Oui, la France s’est aveuglée sur la nature du conflit en Syrie. En fermant précipitamment son ambassade, elle s’est privée d’un formidable outil de renseignement. Non, la « révolution » syrienne n’a jamais été uniquement composée de parfaits démocrates. C’est faire fi des profondes divisions de l’opposition et des persécutions contre les chrétiens dans les zones libérées. Oui, l’Occident, et la France avec lui, s’est trompé. On est même ébahi d’un tel défaut de clairvoyance qui a conduit à faire de la Syrie un sanctuaire du djihad mondial. Quant à notre pays, il a abandonné à la Russie son rôle historique au Moyen-Orient, et notamment celui de protecteur des chrétiens d’Orient. Par l’indigence de sa politique, la France de Sarkozy et de Hollande a laissé passer l’occasion de regagner une influence dans cette partie du monde qui devrait lui être chère. Comment s’est-on refusé à voir que nos alliés sunnites sont les mêmes qui financent les groupes terroristes que nous combattons par ailleurs ? Pourquoi la plupart des médias internationaux se sont-ils contentés de reprendre les informations délivrées par Al Jazeera, la chaine du Qatar ? Dans un petit essai percutant et rondement mené, Frédéric Pichon, spécialiste de la Syrie et des minorités, revient sur le malentendu géopolitique le plus tragique de ces dernières années. Le personnel politique et les journalistes de notre pays n’en sortent pas grandis. Indispensable pour qui veut avoir une vision claire des événements. ♦
Syrie, pourquoi l’Occident s’est trompé, de Frédéric Pichon, 132 p., 13,50 euros.
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