Valérie Trierweiler, Éric Zemmour, tels sont les deux plus fortes diffusions de cet automne et non sans raison. Entre les deux un abîme où gît le vrai mal français.
« Ire de femme est à douter.
Moult chacun s’en doit garder,
Car tant plus aimé elle aura,
Tant plus elle se vengera… »
Ces vers du vieux conte tragique et chevaleresque de Tristan et Yseult pourrait illustrer pareillement le drame affreusement bourgeois de François Hollande et de Valérie Trierweiler, à cette différence près qu’il n’y a aucune grandeur héroïque dans les personnages de la sinistre comédie à laquelle la France et maintenant le monde entier ont été priés d’assister et où les voilà pris à témoins dans une querelle de faux ménage.
Un livre révélateur
La version anglaise des confessions de Valérie fait se gausser les Britanniques. Ce sera bientôt le tour des Italiens, des Chinois et des Russes. La planète ondule d’une vaste rigolade ! « Ainsi me reconstruis-je, moi, Valérie », a signifié hautement l’héroïne. En attendant, l’image de notre président est à jamais détruite.
Il n’était sans doute pas assez grotesque tel qu’il apparaissait dans son ordinaire ; le voilà mis à nu aux yeux de l’univers. Entre Strauss-Khan et lui, la France est bien servie.
Le livre de la Trierweiler vaut la peine d’être lu, non pas en lui-même qui n’est qu’un tas de misérables anecdotes d’une atroce banalité qu’essaye de magnifier un lyrisme à la Bovary, mais par cela même qu’il révèle des deux protagonistes : dans le miroir de leur histoire se reflètent fidèlement tous les traits les plus exacts de la débilité morale, spirituelle et politique de cette génération politicienne et médiatique qui prétend nous guider, alors qu’elle est incapable de se guider elle-même. Platitude et nullité : d’un côté comme de l’autre, des « moi, je », en anaphore indéfiniment redondante, chargés d’entamer la moindre affirmation et qui cherchent à pallier sans doute la vacuité de leur personnalité ; une phraséologie de bonne conscience humanitaire qui dissimule mal le plus hypocrite des égoïsmes et le plus insensé des orgueils ; des fadaises enrobées de sentimentalisme niaiseux qui couvrent un néant de pensée. Imaginez que le président envoie des sms amoureux du dernier cucul pendant le conseil des ministres – ça, c’est du vrai ! –, conseil où, d’ailleurs, on se demande qui n’a pas couché avec qui ! Voilà le niveau. Mais il est partout pareil dans notre classe politique. Même cynisme, même immoralité profonde, même mépris des gens avec des affectations de gentillesse, même ambition de carrière, même superbe implacable sous les dehors d’un grand combat humanitaire, républicain, comme ils disent. Tel est notre État aujourd’hui entre les mains des professionnels de la politique républicaine.
Des « zigotos » institutionnalisés
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce mal endémique n’est dû essentiellement qu’à nos institutions. Elles ne sont point faites pour la France. Le pays n’est point représenté dans sa réalité ; c’est devenu une évidence : nos institutions ne sont pas représentatives malgré leur nom. Et le pays ne peut plus être, dans le cadre actuel, que mal gouverné : c’est une autre évidence mais qui ne fait que commencer à s’imposer et qui éclatera malheureusement dans une catastrophe.
Aujourd’hui, telle que nos institutions la façonnent et la déforment, la France est littéralement ingouvernable. Quels que soient les cas de figures des futures échéances électorales, en dépit des discours les plus martiaux, il n’y a pas de solution à la crise institutionnelle qui ne fait que débuter et qui double maintenant, en la faisant redoubler du même coup, la crise économique, financière et sociale. Le meilleur parviendrait-il au pouvoir, il ne pourrait strictement rien faire. Sauf, d’abord, à changer les institutions. Elles sont perverses, perverties et pervertisseuses. Elles ne fonctionnent que pour une bande de « professionnels » de la politique, dans le mauvais sens du terme, qui s’imaginent tous avoir des destinées historiques : c’est parfaitement ridicule. Aucun d’entre eux n’est à la hauteur des enjeux, c’est trop évident, et, le voudraient-ils, de toutes façons le carcan des institutions les empêcherait d’agir.
Car le quinquennat pour la France, vieille nation historique, est, en lui-même, un carcan qui interdit à la personne désignée de parvenir au statut de chef de l’État. La manière même pour lui d’obtenir le pouvoir est un redoutable inconvénient qui pèse, dès le départ, sur ses épaules déjà fragilisées par la conquête préliminaire de son propre camp. Ce qu’on appelle stupidement la dynamique électorale est en fait une usure d’énergie perdue dans des discussions inutiles, de multiples et frivoles disputes de personnalités. La pratique que la France subit s’est chargée de corroborer cette analyse qu’il était aisé, pourtant, d’anticiper. La preuve en est désormais administrée et amplement. Voyez-les déjà, à mi-mandat de François Hollande, tous s’échiner à se mettre en position comme si la France n’avait plus de chef, et de fait. Au centre, à droite, à gauche, le parti d’abord, la primaire ensuite ou en même temps, on ne sait plus, tout recommencer, changer même les appellations ! Ajoutez-y la croyance invraisemblable de chacun dans sa propre réussite sans même savoir si les moyens seront là au rendez-vous de sa prétendue victoire, tant tous ont pris l’habitude de considérer l’État comme une « chose » qui sera à leur service, la « res » qu’ils osent appeler « publica », alors qu’ils ne veulent que se l’approprier, ce qu’ils font fort bien, tous, quels qu’ils soient.
