la France impériale n’a jamais travaillé en entreprise (sauf Pasqua chez Ricard quand le SAC lui laissait du temps) et vit au frais du budget de la fonction publique sur les dogmes révolutionnaires du passé que nous combattons. NDA a un parcours de haut fonctionnaire impeccable et déconnecté des réalités économiques.
Les tabous typiquement républicains pour ne pas dire « conventionnels » dans le cas de Chevènement par exemple, devraient leur barrer la reconnaissance des monarchistes français ; il n’en est rien. Au nom de je ne sais quelle aimantation naturelle, les royalistes les badent, jusqu’à voir un ancien du CERES montagnard présider aux obsèques du rédacteur en chef du journal d’Action française. C’est assez énorme.
NDA n’a pas la férocité de la grue et les grenouilles peuvent le demander pour roi. Il est inoffensif mais fait « gendre », et la royaliste de cinquante ans devant son écran plat se pâme de ravissement, maintenant que Michel Drucker a vieilli.
Le « souverainisme » dont Nicolas Dupont Aignan est un parfait représentant, constitue un élément du paysage politique français. On trouve en effet ses représentants aussi bien à droite qu’à gauche, ce qui ne saurait d’ailleurs étonner tant l’esprit jacobin reste omniprésent dans la classe politique.
Certains souverainistes se réclament du général de Gaulle, d’autres encore de Jules Ferry. Ils ne se déclarent pas nécessairement nationalistes, mais tous approuvent le principe politique fondamental à savoir que l’unité politique et l’unité nationale doivent être congruentes. Tous font également grand cas du principe de souveraineté étatique, qu’ils définissent comme associant étroitement puissance et liberté.
Ardent défenseur de l’esprit « républicain », soucieux de sauvegarder l’idéal de citoyenneté, adversaire de la mondialisation libérale et de l’hégémonisme américain, Nicolas Dupont Aignan n’est pas sans mérites. On n’a pas de mal à sympathiser avec certain de ses plaidoyers contre l’abandon à de fausses fatalités, son refus de voir confisqués les moyens de l’action collective ou son désir d’être le porte-parole d’un peuple qui ne s’appartient plus. Sur bien des plans, il force donc la sympathie.
Et pourtant, il se trompe à notre avis complètement lorsqu’il s’obstine à professer un jacobinisme sans failles et à faire de l’État-nation la norme indépassable de la vie publique.
Il se trompe d’abord d’époque, en surestimant les capacités d’action des gouvernements et des États, auxquels il continue d’attribuer des pouvoirs qui furent les leurs au XIXe siècle mais qu’ils perdent aujourd’hui un peu plus chaque jour, et en sous-estimant la réalité d’une mondialisation qu’il déclare pourtant vouloir combattre.
Mais on constate encore une autre bizarrerie chez NDA. Elle consiste à refuser que les nations dépendent de la « bureaucratie bruxelloise » tout en trouvant parfaitement normal que les régions de France dépendent de la bureaucratie parisienne. Le jacobinisme trouve ici sa plus évidente contradiction. D’un côté, il s’inquiète d’une éventuelle « dissolution » de l’identité française au sein de l’Union européenne. De l’autre, il s’emploie au nom de la « République » à fondre toutes les « exceptions » locales dans le creuset du jacobinisme, défendant ainsi en-deçà des frontières ce qu’ils se flattent de refuser au-delà.
dans souverainiste, il y a souverain
comment peut-on être souverainiste et républicain ?
comment peut-on être gaulliste et républicain ?
« Debout la France » : il était temps de mettre en avant le mot « FRANCE »
Je ne crois pas que ni lafautearousseau ni la plupart d’entre nous ont jamais considéré le républicanisme de NDA comme positif ou qu’il ne soit pas contradictoire avec son patriotisme. Ce fossé qui nous sépare fondamentalement de lui nous sépare d’ailleurs aussi de tous les partis politiques français et de leurs dirigeants, dont aucun ne conteste la République et, plus largement, le Système qui l’entoure.
Cela ne veut pas dire, me semble-t-il, que tous leurs programmes se valent et que, dans l’ordre du court-terme, tout ou partie de tel ou tel programme ne soit pas plus conforme que d’autres à l’intérêt national immédiat.
Mais quand je lis les commentaires ci-dessus, je vois bien qu’en dehors de ce commun noyau dur qu’est notre royalisme – qui n’a vraiment rien à voir avec Michel Drucker, cessons de nous entre-insulter – nous pouvons diverger sur bien des points.
Dans l’ordre du court terme comme vous le dites, nous n’avons rien à faire avec Nicolas Dupont-Aignan qui représente un centième d’epsilon de chances de porter aucun coup décisif.
A quoi servirait un « compromis historique » avec cet ectoplasme politique ? Les grands anciens avaient au moins le mérite de se choisir des conquérants en position.
Ainsi n’y a-t-il, à proprement parler, rien « à faire » avec Nicolas Dupont-Aignan; encore moins à le choisir comme notre « conquérant ». Quelle drôle d’idée !
Maintenant si le débat politique, programmatique, ne vous intéresse pas libre à vous.
Dans l’optique quantitative et tactique qui est uniquement la vôtre, Nicolas Dupont-Aignan, en effet, ne représente rien. Nous non plus, d’ailleurs.
Boutang s’amusait à dire : « nous ne représentions rien, parce que nous n’étions pas en représentation ».
Le débat programmatique est l’occupation des cénacles oisifs. Nous avons des chefs naturels et sans doute sommes-nous les seuls dans ce cas. Les autres mouvements les élisent, les cooptent, sinon acceptent d’un « nihil obstat » tacite le choix des appareils.
