Et d’abord, politiquement. Car la classe politique ne pense qu’aux prochaines échéances électorales. C’est la seule stratégie des partis qui accaparent le pouvoir.
Il aurait mieux valu y penser avant. La guerre est là, omniprésente. Les guerres, devrait-on dire. Pas seulement, celles, horribles, d’Al-Quaïda, de Daech, de Boko Haram, pas seulement celles que fomentent les fous et les truands des sectes fanatisées, mais toutes les autres guerres, celles que mènent les nations, les peuples, les États, les ethnies, pour leurs intérêts, leur vie, leur survie, leur raison même d’exister.
Il suffit d’écouter les discours qui se profèrent sur toute la planète et jusque dans les enceintes internationales pour comprendre que rien n’a changé fondamentalement dans les rapports, les équilibres et surtout les déséquilibres qui affectent l’avenir du pauvre monde. échanger des milliards d’information en quelques secondes et se rendre d’un bout à l’autre de « la machine ronde » en quelques heures ne modifient pas les données fondamentales de la politique.
Les États-Unis mènent une politique qui, sous couvert de grands principes libéraux, n’a en vue que la sauvegarde de leur domination, même et surtout quand ils imposent sous forme contractuelle leur conception stratégique ou commerciale comme dans l’OTAN ou dans le traité de libre-échange transatlantique. Barack Obama, tout progressiste qu’il soit, n’échappe pas à la règle.
Le retour des nationalismes
Il est de bon ton dans les cercles intellectuels qui parlent de « la mondialisation heureuse » comme d’une divinité bienfaisante, d’exiger des Russes qu’ils sacrifient à cette déesse et à sa religion aussi moralisatrice que calculatrice, c’est-à-dire concrètement qu’ils cèdent tout, puissance, territoires, richesses, influences, à des adversaires déclarés qui veulent les réduire à néant ; les Russes s’y refusent ; ils connaissent leur histoire et n’y renoncent pas.
La Grande-Bretagne dans les mois qui viennent fera parler d’elle et l’Europe aura à connaître une fois encore que l’Anglais est, d’abord, anglais et qu’au milieu des pires déliquescences son ressort ultime est son nationalisme. L’Allemagne fédérale avait fixé dans les principes de sa constitution de 1947 la règle intangible de sa réunification. Le chancelier Kohl l’a réalisée sans coup férir et sans demander l’autorisation à personne, comme il a décidé souverainement de l’équivalence du mark « est » et du mark « ouest » que les Français ont donc subie. Ce qui justifiera par la suite l’euro, monnaie fondamentalement allemande, Mitterrand et Chirac s’étant trompés lourdement sur le sujet. L’Allemagne, malgré ses déficiences, est maîtresse de l’Europe : l’euro durera tant qu’elle le voudra. Angela Merkel connaît son peuple qui se définit in principio comme souverain. La Pologne éternelle renaît, malgré le libéralisme révolutionnaire qui la ronge comme jadis : elle sait faire valoir ses intérêts et a, pour elle, face à la Russie, la voix du président de l’Europe qui est fils de la Pologne. Quelle revanche !
L’Espagne et l’Italie, dans leurs élites, malgré des institutions défectueuses ou absurdes, savent fort bien où se situent les principes de leur prospérité. Ainsi de l’Irlande au Portugal, de la mer Baltique aux Balkans, les nations européennes face à des situations tragiques internes et externes gardent encore dans leur mémoire vivante les forces spirituelles qui les caractérisent et qui se refusent à la mort. Tel est le cas de l’Autriche et, plus encore, de la Hongrie : le passé y est garant de l’avenir.
L’Europe apatride où se mirent les songe-creux de la politicaillerie européiste et française – Moscovici en est l’exemple type ! – a touché le terme de ses possibilités. Ni l’union bancaire ni l’union budgétaire, artificielles comme le reste, ne changeront les impératifs de souveraineté qui sont les conditions de la sortie de crise. Les monstrueux désastres des politiques migratoires, livrées maintenant – il fallait s’y attendre – à de modernes négriers, ne font que confirmer dans l’espace Schengen l’inhumanité profonde et l’irréalisme sordide de l’ensemble des directives européennes et, donc, des dirigeants européens. Une France souveraine qui traiterait avec les états, sauverait des populations perdues.
Quant au cas grec, il risque d’être l’épreuve décisive de la construction européenne et de l’union monétaire. Dans les mois qui viennent.
Tourner les yeux vers l’Asie permet de changer le tableau mais non la réflexion de fond. Partout, malgré le ralentissement économique, malgré les bouleversements de la modernité, les peuples prennent conscience de l’urgente nécessité de leur cohésion nationale dans un monde de plus en plus difficile. Le Japon réarme militairement et moralement. La Chine se resserre sur elle-même et gonfle toutes ses ambitions. L’Australie a décidé d’être australienne et le fait savoir hautement. L’Inde renoue avec le nationalisme, le Vietnam aussi et ainsi de toutes les nations d’Amérique du Sud et d’Asie du Sud-Est.
