Robert Wieckiewicz, un Lech Walesa très humain. © PRODUCTION
Passionnant. Avec “l’Homme du peuple”, Andrzej Wajda clôt la trilogie consacrée à la résistance du peuple polonais au communisme par un magnifique hommage au “tombeur” de ce dernier, Lech Walesa.
L’Homme du peuple d’Andrzej Wajda
Électricien aux chantiers navals de Gdansk, Lech Walesa (Robert Wieckiewicz) s’éveille à l’activisme lors des grèves de 1970. Soutenu avec angoisse par sa femme Danuta (Agnieszka Grochowska), il ne va cesser dès lors de connaître arrestations et licenciements. Unanimement reconnu pour son courage et ses dons d’orateur, il s’impose comme leader lors de la grève des chantiers Lénine de l’été 1980, puis comme chef de file du premier syndicat indépendant, Solidarnosc…
En 1977, avec l’Homme de marbre, Andrzej Wajda se penchait sur les prémices de la révolte ouvrière en Pologne, puis en 1981, avec l’Homme de fer, brossait à chaud un tableau de la naissance de Solidarnosc. Dans ce deuxième film, Lech Walesa jouait son propre rôle, à travers des images d’archives mais aussi dans des scènes de fiction, comme celle où on le voyait servir de témoin au mariage des héros.
Aujourd’hui, pour cet hommage que Wajda a voulu rendre au tombeur du communisme, c’est à travers le même mélange de réalisme documentaire et de fiction que le cinéaste ressuscite cet itinéraire étonnant qui a conduit un petit électricien à défier un régime qui semblait inébranlable, à recevoir le prix Nobel de la paix puis à être reçu aux Nations unies comme héraut du monde libre. Si tout est passionnant dans ce récit, c’est dans le portrait du Walesa intime que Wajda touche et surprend le plus. Décrites avec infiniment de vivacité et de justesse, les scènes entre Lech et Danuta, toujours écartelée entre l’admiration pour le combat de son mari et la peur de le perdre, montrent peut-être plus encore que les scènes plus militantes le courage de ce père de famille nombreuse qui aurait eu tant de raisons de préférer la prudence. Superbement incarné par Robert Wieckiewicz, bien épaulé par Agnieszka Grochowska, Walesa y gagne une humanité touchante qui, malgré l’admiration manifeste et sans bornes que lui voue indubitablement Wajda, le fait échapper à la figure de saint de vitrail. ♦
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