On reproche quelquefois aux hedge funds leur opportunisme, leur âpreté au gain et une utilisation astucieuse de toutes les règles des marchés financiers. Il n’est pas de jour où syndicats et politiques ne se plaignent de leur activisme, leur reprochant notamment d’obliger les entreprises dont ils sont actionnaires à distribuer l’essentiel du bénéfice annuel plutôt qu’à le réinvestir dans de nouvelles capacités de production. On leur reproche de privilégier l’économie financière par rapport à l’économie réelle et d’accroître le patrimoine de leurs souscripteurs plutôt que veiller à l’emploi et aux rémunérations des salariés de leurs entreprises. On les accuse enfin de créer des majorités artificielles et de circonstance lors des assemblées générales stratégiques en recourant à des prêts de titres leur permettant seulement de bénéficier de droits de vote suffisants à l’instant « T ». A entendre les critiques, ce sont les bad guys du capitalisme.
Dans l’économie française, un actionnaire se distingue tout particulièrement par sa dureté envers les entreprises au capital duquel il est présent, exigeant d’elles en 2014 le versement d’un milliard de dividendes supplémentaires par rapport à ce qu’il avait prévu (4,2 Mds contre 3,1). Il a même forcé certaines sociétés déficitaires à procéder à des distributions (Air France, SNCF, Engie…) : après tout, les dépréciations d’actifs n’ont pas d’impact sur la liquidité… Sa soif inextinguible de cash l’a conduit à exiger davantage que la plupart des actionnaires du CAC 40 : dans la plupart des cas, le taux de distribution qu’il a imposé était supérieur au taux médian de 48%. Ce taux de distribution a même été porté dans certains cas à des sommets : 66% pour EDF, 113% pour Orange, 87% pour ADP…
Soucieux d’avoir les mains libres, il a changé les statuts d’une holding, la Sogepa, pour lui permettre d’agir indirectement et massivement (500 M€ d’achat de titres PSA en 2014), loin des contraintes l’obligeant en principe à une gestion patrimoniale prudente au sein d’un compte d’affectation spéciale sous le contrôle du parlement.
Enfin, cet actionnaire intransigeant, a eu recours à des prêts de titres pour faire plier des majorités aux AG. Officiellement, c’était pour faire prévaloir l’actionnariat de long terme mais compte tenu de ce que l’on sait de sa passion court-termiste pour les dividendes, cet argument n’est guère crédible : c’était plutôt pour garder des droits de vote gratuits malgré des cessions opportunistes sur le marché (Renault, Air France).
Drapé avec dignité dans le manteau troué de l’intérêt général, il toise les autres acteurs économiques et leur donne des leçons qui peuvent se résumer à : « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ! »
Faut-il nommer ce grand prédateur ?
Please to meet you
Hope you guess my name
But what’s puzzling you
Is the nature of my game
(M. Jagger / K. Richards)
David Gattegno sur Jean-Éric Schoettl : « Le parquet de…
“Que de confusions lexicales ! … Récapitulons un peu, autrement il serait impossible de regarder clairement…”