M. Cameron, à propos de l’immigration, vient tout bonnement de préciser que si « nous [la Grande-Bretagne] ne parvenons pas à modifier de manière plus avantageuse les termes de notre relation avec l’U.E., alors bien sûr je [M. Cameron] n’exclurai rien ». M. Juncker, président de la Commission européenne, reconnaît, lui, et finalement justifie, le dumping fiscal du Luxembourg dont il était le Premier ministre. Ces deux exemples, tout récents, rappellent une fois de plus que, dans l’Europe des vingt-huit, seules pèsent vraiment les prévalences nationales. Serait-ce trop demander que cette réalité soit prise en compte ? Depuis plus d’un demi-siècle, prenant leur désir pour la réalité, les européistes ont parlé de l’Europe comme d’une construction qui allait de soi et qui ne demandait qu’à être achevée. Aujourd’hui, il existe sans doute une « Union européenne » mais on est loin de ce que devrait être une véritable Europe.
Ainsi, pour doper les économies des pays de l’Union, alors même que la déflation menace, la Commission européenne propose un plan d’investissement de trois-cent-quinze milliards d’euros. L’ « effet de levier » escompté repose sur une sorte de montage « une astuce », « un mécanisme d’ingénierie financière » (M. Vaudano, Le Monde) : la B.E.I. met cinq milliards, les budgets européens 2014-2020 seize, ce qui fait vingt-et-un. Sur cette base, soixante-trois milliards (soit trois fois plus) sont prêtés à des investisseurs dont on espère qu’ils s’engageront à hauteur des fameux trois-cent-vingt-cinq (c’est-à-dire cinq fois plus). M. Jourdain en fût resté pantois.
Cette relance volontariste, assortie pour l’essentiel d’un engagement franco-allemand à mener les réformes et entreprises jugées indispensables, suscite au mieux un enthousiasme mesuré (M. Guetta, sur France Inter : « la seule existence de ce plan consacre la nécessité d’investir dans la relance – une absolue nécessité »), au pis le mépris (M. Heyer, économiste français : « trois fois rien, c’est toujours rien »). On peut bien sûr espérer que ce plan produise au moins une partie des effets escomptés. On peut surtout craindre qu’il ne soit qu’un pétard mouillé. Car, outre que la manoeuvre n’est pas sans présenter risques et inconvénients que la presse spécialisée se plaît à énumérer, va inévitablement se poser le problème du choix des projets et donc la question politique.
Seront privilégiés les projets dits « stratégiques », c’est-à-dire les plus rapides, les plus rentables, les plus coopératifs. Belle foire d’empoigne en perspective. Chaque pays cherchera, et c’est bien naturel, à profiter au mieux des éventuels effets positifs de l’opération. Retour donc à la case départ, celle des égoïsmes nationaux, au demeurant fort légitimes. Malgré sa baguette magique, la Commission européenne n’est qu’une « commission » : une « alliance » d’abord politique entre les quelques pays très proches d’Europe occidentale constituerait sans doute une belle et solide avancée. •
Je crois bien que LJD a raison : le plan d’investissement Junker, c’est une baguette magique, une astuce, un tour de passe-passe, style fakir … L’UE ne met rien au pot, ou presque rien, les Etats non plus, le tout étalé sur 5 ou 6 ans. Effet minable garanti. Tout repose sur les investisseuts privés, je pense. Et pour eux, gare à l’emprunt russe ! C’est sur pour moi, mème si LJD ne le dit pas : cette Europe-là est morte !