L’Afrique va très mal, à quelques exceptions près, et tout le monde le sait, mais feint de l’ignorer. Bernard Lugan a tout dit sur le sujet (Osons dire la vérité à l’Afrique, éditions du Rocher) et c’est pourquoi, sans doute, il est interdit de parole en France. L’Afrique est retournée à ses démons. Ses populations la fuient. Ce n’est que tueries et prévarications dans l’indifférence des élites mondialisées qui en profitent. Que ne ferait ici une France souveraine, si elle avait des hommes d’état ?
Et de même vis-à-vis du monde arabe. Les responsables musulmans qui ont le sens de l’état et de l’avenir, et qui se refusent à la barbarie, comme les présidents tunisien, égyptien, n’attendent que ce soutien de la France, ils le disent clairement. Heureusement ces pays ont encore des élites civilisées, souvent francisées, qui peuvent reprendre la main. Le chaos djihadiste qui a presque tout emporté au Moyen-Orient, au Yémen, en Libye, en Somalie, est dû en grande partie à l’impéritie des nations occidentales. Un démocratisme idiot et de mauvais aloi a jeté le feu dans des barils de pétrole et de gaz. Le Chaos syrien de Randa Kassis et d’Alexandre del Valle (Dhow Editions) montre les origines proprement islamiques de cette prétention à un Califat musulman qui était le danger qu’il fallait prévoir : un état qui ne serait pas un état et subvertirait tous les états, au nom d’un islam radical. Le Djihad à la conquête du monde de Laurent Artur du Plessis (Ed. Jean Cyrille Godefroy) décrit les procédés de cette guerre d’usure qui n’est qu’à son début, comme l’annonce également Mathieu Guidère dans son étude Terreur, la nouvelle ère (Ed. Autrement).
Or, tous les moyens de lutte mis en œuvre aujourd’hui, militaires, policiers, techniques, n’auront de véritable efficacité que s’ils sont coordonnés à une vision politique et diplomatique. Guerre conventionnelle, guerre terroriste, guerre de l’information, cyberguerre, tout se combine aujourd’hui pour disperser les efforts et déstructurer les plans de combat. La France a encore de remarquables services et d’excellents exécutants, mais la politique française dans ses principes et ses institutions n’est pas à la hauteur des circonstances, à l’heure où sous le regard papelard d’un François Hollande qui ne songe qu’à 2017, le ministre de la Défense Le Drian discute du bout de gras avec le ministre des Finances Michel Sapin. Nous n’avons pas plus de politique étrangère que de politique intérieure cohérente. La Ve République finissante ressemble de plus en plus étrangement à la IIIe qui a mené au désastre de 1940. •
Très bonne analyse, c’est aussi ma mienne depuis longtemps,. Souhaitons qu’elle soit celle de nos contemporains de France. Pour cela il faudrait que nous arrêtions d’écouter et de croire à tous ces mensonges républicains. De tous ces gouvernants qui provoquent les guerres et qui s’enfuient quant l’ennemie entre en France. Le jour ou l’on reconnaîtra le génocide de Vendée et que nos soldats ont résisté en mai et juin quarante dans les Ardennes, nous serons sur le chemin d’une nation. D’ici là …
Remarquable article, d’une clairvoyance et d’une hauteur de vue qui n’étonnent nullement venant d’Hilaire.
Toute juste et justifiée qu’elle soit,la déploration litanique d’Hubert de Crémiers est incomplète.
Les motifs de critiques ou de regrets pourraient encore s’allonger.Les nombreux moyens de communication actuels nous livrent chaque jour des exemples supplémentaires pour nous alarmer,peut-être avec excès,mais c’est leur travail,et même pour certains, leur gagne-pain !
Mais il y a sans aucun doute aussi,des conclusions à tirer de toutes ces infortunes-au minimum de pensée ou d’idéal pour nous.
On pense tout-de -suite à l’ineptie républicaine-médiocre et réductrice-dont l’attelage Hollande-Valls est l’aboutissement normal,et presque irréel tant il est d’essence contradictoire par lui-même :les Français,en élisant Hollande et son équipe, ont-ils choisi le suicide,par la politique du pire,tant dénoncée par nos maîtres d’antan ?
H. de C. dit à juste titre que la fin de la 5ème ressemble à celle-plus déshonorante encore-à celle de la 4ème.A la vérité,toutes les fins de nos cinq républiques ont été mauvaises pour la France et les Français !