Péroncel-Hugoz a lu « Un espoir, des espoirs » (Lattès, Paris, 2014), petit essai de 50 pages mais où, nous avertit l’éditeur, chaque mot porte. Cependant il est sorti mi-figue mi-raisin de cette lecture…
Le fameux amuseur doux-amer Mohand Fellag, né en Grande-Kabylie en 1950, ancien directeur d’un théâtre en Petite-Kabylie, a fui son périlleux et inconfortable pays natal, d’abord pour un abri protecteur en Tunisie puis pour un autre, plus douillet encore en France, en 1995, où il a conquis une autochtone gauloise…
Apprécié à travers une partie du monde francophone grâce à ses saynètes crues ou grimaçantes, qui lui ont valu d’ailleurs le prix de l’Humour noir, il vient maintenant de publier un livre dans cet Hexagone où on n’existe vraiment, depuis Molière, Voltaire ou Victor Hugo, que quand on est un « auteur » imprimé noir sur blanc dans un volume…
J’avoue que comme « Français de souche » (oui, ça existe et nous avons même été gentiment surnommés « souchiens » par une certaine Houria Bouteldja, née en Algérie en 1973, démonstrative militante antisioniste et antimariage-homo, mais n’ayant jamais au grand jamais un mot aimable pour son pays d’accueil), je n’ai que très modérément apprécié que Fellag vienne nous donner, en scène, des « leçons de couscous ». En effet ce plat nord-africain est devenu le favori des « souchiens », à égalité avec le steack-frites-salade traditionnel, après que pieds-noirs et harkis l’ont introduit à grande échelle à travers toute la France dés la fin de la décennie 1960, un quart de siècle donc avant que Fellag ne vienne profiter de la caisse de résonnance parisienne… Ce sont d’ailleurs des pieds-noirs d’Algérie qui ont imposé la tomate dans la « marqa » (sauce) du couscous, ce légume girond rapporté des Amériques par les Hispano-portugais ayant d’abord paru suspect, avec ses airs de viande saignante, aux cuisinières maghrébines…
Devons-nous en revanche apprécier la comparaison que fait Fellag entre l’impotent président Bouteflika et le plus habile prestidigitateur américain du XIXe siècle, Houdini, lui-même imitateur de son aîné français Houdin (surnommé le « marabout chrétien » en Algérie) ? Franchement « Boutef » fait plutôt l’effet aujourd’hui d’une momie échappée du Musée pharaonique cairote en fauteuil roulant…
Préférons à cette comparaison politico-médicale peu adéquate les regrets que Fellag émet en mémoire des deux seuls présidents algériens ayant bonne presse : Ferhat Abbas, mis à l’écart par les siens et surnommé « le Français » car, au départ, il n’était pas favorable à l’indépendance des trois départements français d’Algérie; Mohamed Boudiaf, condamné à mort en 1964 par le dictateur Ben Bella puis assassiné en 1992 par un militaire dans son pays natal dont il était devenu l’éphémère président, et surnommé « le Marocain » par ses détracteurs algériens à cause de son exil de 28 ans dans le Royaume chérifien et, surtout, de sa volonté d’extirper l’Algérie gouvernementale du guêpier saharien, où elle s’est fourrée depuis 1975 , par pure vanité…
Nous avons également assez aimé les piques de Fellag, dans son livre, contre les deux communautarismes sémitiques rivaux en France. Et tout autant l’invite lancée à la jeunesse, par le comédien kabyle à lire plus « pour s’imprégner de la littérature mondiale », de l’Américain Hemingway à l’Africain Kourouma.
Penseur politique, dramaturge, gastronome: Si Mohand, est-ce que vous n’en faites pas quand même un peu trop ?… •
Par Péroncel-Hugoz – Le 360ma
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