Les hommes de ce temps, avec plus de passion encore qu’au XIXe siècle, chargent le politique de leurs passions et de leurs espoirs, mais vivent dans un état d’hypnose singulièrement inquiétant. Malgré les expériences passées, il ne semble pas que l’on ait acquis une vue tant soit peu réelle de la chose, et l’interposition de mythes rend toujours aussi vaine la pulsion politique, aussi retardataire la pensée. Sans doute les circonstances nous ont conduits à remettre en question nos certitudes politiques d’hier, nous savons aujourd’hui la fragilité de l’opinion publique la plus fortement affirmée dans un glorieux plébiscite, nous savons que la souveraineté du peuple est un mythe étiologique sans incarnation possible, nous savons que « le suffrage universel n’est pas un procédé efficace pour contrôler et juger le pouvoir, ni un moyen de modérer réellement le combat entre les forces politiques et sociales opposées, ni un processus de sélection des gouvernants les plus aptes* ».
Jacques ELLUL
L’Illusion politique, Paris, Robert Laffont, 1965
* Citation du Club Jean Moulin, L’Etat et le Citoyen, Ed. du Seuil, 1961
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