Voici certainement la bande dessinée la plus forte de ces dernières années. Et la moins politiquement correcte.
Depuis qu’enfant, il a vu ses copains maltraiter un garçon « mongolien », Fabien vit dans la terreur panique du handicap mental. Les grossesses de son épouse le plongent dans l’angoisse. Et, lorsque, peu après la naissance de Julia, leur seconde fille, le pédiatre leur annonce qu’elle est trisomique, il a l’impression que le ciel lui est tombé sur la tête. Comment, pourquoi la maladie n’a-t-elle pas été détectée à temps, permettant de supprimer le bébé avant sa naissance ? Pourquoi Julia, cardiaque, s’accroche-t-elle à la vie alors que son père voudrait la voir morte ? Pourquoi cette catastrophe leur est-elle tombée dessus ?
De la révolte au désespoir, Fabien refuse d’aimer cet enfant pas comme les autres. Jusqu’au jour où, malgré les regards apitoyés ou méprisants des autres, l’amour paternel jaillit et lui fait comprendre que Julia, loin d’être un malheur pour les siens, pourrait bien être une grâce.
Toulmé se met à nu, sans pudeur, sans rien cacher de ses sentiments, fussent-ils inavouables et, loin de tous les discours convenus et moralisateurs, rappelle que l’amour l’emporte sur tout. « Ce n’est pas toi que j’attendais, mais je suis quand même content que tu sois venue ». •
Ce n’est pas toi que j’attendais, de Fabien Toulmé, Delcourt, 250 p., 18,95 euros.
Michel MICHEL sur Société ▬ Quand le consentement devient…
“Ce texte admirable montre comment l’idéologie du contrat s’applique de façon surréaliste dans des domaines où…”