L’Information signale que beaucoup d’Allemands se sont fait naturaliser américains et ainsi vivent en France à l’abri de la conscription et du séquestre.
On découvre enfin la loi Delbnrück – dont Léon Daudet avait cent fois imprimé le texte avant la guerre – qui conserve la nationalité allemande aux sujets allemands qui se sont fait naturaliser à l’étranger. Mais des naturalisés de cette farine-là, il peut y en avoir jusqu’à l’état-major général. Ce qui est certain, c’est que le général Joffre se plaint des fuites qu’il constate depuis le commencement de la guerre. S’il y a des fuites jusque dans l’entourage du généralissime !…
Aujourd’hui fête du roi des Belges. On parle plus que jamais d’une combinaison qui mettrait Albert 1er sur le trône de France : comme si l’Angleterre, qui est partie en guerre pour que le port d’Anvers ne devînt pas allemand, permettrait une réunion de la Belgique à la France. Il est probable que le parti républicain, très habilement, aiguille le sentiment national et le sentiment réactionnaire vers une combinaison radicalement impossible. ♦
* Nous nous apercevons aujourd’hui que les hommes de métier, les hommes « de caste » ont été les seuls qui aient retenu les leçons de 1870. Reprenant une parole de Napoléon après Leipzig, von der Goltz, après la bataille de la Marne, se serait écrié : « Ces animaux-là ont appris quelque chose depuis Sedan ! » Sans la « caste » militaire, qui eût eu de la mémoire ? Qui eût appris ? Qui eût retenu ? Onze millions d’électeurs occupés à l’exercice de leur profession, contraints de gagner sur la glèbe ou dans l’atelier leur pain quotidien ? Huit cent rois parlementaires soumis au caprice de l’élection ?
Quarante ans de notre histoire donnent la réponse…
Il est impossible que 1914 ne soit pas mieux compris et qu’il porte le même contre-sens funeste que 1870. Il est impossible que les mêmes erreurs recommencent, fassent couler de nouveaux flots de sang et causent de nouvelles ruines sur la terre de France. L’esprit public, distrait en 1870, sauf en quelques hautes pensées, se trouve aujourd’hui averti et éveillé précisément sur les points vifs de ce débat séculaire. Il est impossible que, cette fois, la réaction n’ait pas raison de la révolution. Ou bien alors, la vraie leçon de la guerre, faite pour enchanter les sceptiques et pour autoriser le jugement des pires réactionnaires, ceux qui sont pessimistes à fond, ce serait que rien ne sert à rien et que la guerre elle-même ne porte pas de leçon. ♦
* Tome I du Journal de Jacques Bainville (1901/1918)
VERDU sur Éloquence : Tanguy à la tribune,…
“Il est bon !!”