Voici une chose que l’on dit beaucoup : les Allemands sont très nombreux, très bien organisés. Il ne faut pas songer à les battre par l’effet de belles opérations militaires, ni à les envahir à la suite d’une bataille heureuse. Exemple : ce qui se passe sur le front russe. En Pologne, les Russes battent les Allemands. Dès que la victoire porte les Russes au voisinage de la frontière allemande, Hindenburg, se servant des merveilleux réseaux de chemins de fer stratégiques de l’Empire, concentre plusieurs centaines de mille hommes sur un point, enfonce l’ennemi, le fait reculer de soixante kilomètres et tout est à recommencer. (C’est ainsi que Hindenburg vient de réoccuper Lodz). Il s’ensuit qu’il s’agit de détruire et de tuer beaucoup d’Allemands, deux millions à peu près, en suite de quoi seulement l’Allemagne pourra être battue. C’est la tactique de « l’usure » à laquelle le généralissime Joffre semble s’être arrêté.
En somme, il s’agit d’affaiblir les Allemands en détail sur les deux fronts. Ce sera long. On s’en rend compte de plus en plus clairement. Et l’insuccès des Russes en Pologne montre combien la décision se fera attendre. Personne ne parle plus des Cosaques à Berlin pour la Noël… •
Henri sur Journal de l’année 14 de Jacques…
“D’abord nous remercions chaleureusement le Prince Jean de ses vœux pour notre pays et de répondre…”