Nous, nous avons les princes. Qu’est-il besoin de prêter attention à des freluquets de la République en capilotade ou à des chevaux de retour comme le Ché ?
Que vous disent les princes ?
Votre commentaire n’est tout simplement pas sérieux. Nous avons évidemment à faire entendre notre voix, à débattre, sur les grands problèmes de la France et du monde actuels. Nous ne pouvons y être indifférents ni, comme de gentils petits soldats, attendre que la parole des Princes nous dicte notre politique et nous dispense de réfléchir. Primo ce n’est pas les servir. Secundo, ce n’est pas, au moins depuis plus d’un siècle, la tradition des royalistes français.
Puisque – pour une fois – vous vous êtes référé aux « grands anciens », je vous rappellerai que Maurras, lui-même, n’a pas hésité à débattre par exemple avec Marcel Sembat sur les conditions de la guerre et de la paix, ou avec Paul-Boncour sur la décentralisation. Tous deux étaient d’éminents socialistes. Débattre, affirmer nos positions face à celles des autres, c’est aussi un moyen de nous renforcer, de diffuser nos idées, de grandir.
Nous soutenons sans réserves – selon la formule de Boutang – le principe et le Prince. Pour le reste, nous ne sommes dispensés ni d’action ni de réflexion responsables.
Les Princes doivent d’ailleurs être clairement nommés. Ce sont ceux de la Maison de France, soit, aujourd’hui, le comte de Paris, puis le prince Jean. Ce n’est pas une nébuleuse œcuménique de princes de diverses maisons, si respectables soient-ils.
Enfin, je me permets de pressentir qu’en l’occurrence votre hostilité particulière envers Dupont-Aignan et Chevènement ne provient pas de votre souci de soumission aux Princes, ni de votre opposition – partagée – au Système, mais de ce qu’ils ne sont ni atlantistes, ni européistes, ni ultralibéraux.
Je vous signale, d’ailleurs, qu’en particulier sur ces sujets, les Princes se sont souvent et clairement exprimés. Si ce sont vos chefs naturels, vous devez passer par de sérieux problèmes.
Qui parle de ne plus débattre ? Seulement choisissons mieux les « débateurs » tant en niveau qu’en audience. Connaissez-vous quelqu’un du sérail politique qui ira débattre avec Jean-Marie Baylet ou Nicolas Dupont-Aignan ?
C’est vous qui n’êtes pas sérieux.
Pour ce qui concerne la parole des princes, il est bien évident qu’on ne va pas leur demander à tout bout de champ d’afficher leur pensée, de donner des directives, voire de participer au débat sociétal dont ils ont bien raison de se méfier ; mais on pourrait en attendre par exemple une orientation constitutionnelle précise, la promotion d’un système économique performant fondé sur les réalités et sur les performances obtenues chez des voisins mieux lotis, les voies et moyens d’un réarmement moral, ce que l’on appelle une politique générale.
Désolé de vous dire que nous en sommes très loin. C’était le sens de mon interrogation en fin de commentaire.
Nos princes se drapent dans l’histoire et le patrimoine et marquent une certaine timidité dans le champ politique noble, retenue qui pourrait leur nuire au moment venu.
Quant à mes « sérieux problèmes », outre que je n’en ai pas car votre triple assertion est fausse, je ne suis qu’un insecte au Roycoland et mes idées personnelles n’ont pas d’incidence sur la marche des affaires royalistes.
Ps : ne citez pas Maurras sans préciser qu’il avait du matériau à fournir à son journal, son quotidien, sa chose. Ce qu’il débattait avec des gens d’importance avait une résonance considérable immédiatement. Marcel Proust ne commençait jamais une journée sans avoir lu l’Action française. Cette époque a disparu.
A Patrick Haizet
Je ne discuterai qu’un seul point de vos intéressantes remarques.
En effet, il me semble que s’il est une construction économique décidée et accomplie de façon et pour des raisons purement idéologiques, c’est bien l’Euro. Sinon, aurait-on constitué la zone Euro sans fiscalité, sans système social, sans législation économique et financière préalablement harmonisés ? L’aurait-on composée d’économies aussi disparates que celles qu’on a voulu associer ? L’on est effrayé si l’on considère la liste des Etats membres : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Grèce, Slovénie, Chypre, Malte, Slovaquie, Estonie, Lettonie – à quoi s’ajoutera encore la Lituanie à partir du 1er janvier 2015.
Croyez-vous vraiment qu’un tel attelage tout à fait improbable a été décidé pour des raisons de pure logique économique et monétaire ?
Le simple bon-sens me semble au contraire avoir été -pour cette construction – oublié purement et simplement au bénéfice de l’idéologie. Une idéologie utopique.
Que cette monnaie artificielle puisse résister longtemps à la pression des réalités me semble – au contraire de vous – pour le moins improbable.
@Luc
On pourrait considérer aussi que le franc français, s’il était jadis la monnaie de l’Ile-de-France, de la Normandie, de la Franche-Comté, de l’Alsace et des Savoies, était aussi la devise de la Creuse, de la Corrèze, de l’Aude et de la Lozère, département endettés à mort pour offrir à des populations non imposables le minimum d’équipements basiques.
Sans faire un fil de discussions spécial sur l’euro, il faut considérer que l’intention d’origine agrégeait des économies comparables mais que les politicards en mal de bains de foule ont dévié de la trajectoire pour se servir de cette intégration comme monnaie d’échange dans d’autres domaines.
Et puis la Grèce découvrit sa nudité, son modèle social à guichets ouverts, son absence d’Etat…, situation extravagante connue depuis le Second Empire mais qu’on s’était forcé d’oublier !