Nous avons décidé de reprendre quelques textes fondateurs de Lafautearousseau. Celui-ci, rédigé par François Davin, remonte au 28 février 2007, sous la présidence Chirac. Ce fut la première note du blog. Une note qui a été, depuis, maintes fois reprise, sur divers sites et blogs royalistes. C’est sur ces idées simples que nous avons créé Lafautearousseau, il y a presque huit ans. Nous n’avons, hélas, rien à y changer, après la présidence Sarkozy et sous celle, calamiteuse, de François Hollande. La France poursuit sa descente aux Enfers. Et lorsque Eric Zemmour publie son « Suicide français », la France entière sent bien qu’il parle vrai. Nous n’avons donc vraiment aucune raison de renoncer à penser et à dire que la France doit changer, non de majorité, mais de régime. Et que le régime qui lui conviendrait le mieux serait une monarchie – une monarchie royale. Est-ce une gageure ? Sans-doute. Mais la véritable gageure ne serait-ce pas, aujourd’hui, de vouloir la survie de la France et le maintien du régime actuel ? ♦ Lafautearousseau
Comment en sommes-nous arrivés là ? La République a pris une France en bon état, elle nous laisse une France au plus mal…. Nous étions le pays le plus peuplé d’Europe sous Louis XV et Louis XVI, nous avons été rattrapés puis dépassés par les autres, notre vitalité démographique a été brisée par les saignées effroyables directement liées à la Révolution et à la République : 800.000 morts (Révolution); 1.500.000 morts (guerres napoléoniennes); 500.000 habitants perdus en 1815 à cause des 100 jours, dernier mauvais coup porté à la France par l’orgueil de Napoléon; I.5OO.000 morts en 14-18 et 600.000 en 39-45; total : 4.900.000 français « évaporés », disparus, sortis de l’Histoire par les conséquences directes ou indirectes de l’irruption des idées révolutionnaires et des politiques aberrantes des différentes républiques. Quel pays pourrait-il supporter de tels traumatismes à répétition ? La France y a perdu une part importante de sa substance, au sens fort du terme …
Et que dire du rayonnement de la France, de l’attrait universel que sa culture, ses Arts, sa civilisation exerçaient sur l’Europe entière, et bien au delà : tout le monde nous enviait et nous imitait sous Louis XV et Louis XVI: le Roi de Prusse commandait ses armées en français; Mozart commençait ses lettres à son père par « Mon cher père »; les écrivains russes parsemaient leurs ouvrages de mots français, et parfois de phrases entières; on construisait Washington (symbole d’un pays nouveau) en s’inspirant ouvertement du classicisme architectural français; presque tous les dirigeants européens se sont fait construire leur petit Versailles; dans tous les domaines, c’était la France qui donnait le ton, c’était vers Paris que convergeaient tous les regards: la France royale avait su amener la société à son plus haut degré de raffinement, et nous connaissions alors ce qu’était « la douceur de vivre »… : la France en est-elle toujours là aujourd’hui ? Séduit-elle toujours autant ? Tient-elle la même place, ou d’autres que nous donnent-ils le ton…?
Comment ne pas être frappé par la dégradation effarante du moral des Français, de leur « mental » ? Nous étions optimistes sous Louis XV et Louis XVI, car avec nos 29 millions d’habitants nous étions le mastodonte démographique de l’Europe, dont nous étions également, et de très loin, le pays le plus étendu: cette double sécurité nous rendait foncièrement optimistes, et c’est de cette époque que date ce dicton selon lequel « en France, tout finit par des chansons » : aujourd’hui nous sommes un peuple frileux, qui doute, et qui est le champion d’Europe incontesté de la consommation d’anti-dépresseurs; et que dire de notre situation économique et de notre richesse: entre le quart et le tiers de notre patrimoine artistique a été détruit par la Révolution; notre pays ne cesse de reculer au classement mondial des performances, cependant que l’appauvrissement et la précarité ne cessent de s’étendre parmi nos concitoyens; la violence et l’insécurité (dans tous les domaines) ont littéralement explosé et sont devenus des réalités tristement quotidiennes; la classe politique est très largement discréditée – même si un grand nombre d’élus ne méritent pas de reproches particuliers – et l’opinion publique se détache de plus en plus de la « chose publique », n’ayant plus d’espoir en l’avenir et se laissant aller à un pessimisme nouveau dans notre Histoire…
Comment se fait-il donc, qu’en partant du pays le plus riche et le plus puissant d’Europe on en soit arrivé à un résultat aussi catastrophique et aussi désolant ? Puisqu’on a appliqué à ce pays la plus merveilleuse des constructions intellectuelles qui soient, puisqu’on l’a régi en fonction des meilleurs principes qui aient jamais été inventés, en toute logique ce pays n’a pu que passer du stade de super puissance qui était le sien à celui de super puissance démultiplié ! Nous devons donc nager dans le bonheur… sinon : cherchez l’erreur ! Il est vrai qu’avec le conformisme que fait régner la république idéologique, un conformisme qui n’a jamais été aussi fort chez nous et qui confine à l’étouffement de la pensée, nos concitoyens ont du souci à se faire : dire que nous vivons sous le règne du politiquement correct, de la police de la pensée, du conformatage de l’opinion ne relève même plus du constat mais de la banalité… Qu’on se souvienne de la grande liberté de ton, de parole, d’action dont nous jouissions sous Louis XV et Louis XVI, et une seule question vient à l’esprit : tout ça, pour ca ? Avec, si rien n’est fait, l’effacement continu, la disparition progressive de la France, sa sortie prochaine de l’histoire, du moins en tant que grande puissance, voire puissance tout court… ♦
Il n’y a comme le dit l’introduction rien à changer à cet excellent texte de François Davin.
