Que n’a-t-on entendu, cette semaine, à propos de M. Moscovici, ce « braconnier devenu garde-chasse », ce « schizophrène » qui, ayant échoué comme ministre de l’Economie et des Finances, se permet aujourd’hui de faire la leçon à la France ! Ceux qui s’étonnent et qui s’irritent sont bien naïfs. En effet, comme le rappelle M. Cambadélis, M. Moscovici « est dans son rôle », en cela conforme à l’archétype de ces « hauts fonctionnaires » à l’esprit mercenaire et euro-mondialiste. En revanche, ce qui n’est pas admissible, c’est que ses propos (« L’effort de la France n’est pas suffisant. La commission sera attentive et exigeante ») constituent en fait un rappel à l’ordre de Bruxelles. Intolérable pour un Etat prétendument souverain; insupportable pour un pays géo-historiquement i
rremplaçable dans cette Union plus ou moins à la dérive.
A sa façon, M. Valls aussi donne dans le jeu de rôle qui, de façon répétitive et exagérée, stigmatise le Front National. Dramatiser la prochaine échéance électorale de façon à re-mobiliser un « peuple de gauche » défaillant et/ou à pouvoir se réfugier après un probable échec derrière un « je l’avais bien dit » : la ficelle est un peu grosse…On a plutôt l’impression que, faute d’avoir jusqu’à présent pu agir efficacement dans les domaines politique et économique, préférant lâcher la bride à des réformes dites « sociétales » fortement inspirées par l’idéologie gaucharde de Terra Nova et concoctées pour la plupart par Mme Taubira, M. Valls gouverne moins le pays qu’il ne violente la société.
Il y aurait pourtant une bonne nouvelle : la conjoncture serait, paraît-il, meilleure. Outre un pétrole et des taux bancaires étonnamment bas, l’euro a fortement baissé face au dollar avec les conséquences que l’on sait sur une partie de notre commerce extérieur. Cependant, M. Draghi, à l’initiative des mesures prises par la B.C.E., reconnaît les risques « pour la stabilité financière » des pays de la zone euro. De fait, l’opération fiduciaire en cours consiste à créer de nouvelles liquidités, purement virtuelles donc bien suspectes. Or, ces mêmes liquidités pourraient bien ne profiter qu’à l’économie financière, créant ainsi une nouvelle bulle, de mille milliards d’euros tout de même, avec ses conséquences induites (on connaît la musique).
Si on s’en tient à la seule France, on peut bien sûr espérer qu’au contraire l’économie réelle, qu’elle relève du privé ou du public, profitera de cette nouvelle donne pour redémarrer. Mais la conjoncture pouvant, par définition, changer, il faudrait aussi que des réformes structurelles permettent de pérenniser cette reprise. Retour donc au politique. C’est-à-dire à MM. Valls et…Hollande. Un nouveau livre à charge (François Bazin, Les Ombres d’un président) dévoile un secret de polichinelle : M. Hollande n’a pas tenu ses « promesses » parce qu’il en était incapable, surtout sur le plan humain (« un président chewing-gum »). On se permettra de rajouter que, de toute façon, sur le plan politique, ce social-démocrate européiste, confronté à une crise longtemps niée, n’avait rien à proposer d’autre que…d’attendre que le vent tourne. On peut légitimement craindre que cette façon de faire (ou plutôt de ne pas faire) ne se révèle très insuffisante, donc dangereuse pour l’avenir immédiat du pays. •
Cet article illustre bien la guerre que livrent les marchés financiers contre les Etats souverains, plus exactement des Etats en passe de perdre leur souveraineté. Le problème est qu’en s’endettant massivement, les Etats se sont eux-mêmes placés sous la dépendance des banques et des marchés financiers.
Pour en sortir tout est une question de volonté politique. Notre époque qui est celle de la logique de l’argent, à consacré le primat de l’économique sur le politique. Rétablir le politique dans ses prérogatives est l’objectif principal à viser. Ce ne sera pas une mince affaire.