« La crise de l’enseignement n’est pas une crise de l’enseignement; il n’y a pas de crise de l’enseignement; il n’y a jamais eu de crise de l’enseignement; les crises de l’enseignement ne sont pas des crises de l’enseignement; elles sont des crises de vie; elles dénoncent, elles représentent des crises de vie et sont des crises de vie elles-mêmes elles sont des crises de vie partielles, éminentes, qui annoncent et accusent des crises de la vie générales; ou, si l’on veut, les crises de vie générales, les crises de vie sociales, s’aggravent, se ramassent, culminent, en crises de l’enseignement qui semblent particulières ou partielles, mais qui, en réalité, sont totales, parce qu’elles représentent le tout de la vie sociale. C’est en effet à l’enseignement que les épreuves éternelles attendent, pour ainsi dire, les changeantes humanités; le reste d’une société peut passer, truqué, maquillé; l’enseignement ne passe point… Quand une société ne peut pas enseigner, ce n’est point qu’elle manque accidentellement d’un appareil ou d’une industrie quand la société ne peut pas enseigner, c’est que cette société ne peut pas s’enseigner; c’est qu’elle a honte, c’est qu’elle a peur de s’enseigner elle-même; pour toute humanité, enseigner, au fond, c’est s’enseigner; une société qui n’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas; qui ne s’estime pas; et tel est précisément le cas de la société moderne ». ♦
Charles Péguy
Pour la rentrée (1904), Œuvres en prose complètes, I, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de La Pléiade, pp. 1390-1392.
Cincinnatus sur Une initiative papale qui, curieusement, arrive…
“Nous ne sommes pas capables en France d’une révolution de velours, nous sommes incapables de faire…”