Le peuple français est en recherche d’un salut. Il le trouvera le jour où il comprendra que le système où il est enchaîné, ne peut pas lui en offrir. L’électoralisme induit des postures qui évitent d’aborder les problèmes de fond. Postures, contre-postures et impostures.
Que peuvent-ils faire, tous ? Ces prétendus sauveurs qui cherchent à gagner les suffrages des Français en s’imaginant ou en faisant croire qu’ils ont des solutions. Or, dans le système politique actuel français, il n’y a pas de solution. Personne ne peut plus rien faire. Sauf sur le plan local où, pour des élus de bonne foi, il peut exister quelques marges de manœuvre qu’aussitôt, d’ailleurs, l’administration comme les groupes de pression officiels s’empressent de restreindre ou d’annihiler : les élus sans étiquette, les FN qui s’essayent à la gestion locale et les autres qui se sont créés, sous une étiquette ou sous une autre, un espace de liberté, en savent quelque chose.
C’est une lutte continuelle et épuisante. L’appareil d’État, la puissance publique, les magistrats en service commandé, les organisations couvertes des labels républicains, qu’elles soient syndicales, sociales, administratives ou associatives, mettent en marche leurs grosses machines répressives. La dénonciation s’ajoute à la destruction systématique. Le but est clair, toujours le même : anéantir jusqu’à la moindre velléité de reconstruction de quoi que ce soit de français sur le sol de France. C’est ainsi. Il faut en prendre acte.
Le 49.3 libéral !
La loi « Macron » que la presse libérale a présentée comme une bonne loi alors qu’il ne s’agit que d’un « fourre-tout » sans autre ressort que financier, est typique de la mentalité actuelle : il s’agit de réglementer au prétexte de mieux déréglementer, de détruire les professions historiquement organisées pour permettre l’organisation évidemment contraignante de super-professions a-nationales et a-sociales, de bouleverser des habitudes françaises pour créer d’autres habitudes non françaises où la vie ne consistera plus qu’à gagner de l’argent et à consommer.
Eh bien, cette loi « Macron », elle aussi, a connu les affres de l’accouchement de toute décision en France. Des socialistes jouent aux libéraux dans un cadre socialiste qu’ils veulent libéraliser et internationaliser : c’est à quoi se ramène cet épisode républicain tout à fait topique et qui n’a de paradoxal que sa formulation, tant c’est l’esprit même du système ! à aucun moment il n’a été question d’une loi française au profit des Français pour mieux garantir les intérêts français. Il n’était question que de libéralisme et de socialisme et ça discutait ferme, passionnément : il était des UMP prêts à la voter, des PS prêts à la rejeter et tout le monde politico-médiatique était en émoi.
Manuel Valls, d’un coup de menton, a clos ces débats titanesques où les uns et les autres s’effrayaient par des discours de plus en plus violents et, tout autant, de plus en plus dérisoires. Il a décidé d’utiliser le fameux 49.3 qui autorise le passage en force sans vote de l’Assemblée nationale. Admirons : une loi dite libérale donne l’occasion d’une sorte de coup d’État anti-libéral pour s’imposer étatiquement et demain réglementairement. Les Français vont-ils enfin comprendre les contradictions stupides de leur régime ?
Et dans les semaines qui viennent la même comédie se rejouera sur la loi – la nième ! – qui régentera le travail, l’organisation du travail, la représentation des travailleurs, le dialogue social ou prétendu tel, en fait les rapports de force dans l’entreprise. Les partenaires sociaux ne s’entendent pas ; le gouvernement va donc s’en mêler ! Là, pareillement, au départ, l’idée était d’assouplir, de libéraliser les contrats de travail, de favoriser l’activité économique et, par un renversement qui s’explique aussi logiquement que dans le cas précédent, il n’est plus question que de légiférer, de réglementer, d’imposer un recadrage social jusqu’aux plus infimes entreprises, de détruire tout esprit d’entente pour créer des antagonismes et les institutionnaliser en structures permanentes, car c’est sur ces rivalités que prospère le système syndicalo-politique ; et cette prétendue libéralisation s’achèvera en socialisation accrue, en pages supplémentaires dans le code du travail français, le plus lourd du monde. Et Valls, d’un même coup de menton, décidera, si c’est nécessaire, de passer encore au 49.3. Liberté oblige !
La croissance invisible
N’est-ce pas archi-clair ? La voix stupidement doucereuse de Hollande ne change rien à l’affaire, il mène des moutons à l’abattoir. Avec ce superbe argument : si ça ne marche pas, c’est que nous ne sommes pas allés assez loin ! Alors, poursuivons notre œuvre : la croissance viendra, elle est déjà là grâce à moi.
