En republiant aujourd’hui l’entretien de Jean Raspail avec Pierre Builly et François Davin, paru dans Je Suis Français en février-mars 1978, nous ne pouvons pas manquer d’évoquer ce qu’a été ce mensuel. D’autant qu’entre l’équipe qui le réalisait, qui a organisé aussi pendant quelques 36 ans les rassemblements royalistes de Montmajour et des Baux de Provence et celle qui a aujourd’hui la responsabilité – et la charge ! – de Lafautearousseau, il y a pour partie continuité. Il se trouve que le site Action Française Provence a mis en ligne (le 16 janvier 2015) un historique bien conçu de ce que fut Je Suis Français. A quelques modifications de détail près, c’est cet historique, accompagné d’une vidéo, que nous publions ici.
Au lieu de l’inscription « Je suis Charlie », certains auraient préféré « Je suis Français », à l’instar du chanteur M. Pokora qui a déclaré dans « Le Parisien » :
« Je n’ai pas mis « Je suis Charlie » sur Twitter mais « l’union fait la force » accompagné d’un carré noir. Pour moi, c’est même plutôt « Je suis français » parce que c’est mon pays qui est touché à travers ces victimes, citoyens français symboles de liberté ; […] c’est triste qu’il faille attendre un événement comme celui-là ou une victoire en Coupe du monde pour qu’on se dise tous : « On est français » et qu’on défende nos valeurs ».
Telle est exactement notre position. Dès le 8 janvier !
Mais certains militants d’Action Française se souviennent aussi que ces trois mots ont servi de titre à un mensuel royaliste à l’époque de la présidence de Valéry Giscard d’Estaing et du premier mandat de François Mitterrand.
Alors que l’AF, à la suite de la scission de la NAF, était divisée, quatre unions royalistes du Sud de la France regroupèrent leurs publications (« Action-Sud », « Aspects du nationalisme », « L’Ordre Provençal » et « L’Union Nationale du Midi ») pour fonder un journal commun à vocation nationale appelé « Je Suis Français ».
Le numéro 0 parut en mai 1977. La présentation se modifia en mai 1979. (Photos).
L’Action Française s’était alors réunifiée et « Aspects de la France » (devenu ensuite « Action Française 2000 ») était le journal autour duquel il fallait se rassembler.
La rédaction de « JSF » était située à Marseille, au siège de l’Union Royaliste Provençale. Ses rédacteurs en chef étaient Gérard POL et Jean-Louis HUEBER. Paul LEONETTI s’occupait de la maquette.
L’éditorial du dernier numéro fit le bilan de l’entreprise :
« Nous pensons avoir accompli, pendant près de 10 ans, un travail utile et de qualité, reconnu de tous. La permanence de Je Suis Français a d’abord été possible grâce aux efforts constants d’un petit groupe de militants d’un remarquable dévouement à l’Action Française. Mais sa rectitude de pensée est provenue aussi d’une parfaite fidélité aux idées maurrassiennes hors desquelles aucune réflexion politique globale n’est menée en France par quiconque. Quant à la qualité parfois exceptionnelle de Je Suis Français, on la doit à quelques-uns de ses collaborateurs les plus réguliers et les plus fidèles :
– Christian PERROUX et Pierre DEBRAY tout d’abord, le premier nous ayant apporté, jusqu’à sa mort trop tôt survenue, le bénéfice de son immense culture et de son talent, le second n’ayant cessé, jusqu’à cet ultime numéro, de prolonger pour nous ses études et sa réflexion politique entamées il y a plus de trente ans dans « Aspects de la France » et dont tant d’entre-nous se sont nourris.
– Mais au-delà de ces deux collaborateurs exceptionnels, les éditoriaux de Jacques DAVIN, les réflexions de Jean-Charles MASSON, les critiques de livres de Pierre LAMBOT, les points de vues nationalistes de François DAVIN, les articles de politique religieuse de Yves CHIRON et François LEFRANC, les chroniques régionalistes de Dominique POGGIOLO ou de politique intérieure de Franck LESTEVEN composaient un ensemble dynamique et cohérent.
– S’y sont ajoutés longtemps, grâce à Pierre LAMBOT et François DAVIN, d’éblouissants « dialogues » avec une pléiade de personnalités romanciers, historiens, journalistes – dont les réflexions venaient enrichir les nôtres voire les contester permettant ainsi une discussion toujours digne d’intérêt : il faudra bien un jour en publier le recueil. »
On peut ajouter, en plus des rédacteurs cités, les contributions (plus ou moins fréquentes) de Pierre BECAT, Jacques DAUPHIN, Pierre de MEUSE, Louis-Joseph DELANGLADE, Daniel ESCLEINE, Daniel LAROUMAN, Philippe LE GRAND, Jean NAZEL, Robert OBERDORFF, Béatrice SABRAN, Philippe SCHNEIDER, François SCHWERER, Gustave THIBON, Gérard WETZEL, et d’autres encore.
Plusieurs sont décédés mais tous les autres, sous leur véritable identité ou sous pseudonyme, continuent à travailler pour la France et le Roi.
De plus, « JSF » publiait chaque été les textes des principaux discours prononcés lors des rassemblements royalistes des Baux de Provence.
Le diaporama ci-dessous présente une sélection de couvertures de « Je Suis Français ». On pourra remarquer que certaines sont toujours d’actualité.
Et, ce qui est bien actuel, c’est que nous devons toujours dire et proclamer « JE SUIS FRANÇAIS ». •
« Je suis Français », ne pas l’oublier (16 janvier 2015)
Pour ma part je verrais mieux « je suis partout ». Question de goût
Ce n’est pas notre cas. Tout simplement.
J’ai trouvé cet entretien fort intéressant. Et le « commentaire » (?) de lcdsm tout à fait inutile, déplacé, et de mauvais goût…
casser l’af
monter sa petite af à soi
puis rejoindre l’af
et puis recommencer et casser l’af en 1999
aujourd’hui tentatives de rapprochement avec l’af
qui entretemps s’est degaullisée
pas de quoi pavoiser
Non, Patrick, on ne peut reprocher à « Je suis français » d’avoir cassé l’AF. D’abord parce qu’elle était déjà cassée depuis 1970, avec la scission de la NAF. Cette scission avait d’ailleurs été le fait de ceux à qui la direction de la rue Croix des petits champs faisaient le plus confiance. Il y avait donc une série de fautes politiques sur laquelle les dirigeants n’entendirent pas réfléchir. Après la mort de Juhel, P.Pujo imposa au journal une ligne sclérosée. Je rappelle par exemple que Pujo s’est jusqu’au bout fourvoyé dans une ligne immigrationniste et s’est compromis dans des organisations républicaines. Un peu de diversité ne nuit pas, et n’empêche pas la coopération efficace, au delà des sectarismes de chapelle, heureusement en recul.
On ne peut pas le reprocher non plus à Lafautearousseau qui me paraît se situer « au delà des sectarismes de chapelle ». Sectarismes « heureusement en recul », comme, à juste titre, le note Antiquus. D’ailleurs, l’historique de Je Suis Français que Lafautearousseau a publié a été rédigé et mis en ligne par le site Action Française Provence, expression régionale du CRAF ! L’on a plutôt affaire dans ce cas à ce qu’Antiquus appelle une « coopération efficace » !