Un ordinateur et un téléphone portables, une calculette, un vocabulaire français de cinq cents mots, quelques notions de verlan et de globish, le mépris de la culture, le culte de la réussite, la religion de l’argent, c’est plus qu’il n’en faut pour faire son chemin dans l’existence et pour que nous ressemblions entièrement et définitivement à des porcs.
Courage, Madame le Ministre ! Encore un effort, encore une réforme pédagogique, encore un coup de hache et ça y est. Soyons de notre temps, soyons de notre monde, l’avenir et la raison sont si évidemment de votre côté. Il y a des luxes que nous ne pouvons plus nous permettre. Ce ne sont pas seulement les charges des entreprises, c’est notre encombrant bagage culturel, ou ce qui en reste, qu’il faut alléger d’urgence. Parce qu’enfin, à quoi bon tout ce fatras ? Quel besoin pour être trader, quelle nécessité pour être chômeur, ou député, ou présentateur de télé, ou commissaire de police, ou technicien de surface, ou caissière de Monoprix, ou président de la République, ou informaticien, ou aide-soignant, ou préretraité, ou emploi-jeune, ou jardinier-paysagiste, de se frotter si peu que ce soit à Cicéron, à César, à Salluste, à Virgile, à Catulle, à Tacite, à Eschyle, à Sophocle, à Euripide, à Platon, à Aristote, à Homère ? A quoi ça sert, je vous le demande !
Et comment ne pas comprendre, et comment ne pas prévoir, et comment ne pas constater que ce qui est vrai du latin et du grec l’est tout autant de l’histoire, de la géographie, de la littérature, du dessin, de la musique, de la philosophie, des langues étrangères, à l’exception naturellement de l’anglais commercial, de tout ce qui élargit notre horizon, de tout ce qui embellit notre vie, de tout ce qui nous distingue des animaux, de tout ce qui nous élève, de tout ce qu’on a ou qu’on avait la chance, quelques chances d’aborder, d’apprendre, d’aimer à l’école, au collège, au lycée, en faculté, de tout ce qui, transmis par nos aînés à leurs cadets, était transmis par ceux-ci à leurs enfants, de tout ce qui était gratuité et qu’il y a si peu de chances, si l’on n’y est pas initié avant l’âge adulte, que l’on croise de nouveau une fois entrés dans « la vie » ?
Un ordinateur et un téléphone portables, une calculette, un vocabulaire français de cinq cents mots, quelques notions de verlan et de globish, le mépris de la culture, le culte de la réussite, la religion de l’argent, c’est plus qu’il n’en faut pour faire son chemin dans l’existence et pour que nous ressemblions entièrement et définitivement à des porcs.
Les insensés ! Ils n’ont pas compris ou ils ont oublié la formule sublime du Cyrano de Rostand : « Non, non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ! » •
Dominique Jamet– Boulevard Voltaire
C´est dommage pour les porcs, animaux en réalité fort propres si on leur en laisse le moyens et d´ une grande intelligence. Georges Orwell a développé leurs capacités de faire presqu´aussi bien que l´homme dans le domaine sociétal.
J´appartiens à une civilisation où le pauvre animal se voit affublé d´une faiblesse fort humaine et fort vilaine, phénomène psychologique dont Freud nous a tout dit. Je propose donc l´application d´une procédure d´ »ijtihad », c´est-à-dire d´une interprétation qui rende au cochon, où tout est bon, des mérites qui excèdent grandement l´ utilité gastronomique du porc dans tous ses états, truffier y compris.
Gérard Lehmann, qui vit au Danemark, dans une contrée où il y a au moins deux fois plus de cochons que d´humains.
« Margaritas ante porcos »: la démonisation du cochon vient de loin!
Par bonheur, je me suis qque frotté à Cicéron, Platon, Virgile et toute la bande. Jusqu’au bachot, même. Mais l’epectase est de m’être frotté, en 1ere, à la Princesse de Clèves. Un pur bonheur! Je dédie ce commentaire au connard inculte Sarko
Tout est bon dans le cochon!