Il ne faut pas s’étonner du résultat : croissance ou pas, augmentation ou léger ralentissement du chômage – 5 500 000 chômeurs réels –, le pays ne remonte pas la pente. La vente de « Rafale » à l’Egypte, c’est bien, mais en réalité la France perd sa force industrielle ; tous les analystes le savent, ce sont des pans entiers de l’économie française qui s’effondrent tous les jours. Nos fleurons sont dans une mauvaise passe. Les meilleurs du CAC 40 font affaire hors de France. L’agriculture française, l’industrie agroalimentaire sont atteintes gravement ; de premières en Europe, il y a encore 10 ans, elles perdent des places chaque année, malgré les efforts des agriculteurs.
Reste le secteur financier qui continue à vivre des habitudes d’épargne des Français, mais les circuits sont tels que nos provinces sont vidées peu à peu de leurs ressources financières. Rien pour faire vivre les PME, pour aider ceux qui veulent travailler. Et Hollande se contente de réciter ses cours d’il y a vingt ans, tel un immature qu’il a toujours été, entouré de sa cour de journaleux médiocres qui, pires que dans les romans de Balzac, construisent artificiellement le paysage moral – ou plutôt immoral – où tout ce petit monde se complaît en se congratulant et en donnant des leçons du haut de leur chaire magistérielle souveraine.
L’Europe de l’Allemagne
La même niaiserie brille au niveau européen : la loi libérale s’impose par la réglementation la plus stricte et par un véritable socialisme d’État à l’européenne, sauf que l’Europe n’est pas un État et que tous ces graves messieurs qui siègent dans les différentes instances de la Commission européenne ne sont responsables de rien, sauf de leur carrière de politiciens ou de hauts fonctionnaires. Ils en sont d’autant plus arrogants. Le Moscovici, en commissaire européen chargé des affaires économiques et financières qui se permet d’un ton mièvre de rappeler la France à ses devoirs et obligations, atteint le comble de la plus ridicule hypocrisie qui est le principe vital de toute cette superstructure dont la finalité n’est que sa propre existence. Encore deux ans accordés à la France : faux suspens et soulagement pour les prochaines échéances électorales, surtout la présidentielle de 2017 !
Et la Grèce ? Eh bien, elle doit plier : le plan de sauvetage est reconduit pour quatre mois, à condition d’offrir des garanties sérieuses – et ça se comprend ! –, étant entendu ou sous-entendu que, de toutes façons, les Allemands se réservent le droit de juger en dernier ressort, car, à Berlin, c’est le parlement qui ratifie, et la Cour constitutionnelle de Karlsruhe se réserve toujours le droit de rappeler la règle intangible de la souveraineté non négociable du peuple allemand. Comment veut-on que les Grecs réagissent ? L’euro, c’est le mark, les Allemands le savent et ils le défendront, tant qu’ils auront la certitude de cette équivalence. Pas au-delà !
Quant à l’Union européenne, l’Angleterre s’assure le droit de la quitter quand elle veut. Et les Américains ne pensent qu’à mettre la main dessus grâce au Traité transatlantique qui se négocie loin du regard des peuples. Les Français sont des benêts, du moins ceux qui les dirigent. Ils ont beau crier : « Liberté, liberté chérie », ils sont enchaînés chaque jour de plus en plus à un sinistre destin qui leur retire peu à peu leurs vraies libertés. Le dossier de ce numéro de Politique magazine ne le montre que trop.
D’autant plus que la guerre est là. Politique magazine l’avait annoncée ; elle est partout. à l’extérieur où la France doit engager ses forces de plus en plus, mais jusqu’où ? Et aussi bien à l’intérieur où la menace est permanente sans vrai moyen d’y faire face. Où commence et où s’arrête le Califat ? L’incantation républicaine d’un Hollande, d’un Valls, d’un Cazeneuve n’a que la force de postillons ! La France paie aujourd’hui pour les inconséquences criminelles de sa politique, de sa classe politique. Le prix risque d’être élevé, surtout s’il s’y ajoute d’autres sottises diplomatiques, en particulier en Ukraine.
En réalité la classe politique française n’est préoccupée au premier chef que par les prochaines échéances électorales : il n’est question que des départementales de mars qui seront un succès pour le FN et une déroute pour les socialistes, puis des régionales fin 2015, qui laissent augurer les résultats de la prochaine élection présidentielle de 2017, où « le tout sauf Marine » deviendra la règle de l’univers politico-médiatique : c’est déjà parti. « Je serai le sauveur », se dit chaque candidat. De quoi ? De la République ? Mais Marine Le Pen dit la même chose ! Alors ? « La République » est-elle un salut, quand on sait comment toutes les précédentes républiques se sont achevées et quand on voit le chemin identique que prend la Ve ? Et si on parlait de la France ? •
Source : Politique magazine
félicitations a hilaire de cremiers pour son article sauveurs sans salut.