Mais huit ans après il y aurait peut-être quelque chose à ajouter en se posant la question de savoir si la « descente aux enfers » de la République n’est pas irrémédiable puisque ses « valeurs fortes » (et elle en a eu, bonnes ou mauvaises) sont devenues l’apanage du Front National.
La République avait parfaitement digéré et apprivoisé l’opposition droite/gauche, figure de style emblématique du pays légal.
Saura-t-elle gérer et réduire les fractures du temps présent ? Peut-être pas.
MC
« L’opposition droite/gauche » n’a toujours été qu’un écran de fumée pour faire croire aux Français que le système républicain était un système démocratique, pour faire croire aux Français que la monarchie ne pouvait pas être démocratique ! Non seulement, la monarchie a maintes fois donné la parole aux Français et, la dernière en date fut la rédaction des cahiers de doléances en 1789. Après le mois de mai, les Français devront attendre 1848 pour les hommes et 1944 pour les femmes, afin de pouvoir s’exprimer, et encore ! « La question de fond », puisque c’est de cela qu’il s’agit surtout, ce n’est pas le constat, c’est-à-dire, l’état de déliquescence actuelle de la France, car il était prévisible après la ponction révolutionnaire et napoléonienne, en revanche, ce qui paraît fondamental, c’est la cause. Pourquoi, en effet, c’est la France et non pas un autre pays d’Europe, qui ait fait les frais de ses forces subversives, toujours à l’oeuvre aujourd’hui ? En 1980, lors de sa première visite en France en tant que pape, Jean-Paul II nous apportait un élément de réponse. « France, fille aînée de l’Eglise, qu’as tu fais de ton baptême ? » L’acharnement idéologique sur « la fille aînée de l’Eglise » ne relève donc pas du hasard mais découle d’une haine d’origine satanique contre le Christ et l’Eglise, incarnée par la France jusqu’à l’épisode des « Lumières » et de la révolution, poursuivit par « la révolution avortée de 68 », comme le dit très bien Eric Zemmour dans son livre « Le suicide français ».
Il est difficile d’admettre que l’Ancien régime a secrété la Révolution française et pourtant !
Des ministres de qualité proposèrent les réformes indispensables, et sans en faire une trop longue liste, on pourrait commencer par la « flat tax » de Vauban qui était un excellent projet de réforme fiscale. La Cour et les affairistes détruisirent dans l’oeuf toutes les tentatives, laissant monter la marmite en pression. Les ajustements à la marge, tous de bonne justice certes, ne pouvaient suffire. Les défis étaient hors de portée du pouvoir en place.
Nous sommes revenus presque au même point.
Les réformes « indispensables » sont impossibles contre le front des coteries et des intérêts corporatistes. La pression monte donc, malgré des réformettes qui contournent l’essentiel.
Pour l’avenir de ce pays, on peut souhaiter que ça pète une bonne fois ; pour le salut de chacun d’entre nous, je ne sais pas vraiment.
C’est une excellent politique d’aller «fouiner» dans les si riches archives de LFAR, à mon avis trop peu sollicitées.
À la disparition du grand Jean – François Mattei, notre ami dont l’érudition et la profondeur de la réflexion nous manquent tellement, il avait été évoqué de rassembler toutes ses interventions, écrits, conférences filmées et hommages dans un seul dossier sur le site. Si c’est toujours d’actualité, ce sera bienvenu malgré le gros travail que l’opération demande.
Le régime de la cinquième république a vécu. C’est la même évolution que la période des rois dans l’Ancien Testament. Nous avons eu nous aussi nos rois DAvid et Salomon en la personne de Charles de Gaulle et Georges Pompidou. Depuis, la médiocrité règne parfois avec talent sous Giscard et Mitterrand ce qui donnait l’illusion d’une France forte.
La monarchie en tirant les leçons du passé peut être bien mieux qu’une alternative faute de mieux. Que celle-ci s’appuie sans réserve sur les valeurs chrétiennes et la route de la prospérité est à nouveau ouverte. Sous l’Ancien Régime, la franc-maçonnerie était bien en vogue à la Cour de Louis XVI puisque des proches de Marie Antoinette dont madame de Lamballe était initiés. Les agissements troubles des frères de Louis XVI n’avaient rien à envier aux comportements des politiciens d’aujourd’hui. La monarchie de 1789 est tombée non de coups extérieurs mais bien de ses contradictions intérieures. Les révolutionnaires n’ont fait que donner le coup de grâce et encore n’étaient-ils qu’une poignée d’hommes déterminés à en découdre.