« On peut s’imaginer cependant, mon fils, quels effets produisaient dans le royaume les marchés vides de toutes sortes de grains,
Elle eût été sans comparaison plus grande, mon fils, si je me fusse contenté de m’en affliger inutilement, ou si je me fusse reposé des remèdes qu’on y pouvait apporter, sur les magistrats ordinaires qui ne se rencontrent que trop souvent faibles et malhabiles, ou peu zélés, ou même corrompus. J’entrai moi-même en une connaissance très particulière et très exacte du besoin des peuples et de l’état des choses. J’obligeai les provinces les plus abondantes à secourir les autres, les particuliers à ouvrir leurs magasins, et à exposer leurs denrées à un prix équitable. J’envoyai en diligence mes ordres de tous côtés, pour faire venir par mer, de Dantzig et des autres pays étrangers, le plus de blés qu’il me fut possible; je les fis acheter dc rnon épargne; j’en distribuai gratuitement la plus grande partie au petit peuple des meilleures villes, comme Paris, Rouen, Tours et autres; je fis vendre le reste à ceux qui en pouvaient acheter; mais j’y mis un prix très modique, et dont le profit, s’il y en avait, était employé aussitôt au soulagement des pauvres, qui tiraient des plus riches, par ce rnoyen, un secours volontaire, naturel et insensible. A la campagne, où les distributions de blés n’auraient pu se faire si promptement, je les fis en argent, dont chacun tâchait ensuite de soulager sa nécessité. Je parus enfin à tous mes sujets comme un véritable père de famille qui fait la provision de sa maison, et partage avec équité les aliments à ses enfants et à ses domestiques.
Je n’ai jamais trouvé de dépense mieux employée que celle-là…
Que si Dieu me fait la grâce d’exécuter tout ce que j’ai dans l’esprit, je tâcherai de porter la félicité de mon règne jusqu’à faire en sorte, non pas à la vérité qu’il n’y ait plus ni pauvre ni riche, car la fortune, l’industrie et I‘esprit laisseront éternellement cette distinction entre les hommes, mais au moins qu’on ne voie plus dans tout le royaume ni indigence, ni mendicité, je veux dire personne, quelque misérable qu’elle puisse être, qui ne soit assurée de sa subsistance, ou par son travail ou par un secours ordinaire et réglé… » •
LOUIS XIV
Mémoires pour l’instruction du Dauphin
Oui mais ça, c’était d’un Grand Roy, ne pas comparer avec
le gros nul qui dirige la France actuellement ni avec l’agité du
bocal qui l’a dirigé avant lui, les autres également.
Louis XIV se souciait de son peuple, contrairement à ce que la gueuse veut bien faire apprendre aux écoliers, mais ça, c’était avant.
Ces Mémoires sont une merveille tant pour la sagesse et la lucidité qu’elles témoignent que pour le style et la langue. Cette langue française n’a jamais autant étincelé qu’au siècle du Grand Roi. Quelle hauteur des grandes cimes par rapport à la bassesse de caniveau du Tartarin de Tulle qui nous gouverne si pitoyablement. On pleure des larmes de sang quand on compare cette époque et la nôtre. Même si Louis XIV a commis de graves erreurs qu’il a eu l’honnêteté de reconnaître dans ses Mémoires.
Louis XIV, contrairement à d’autres, a tenu sa promesse car le royaume de France n’a jamais plus souffert de disettes depuis son règne.
Merci pour cet excellent extrait .
Louis XIV n’a pu empêcher les famines de la fin de son règne dues en partie aux grands froids et elles ont perdurées ponctuellement étant une des causes de la révolution avec l’enrichissement abusif de certains .( La fameuse « guerre des farines » est le titre d’un des bon romans de Parrot) mais il a en effet beaucoup contribué à augmenter les moyens de communication entre les provinces pour la circulation des vivres.
Louis XIV a en plus aménagé et reconstruit en partie l’Hôpital de la Pitié Salpétrière pour y mettre tous les indigents , les sans logis et des enfants abandonnés ainsi que les fous Qui encombraient les rues de la capitale. Cet hôpital a servi d’abri de refuge et de prison jusqu’à la révolution qui en a fait un lieu de débauche et renvoyé tout le monde dehors sous prétexte de liberté.
Ne pas oublier non plus l’oeuvre de Saint Vincent de Paul et les premières dames de la Charité. Ce mouvement fait partie aussi du siècle de Louis XIV.
Si la véritable cause de la révolution n’avait été que d’un point de vue économique, il n’y aurait jamais eu de révolution. Celle-ci s’est placée dès le départ sous l’angle idéologique des « Lumières ».
Epidavros a raison. C’est une manie de voir surtout des causes économiques aux phénomènes historiques. C’est vrai qu’ici Louis XIV évoque surtout le bien-être matériel des Français. Mais de ce seul point de vue, la Révolution aurait pu se produire cent fois auparavant. En vérité, elle est née d’une conjonction inédite de circonstances et de causes plus profondes, où l’idéologie des Lumières est principale.
@ Cédric
Ce n’est pas une manie les causes économiques sont primordiales dans une révolution c’est êvident , donc j’ai écrit en bon français que c’était une « des » causes , et si on lit correctement , c’est bien entendu loin d’être la seule .
Il est donc faux de dire que Louis XIV malgrê toute sa bonne volontê avait « résolu le problème.
Ce qui a resolu le problème c’est la possibilité des transports d’une région non sinistrée vers une autre défavorisée .
Les causes économiques, la France en a traversé de multiples sans pour autant tomber dans une révolution, parce que, si c’était le cas, depuis 2008, il serait temps de réagir !