« Mustapha » de Girodet (1819) © Copyright : DR
Grâce à Péroncel-Hugoz, nous avons chaque jour des nouvelles du Maroc, car.il nous fait adresser le quotidien en ligne marocain indépendant le 360.ma où il tient une chronique renouvelée chaque jeudi soir. Le 360.ma, rappelons-le, est le premier media francophone du Maroc toutes catégories confondues, audiovisuel non compris. Péroncel-Hugoz s’intéresse, ici, aux médiocres relations franco-marocaines, mais aussi et surtout, de nouveau, aux peintres orientalistes français et aux expositions en cours. Ses commentaires nous confirment que l’Histoire, la culture et l’art unissent bien plus aisément et profondément les peuples et les nations que l’économique ou le politique … Lafautearousseau ♦
Probablement suite aux intrigues, pour le moment réussies, de l’influent «clan algérien» au sein du Parti socialiste et de l’Etat français, les relations franco-marocaines n’ont cessé de se détériorer depuis début 2014. Ce climat plus que maussade perdure, malgré le geste significatif du Palais de déléguer la sœur aînée du Roi pour inaugurer, avec le président Hollande, les manifestations artistiques sur le «Maroc contemporain» à l’Institut du monde arabe, tandis que le «Maroc médiéval» est illustré au Louvre et que «le Roi Juba II» a été précédemment honoré au MUCEM de Marseille*.
Ni ces évènements d’envergure internationale ni les médiocres relations actuelles entre Paris et Rabat ne nous permettent cependant d’ignorer une petite expo organisée en ce moment dans l’atelier même du peintre Eugène Delacroix* en plein Saint-Germain-des-Prés, non pas autour des toiles du maître orientaliste (1798-1863) mais des objets locaux rapportés de Chérifie par l’artiste et dont il se servit pour recréer en peinture des décors qu’il n’avait pu souvent voir que fugacement, durant un séjour de cinq mois, de janvier à juin 1832, entre Tanger et Meknès.
Donc limitée, mais captivante, est cette expo d’une centaine d’objets que Delacroix eut sous les yeux et utilisa durant le reste de sa vie, après le séjour marocain: armes en tous genres, boîtes à poudre, bois enluminés, broderies, harnachements de montures et surtout ces plats fassis dont les irisations se retrouvent dans plusieurs œuvres de Delacroix. C’est un peu l’envers du décor mais un envers dispensateur, lui aussi, de couleurs et formes relevant également de l’Art ou tout au moins d’un Artisanat artistique, d’ailleurs toujours vivant dans le Maroc actuel grâce aux commandes du Palais, des mosquées et d’institutions étatiques (on pense par exemple à l’Institut royal amazigh et au nouveau musée d’Art contemporain, tous deux à Rabat).
Profitons de cette chronique pour rectifier une erreur bien des fois commise, sans doute de bonne foi, ici ou en Europe, et qui fait de Delacroix le «père de l’orientalisme». Non, il fut un immense créateur mais pas le «père» de cette école! On sait maintenant à coup sûr que la première toile orientaliste est due à un aîné de Delacroix que celui-ci, d’ailleurs, admirait: Anne-Louis Girodet-Trioson, dit Girodet (1767-1824). Son portrait de « Mustapha de Sousse» (1819), un Turco-arabe de la Régence de Tunis, superbement enturbanné et barbu, se trouve depuis 1988 au modeste musée de Montargis, la très jolie petite ville natale de Girodet, à 100 kilomètres au sud de Paris. C’est «la Venise du Gâtinais», avec ses 130 ponts, d’où venait également la famille du plus fameux des pieds-noirs marocains, Michel Jobert, et elle vaut donc doublement la visite avec son portrait de « Mustapha*** », pionnier de l’orientalisme pictural. ♦
* Voir notre chronique du 16 juillet 2014 sur le 360.ma
** Atelier Delacroix, « Souvenirs du Maroc », jusqu’au 2 février 2015, 6 rue de Furstenberg, 75006- Paris. Tel : 00.33.(0).1.44.41.86.50 / www.musee-delacroix.fr/
*** Musée Girodet, Montargis. Tel : 00.33 (0).2.38.98.07.81/ www.musee-girodet.fr/
Et encore moi ! Votre citation du site marocain est incorrecte. il faut chercher le titre exact sous : http://www.le360.ma/fr/