Le quinquennat, réforme stupide, fausse tout : il exacerbe le régime partisan qui est le tout de la vie politique française et dénature la représentation dans son ensemble. Il n’est pas un esprit averti qui ne le sache, mais personne n’a l’audace d’envisager la vraie réforme constitutionnelle qui rendrait l’indépendance à l’État asservi et la paix à la société déchirée. Ce qu’on appelle les lois sociétales ne sont que des inventions de partis, d’idéologues en conventicules et de manieurs d’opinions ; les lois de finances des leurres pour tromper le peuple ; les réformes d’invraisemblables salmigondis , toutes mal conçues, mal rédigées, à proprement parler illisibles et qui réussissent à passer, parce qu’en réalité, au grand soulagement de ceux qui les promeuvent, personne ne s’y intéresse vraiment, sauf ceux qui en sont les pauvres victimes.
L’incapacité de nos politiques aboutit ainsi à l’anéantissement du droit français dont ils « se foutent » complètement et qu’ils abandonnent aux Anglo-saxons, à la destruction des professions françaises et même les plus vénérables livrées en pâture à la meute journalistique, à l’effroyable incohérence d’un droit social qui n’a plus ni queue ni tête à force d’être chamboulé, au lieu d’être ramené à l’essentiel, à une réforme territoriale bâclée qui ne règle aucun problème de compétences et qui bafoue les plus belles réalités historiques dont se moque éperdument cette bande de zigotos qui ne connaissent que le catéchisme de leur découpage électoral. Lequel d’entre eux est capable de s’intéresser à l’histoire, la vraie, celle de nos pays et de nos provinces ? Telle est, résumée en quelques mots, l’activité législative de ces dernières semaines. Allez consulter le Journal Officiel !
Il y a eu des hommes pour accomplir cette œuvre de démolition. éric Zemmour – et c’est son immense mérite – les a admirablement dénoncés dans son Suicide français ; et c’est pourquoi il est l’objet de la vindicte de la classe politico-médiatique, la plus intolérante qui se puisse concevoir dans sa prétendue tolérance. C’est là qu’apparaît le caractère monstrueux du système qui nous opprime. Il appartient à la France de s’en affranchir. Après tout, franc veut dire libre. •
En achetant pour 20 Eur le témoignage de MmeTrierweiler, on ne s’attend pas à lire Mme de Sévigné ou George Sand.
On l’achète pour en savoir plus sur le personnage qui a fait la carrière politique que l’on sait et qu’un système devenu fou a propulsé au plus haute niveau de l’Etat. Je partage l’opinion d’Hilaire De Crémiers, ces trois cents pages ont un grand intérêt. Celui du regard d’une journaliste de Paris Match, qui connaît autant son métier que n’importe quel scribouillard de Marianne, du NouvelObs ou du Figaro, ou des radios ou des télés du Système. On se délecte quand elle découvre lors du premier voyage vers Washington, de monsieur le Président, la consternante médiocrité du personnel politique qui entoure son ami de cœur (p. 232) … Ce sont eux qui dirigent notre pauvre pays. Les tentatives de déglinguer ce témoignage, par des hurlements de faux ingénus, de puritains d’opéra, se comprennent bien à la lecture du bouquin. Et comment cette caste d’usurpateurs se goinfre avec l’argent public. Si, si un livre à lire.
Tout le reste du billet d’Hilaire De Crémiers, est une référence à conserver sur le drame de la France.
N.B. : à titre personnel je n’ai aucune opinion sur ce que ressent une femme trompée … Encore moins dans ces cercles où la notion d’alliance sacrée n’existe pas.
De quelle manière la France peut-elle s’affranchir de ces « zigotos du système » ? La manière douce, on l’a vu avec « la manif pour tous » n’a pas abouti, alors ? Il reste la manière forte, la seule qu’ils peuvent comprendre. Mais où cela peut-il nous entraîner ? Dans une guerre civile, qui, au fond, a commencé il y a bien souvent et ne s’est jamais réellement achevée. Reste aussi la prière, mais sans l’action, sera-t-elle aussi suffisante ? Peut-être.
« Génération politicienne médiatique ». Nos aristocrates de la républiques du haut de leur débilité arrogante ne s’intéressent même plus aux militants de leurs partis; pour quelle raison s’intéresseraient ils au bas peuple. Avec l’Europe, ils n’ont plus de pouvoir, mais il leur reste l’outil qui leur permet de s’enrichir à nos dépends. La démocratie, la vraie, n’est pas républicaine bien qu’ ils ne cessent de vouloir nous en persuader. La royauté qui verra le jour devra être une souveraineté parlementaire, dont la source puisera les doléances au fond de nos provinces. Comme nous acceptons d’être dirigé par des débiles, nous cachons notre débilité derrière un orgueil dit Gaulois.
Le vrai « mal »-français ou pas-,c’est de mentir !