Lafautearousseau a déjà rendu compte de la parution de cet important ouvrage. Il se trouve qu’Hilaire de Crémiers en donne ici une analyse qui doit être lue et publiée.
Apocalypse du progrès, tel est le titre du dernier essai de Pierre de La Coste. Puissant, remarquable, dans la veine de ses précédents essais. Il poursuit sa quête intellectuelle sur ce qui justifie cette idée de progrès que l’époque contemporaine a doté d’une majuscule comme une divinité. Pierre de La Coste, en une synthèse aussi forte que nourrie, passe en revue non seulement l’idée mais aussi le fait qui se trouve sous l’idée, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours ; il montre comment l’idée prit son essor, essentiellement dans la révélation chrétienne, pour se stabiliser sur une double courbe de la grâce et de la volonté en permanente tension dans l’Occident chrétien depuis saint Augustin et Pélage, plus exactement entre l’augustinisme et le pélagianisme, double courbe qui rebondit avec la Renaissance et le calvinisme, et qui, par la suite, bifurque dans la modernité à travers les philosophies des Lumières, de l’histoire à la Hegel, de l’accomplissement de l’Humanité jusqu’à sa divinisation dans l’Absolu des théories, pour s’effondrer dans l’horreur, le doute, le matérialisme le plus plat, le plus technologique, le plus financier, le plus commercial, le progressisme religieux lui-même s’essoufflant à courir derrière cette chimère qui s’achève en effroi.
Apocalypse au sens de « révélation » en ses débuts, cette apocalypse du progrès se termine aujourd’hui sur des visions catastrophiques dans l’autre acception du terme. L’idée chrétienne est devenue folle, selon le mot de Chesterton. Pierre de La Coste connaît tout son monde philosophique, religieux, politique, nous promenant d’Héraclite à Auguste Comte, de saint Augustin au cardinal de Lubac, de Platon à Maurras… Étourdissant de culture vraie et, au fond, merveilleux de sagesse : car si l’homme est fait pour le salut à venir, il ne lui appartient pas d’en déterminer la course, sagesse païenne, sagesse chrétienne, sagesse vraiment catholique. •
Hilaire de Crémiers
Apocalypse du progrès, de Pierre de La Coste, préface de Frédéric Rouvillois, Libres perspectives, 22 euros.
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“Qu’on me pardonne de compléter ce beau morceau de culture et d’éloquence en reprenant mon commentaire…”