La République (DAUMIER)
Félicitations à l’auteur de ces lignes. C’est du très bien vu. Lafautearousseau
Pépère nous joue sa mémère, en direct à la télé. Il compatit aux morts des crashs aériens et des catastrophes ferroviaires. Il accueille les malheureux otages arrachés aux griffes des méchants. Il offre son épaule afin que Patrick Pelloux puisse s’épancher devant les caméras. Il annonce au pays tout entier que Leonarda peut revenir dans le giron présidentiel. C’est notre Mère Teresa des causes humanitaires.
Tout cela ferait sourire si la politique, aujourd’hui, ne se résumait aux bons sentiments larmoyants, à l’humanitaire façon Kouchner et à un tout compassionnel menant à l’assistanat généralisé, et à ces idées chrétiennes devenues folles consistant à accueillir toute la misère du monde, ce que M. Gauchet nomme la « politique des droits de l’homme ». Foin des vertus viriles à l’antique, la politique n’en a plus que pour les qualités féminines.
J’ai souvent du mal à convaincre mes étudiants (très « gogauche du social »), auxquels j’enseigne les politiques sociales, que l’État-providence est le produit de la société libérale, et que la gauche en a récupéré l’héritage après que la démagogie révolutionnaire a montré ses horreurs et que les deux piliers du socialisme – propriété collective des moyens de production et planification – sont devenus obsolètes.
Tocqueville, en visionnaire, avait tout compris avant tout le monde : « Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance. »
Le libéralisme détruit les solidarités de proximité (famille, métiers) et les institutions (syndicats, Églises), il pousse à la solitude et à l’anomie. Il ne reste que l’État. Dans « la société des individus » marquée par le risque et l’incertitude, l’assistanat est la soupape qui permet d’acheter la paix sociale et d’éviter les explosions populaires.
Comme par hasard, la France est championne du monde des transferts sociaux, avec un tiers de son PIB. Les revenus d’existence (RMI en France, Hartz IV allemand) sont apparus quand on a renoncé à intégrer tout le monde par le travail, en admettant que le chômage de masse était là pour durer. La société compassionnelle de Bush, ou le philanthropisme des Gates ou Buffet, ou le charity business de nos artistes et sportifs ne servent qu’à légitimer, et faire perdurer, l’exploitation éhontée du plus grand nombre pour l’enrichissement monstrueux de quelques-uns, barons-voleurs milliardaires et autres footballeurs analphabètes.
On ne saurait saisir la nature de nos régimes politiques sans souligner que cette mère attentionnée est aussi possessive. Elle ne supporte pas qu’on lui résiste, ou qu’on en préfère une autre. Elle devient odieuse et abusive en prenant de l’âge, comme la Folcoche des romans.
Nous ne sommes plus dans la société totalitaire du Big Brother, révolue à l’instar du fascisme et du communisme, mais dans celle du Big Mother, que notre couple exécutif, Hollande et Valls, illustre à merveille. L’un nous joue sa maman, et l’autre sa marâtre. Valls, en mégère acariâtre et donneuse de leçons, gronde l’enfant pas sage qui va s’acoquiner avec Dieudonné ou faire des risettes à la vilaine Le Pen.
Pour mieux séduire le chaland, il faudra du reste à la chef du FN qu’elle abandonne les postures viriles héritées de son père et inscrites dans l’ADN de son parti, pour se rapprocher des minaudages à la Merkel, la Mutti des Allemands. On ne peut que le regretter. •
Boulevard Voltaire
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