A droite : caricature du député Henri Alexandre Wallon, célèbre pour avoir été à l’origine de l’amendement instaurant le mot « république ».
Franck Ferrand réagit à l’adoption d’un amendement de la loi Macron qui prévoit le remplacement de certaines fêtes catholiques dans les DOM. Il rappelle les précédentes lois qui, dans l’histoire, ont été votées en catimini: la mort de Louis XVI et l’instauration de la République.
Franck Ferrand est historien, écrivain et journaliste. Toutes les semaines il tient une chronique sur FigaroVox.
Il y a quelques jours -le samedi 13 février- dans un hémicycle déserté, a été voté un simple amendement à la loi Macron, déposé par la Socialiste réunionnaise Ericka Bareigts, et permettant aux départements d’Outre-mer de remplacer cinq jours fériés de tradition catholique par d’autres, afin de tenir compte «des spécificités culturelles, religieuses et historiques» locales. Évidemment, au-delà d’un certain nombre de cas folkloriques, le débat cristallise autour de l’introduction de fêtes musulmanes, comme l’Aïd el-Kebir, dans le calendrier de la République. Les auteurs de cette réforme ont beau vouloir en minimiser la portée, c’est évidemment une brèche que certains tenteront d’élargir…
Sans entrer ici dans un débat qui promet d’être aussi vif que stérile -puisqu’il intervient a posteriori- j’aimerais revenir sur le mode extrêmement discret – quasi-accidentel – de cette adoption législative. Et rappeler que ce n’est pas la première fois, en France, qu’une décision importante est prise en catimini.
N’oublions pas que c’est de manière similaire qu’a été voté le fameux amendement Wallon, instituant pour de bon la République. Nous sommes le 30 janvier 1875; quatre ans et demi plus tôt, dans le tumulte de l’après-Sedan, a été proclamée la République, sur les décombres du Second Empire. Mais l’assemblée élue en février 1871 est nettement conservatrice, et même favorable à la Monarchie -n’en déplaise au chef de l’Exécutif, Adolphe Thiers, qui du reste a dû céder la place au maréchal de Mac-Mahon, ouvertement favorable au petit-fils de Charles X, héritier du trône des Bourbons. C’est alors qu’à Versailles, où siège l’Assemblée, commence, en janvier 1875, l’examen de projets de loi «relatifs à l’organisation des pouvoirs publics». Le 30, en fin d’après-midi, le député Henri Wallon, de l’Institut, historien pourtant conservateur, propose un amendement ainsi rédigé: «Le président de la République est élu à la pluralité des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il est élu pour sept ans. Il est rééligible.» Cela revient à nommer clairement le régime en vigueur, et donc à instituer la République -ce qui est fait à 18h45, ce 30 janvier 1875, et par 353 voix contre 352. Soit une voix de majorité, une seule !
Que ceux qui seraient tentés de relativiser l’importance de l’amendement Bareigts, en arguant simplement des circonstances modestes de son adoption, méditent simplement sur l’exemple de l’amendement Wallon ! Et qu’ils admettent qu’une loi, même votée en catimini, peut avoir de grandes conséquences. •
Oui, et cela aura certainement des conséquences fâcheuses à La Réunion, où comme partout ailleurs, la gangrène salafiste et la politique du voile islamique progressent de moins en moins en catimini. Tout cela s’inscrit dans la guerre systématique que la « République » et ses « valeurs » mènent dans l’application à géométrie variable du principe de laïcité : on va au dîner du CRIF, on fête le ramadan, mais on s’abstient d’un mot de courtoisie lors des fêtes chrétiennes, on mentionne l’assassinat d’Egyptiens par les islamistes mais en évitant surtout de dire qu’ils étaient Chrétiens et tués pour cela ; on déplore les profanations de tombes juives ou musulmanes, de synagogues ou de mosquées, mais on parle bien peu de celles plus nombreuses d’églises ou de tombes chrétiennes. Jusqu’aux annonceurs de la météo à la télé qui terminent leur numéro en vous recommandant « d’embrasser les Machin ou Chose » sans vous préciser pourquoi : bien sûr, pour ne chagriner personne, il est maintenant interdit de dire qu’il s’agissait de fêter la Saint Machin ou la Saint Chose. Idem pour les nouvelles appellations des vacances scolaires. Triste fin de civilisation !