Nous publions cette fort intéressante analyse d’Aymeric Chauprade, lue sur l’excellent site Realpolitik (on excusera ces superlatifs successifs qui sont en l’occurrence justifiés) parce qu’elle contraste avec le déclinisme ambiant ou, plus grave, avec le french bashing à la mode. Elle les contredit même, valablement, et donne à penser à ce que pourrait être la puissance de la France si elle avait un Etat digne de ce nom. En tout cas, merci à Aymeric Chauprade d’avoir donné cet éclairage à l’événement en question. Lafautearousseau
Les annonces décisives que M. Modi, Premier ministre indien, a faites à l’Élysée à Paris le 10 avril portent en elles une leçon essentielle. La France n’est grande aux yeux du monde que lorsqu’elle remplit sa mission historique : celle d’une nation souveraine et d’exception.
Souveraineté diplomatique tout d’abord : c’est en raison de son siège au Conseil de Sécurité aux Nations-Unies que la France peut aujourd’hui proposer à l’Inde son aide pour qu’elle intègre cette instance internationale de règlements des conflits mondiaux; quelle valeur ajoutée aurait eu à offrir la France si elle avait bradé cette position diplomatique majeure à l’Union européenne ? Son domaine maritime propre en Océan Indien en fait un partenaire-clé pour la politique de l”Acting East” de M. Modi dans les domaines de la sécurité maritime, du renseignement et du maintien de la paix.
Souveraineté culturelle ensuite : La France n’est pas ce pays “moisi” si souvent décrit par tous ceux qui la haïssent tout en bénéficiant de sa générosité, mais au contraire, une nation millénaire dont l’identité culturelle (des monuments historiques au cinéma) séduit au point que l’Inde souhaite engager des partenariats-clés dans ces domaines.
Souveraineté industrielle enfin : c’est uniquement en raison de l’investissement massif de l’État régalien dans les industries de souveraineté (défense, nucléaire) que notre pays peut se poser en partenaire fiable de l’Inde dans la durée (de l’Ouragan au Rafale en passant par le Mirage 2000) ; l’investissement dans nos filières aéronautique (derrière Dassault Aviation) et nucléaire (avec Areva) est non seulement stratégique mais rentable pour notre économie et nos emplois. C’est pour ne pas avoir consenti de pareils efforts financiers et technologiques que d’autres pays européens, comme l’Allemagne, ne peuvent prétendre à de tels partenariats stratégiques, avant-hier avec le Brésil, hier avec l’Égypte, aujourd’hui avec l’Inde et demain, espérons-le, avec les Émirats arabes unis et la Malaisie.
Ce n’est pas l’Eurofighter, mais le Rafale, que M. Modi a choisi ; ce n’est pas vers l’Europe de la défense ou l’OTAN que M. Modi s’est tourné pour assurer sa propre défense, mais vers la capacité française à lui transférer la technologie de ses propres systèmes d’armes (aviation de chasse, missiles et sous-marins); ce ne sont pas les usines à charbon allemandes polluantes mais les centrales nucléaires françaises que M. Modi souhaite acquérir pour garantir l’indépendance énergétique de son pays; ce n’est pas un Disneyland apatride mais une nation chargée de monuments historiques que M. Modi a voulu visiter en premier.
C’est donc une grande leçon de souveraineté que M. Modi est venu nous apporter et la preuve, du même coup, que seul un projet tourné vers l’indépendance nationale, qu’elle soit diplomatique ou technologique, peut de nouveau rendre à la France le rang qu’elle mérite. •
bonjour
tres bien ,e vrai
cordialement
L’analyse est excellente à part que sur le maritime il n’y a plus de port français dans les cinquante premiers au monde, que notre marine a sombré et qu’il faut construire une politique dans ce domaine parce qu’elle n’existe pas. Même si nous avons de « beaux restes » il n’y aucune ambition souverainiste, aucune colonne vertébrale idéologique renforçant cet état.
Le choix du Rafale par l’Egypte du Président El Sisi a été un choix politique et non pas commercial pour s’affranchir d’une tutelle pesante des US, politique et militaire, pour aussi les sanctionner aussi d’avoir soutenu l’islamiste Morsi sous prétexte que les Egyptiens ont commis une erreur de casting en l’élisant.
En l’espèce, c’est la souveraineté de l’Inde qui semble surtout s’affirmer avec une grande fermeté et un remarquable timing :
http://www.hindustantimes.com/india-news/future-rafale-deals-will-also-be-under-govt-to-govt-parrikar/article1-1336821.aspx
J’aime beaucoup les analyses de A. Chauprade, mais en l’espèce je recommanderais d’être très prudent avant de tirer des feux d’artifice, connaissant bien les Indiens.
L’analyse d’Aymeric fait l’impasse sur l’omni présence russe auprès de New Delhi, spécifiquement dans le domaine de l’armement. Héritée de l’époque du pandit Nehru, elle ne s’est jamais démentie dans les dizaines d’années qui suivirent. Attendons de voir le contenu définitif du contrat, notamment la question cruciale des transferts de technologie et la fabrication sur place. Les Indiens viennent d’annoncer aujourd’hui qu’ils ne négocieront plus avec Dassault. Par ailleurs soyons clairs, pas un contrat d’importance n’a jamais pu être conclu en Inde, sans de substantielles rétro commissions. C’est la première chose que des concurrents bien intentionnés vont chercher avec la plus grande énergie.
Une remarque : l’Egypte de 82 millions d’habitants a la moitié de sa population, autour de 40 millions qui vit très au dessous du seuil de pauvreté avec 2 à 3 USD par jour. Comment se paient ils l’avion multi rôles le plus cher du monde ? Argent séoudien. Dans quelles griffes nous sommes nous mis ? Sans dénigrer , des pilotes égyptiens pour piloter des Rafale ?
On dirait du Hollande …