L’on pourra très certainement débattre sur tel ou tel point ou paragraphe de la réflexion qui suit, menée sous l’angle des religions et publiée dans La Croix, le 12 juin dernier. Outre qu’on peut, de notre point de vue, la considérer comme globalement pertinente, nous en retiendrons que le scepticisme à l’endroit de la République et de ses valeurs, gagne peu à peu tous les milieux intellectuels. Ici, l’auteur constate « l’épuisement de la capacité de la mythologie républicaine » à incarner ses propres valeurs et sa conclusion, en forme de réponse à la critique d’Emmanuel Todd est que « le zombie du 11 janvier, c’est peut-être la République. » Nous ne saurions mieux dire. LFAR
Les cortèges du 11 janvier 2015 n’avaient rien de particulièrement républicain : peu de drapeaux, peu de Marseillaises (comment chanter « Qu’un sang impur abreuve nos sillons » ?), peu d’identifications à la France frappée. Au contraire, un silence de marche blanche compassionnelle brandissant le portrait des victimes, des pancartes « tweets » d’individus mobilisés par solidarité avec d’autres : « Je suis Charlie » ; « Je suis Mohamed » ; « Je suis juif ». Il y avait indéniablement des valeurs affirmées et une forme manifeste d’universalisme : mais pas l’universalisme républicain du « Nous citoyens » disqualifiant toute autre forme d’identification. Il s’agissait de l’universalisme libéral des « Je » coalisés pour mieux garantir leurs droits naturels : chacun avec son identité propre doit être libre de poursuivre son bonheur sous la protection de l’État. Et dans les policiers embrassés s’exprimait ce besoin de sécurité.
Bien sûr, une foule si diverse est ambivalente. Le président Hollande a hésité dans son discours entre « le rassemblement de tous » et le « rassemblons-nous », entre le pluralisme libéral et l’unité républicaine. Mais cette nuance a vite été effacée par l’invocation de l’« Esprit du 11 janvier » : le souhait d’une Pentecôte laïque qui ferait redescendre la flamme républicaine dans le cœur des Français ; l’espérance d’une religion civile née de l’effervescence du peuple en marche, avec son credo laïque, ses blasphèmes éclairés, son diable « l’obscurantiste », l’hérésie des « je ne suis pas Charlie » et son crime de sacrilège : le refus de la minute de silence.
Parmi les catholiques et les musulmans, cet « Esprit » a mis mal à l’aise beaucoup de personnes. Car il plaçait en porte-à-faux tous ceux qui n’étaient ni barbares ni Charlie et refusaient cette partition caricaturale faisant le jeu de la guerre des civilisations. Pour ces musulmans, la mobilisation de la République ou de la laïcité est, depuis la loi sur le voile de 2004, une rhétorique d’exclusion chargée d’ambiguïtés. Par ailleurs, ils perçoivent une inégalité de traitement entre ceux qui critiquent Israël et ceux qui critiquent Mohamed ; sont frappés par la schizophrénie d’un gouvernement qui proclame l’inaliénable liberté d’expression et poursuit en justice le moindre ado qui refuse la minute de silence ; ne se sentent pas libres de ne pas « être Charlie » de peur des amalgames. Pour ces catholiques, l’asymétrie entre la valorisation du « droit au blasphème » et la suspicion dont est frappée toute parole confessionnelle dans l’espace public laisse amer. Ils sont divisés entre une peur de l’islam et une peur d’une laïcité de plus en plus exclusive. L’« Esprit du 11 janvier » leur semble un « revenant » de la guerre des deux France.
Ce qui s’est manifesté en janvier 2015, c’est donc un peuple rejetant la violence et l’intolérance ; et l’épuisement de la capacité de la mythologie républicaine à incarner, pour tous, ces valeurs. Les six mois qui ont suivi semblent avoir parachevé cette décomposition. Lors des élections départementales, Manuel Valls a mobilisé les « valeurs de la République » contre une partie de l’électorat. Dernièrement, la transformation de l’UMP en Les Républicains repose sur la même stratégie : se faire juger sur ses ennemis plutôt que sur son bilan. Depuis plus d’une décennie, les références aux « valeurs de la République » ou à la laïcité semblent devenues des instruments d’exclusion d’un « eux » plus que d’intégration à un « nous ». Pour les croyants qui, comme bien d’autres Français, se sentent moins « égaux » que d’autres, le « zombie » du 11 janvier, c’est peut-être la République. •
Yann Raison du Cleuziou, maître de conférences en science politique, centre Émile-Durkheim, université de Bordeaux
(Cet article nous a été signalé par Joël Broquet que nous remercions).
Bonjour je vous ai écrit sous mon premier nom d’Alan Broc (mon vrain nom arvernisé, depuis ma boite au lettre a été hameçonnée) pour vous reprocher d’avoir prétendu que Mistral était royaliste,
vous m’avez répondu que Daudet l’était, ce qui n’est pas constant chez lui et qu’il était ami avec Mistral.
Roumanille et Aubanel étaient deux amis légitimistes de Mistral mais lui il a toujours été républicain.
En revanche quelqu’un qui l’est de moins en moins c’est moi.
Je constate que la République est bloquée.
Ceux qui en proposent une sixième me font peur.
Monseigneur Henri VII mènerait fort bien la politique extérieure de la nation qui selon moi ne doit dépendre que du roi ainsi que les « opérations extérieures ».
Pour l’intérieur je suis favorable à une chambre unique, un assemblée de députés élus au suffrage uninominal (à un ou à deux tours, peu importe) qui a la charge de ce qui concerne les Français et eux seuls. (La politique envers les immigrés relevant du roi seul et des conseillers dont il voudra bien s’entourer.
Je pense néanmoins que le roi doit pouvoir proposer, en priorité s’il le désire, des textes de loi, sous deux modes :
– mode parlementaire habituel, amendements, commissions…
– mode bloqué : il présente sa loi comme un tout qu’on accepte ou qu’on refuse.
Remarquez que je ne propose aucun droit de veto pour une raison pratique et une raison purement juridique :
Les veto de Louis XVI l’ont mis en fâcheuse posture. Il ne pouvait pas s’abstenir d’exprimer sa propre conscience mais ça a provoqué des affrontements.
Sur le plan purement juridique un veto est une aberration puisqu’il suppose qu’un pouvoir légal puisse en censurer un autre, qu’une loi déjà par un pouvoir représentatif soit effacée par un homme seul. C’est une incohérence juridique.
Si vous êtes liés à l’Alliance royale ma vision ne vous plaira pas elle veut une assemblée représentant des « »émanations de la société » autrement dit les profs représentés par le SNES et les ouvriers et employés par la CGT.
ça ne me séduit guère.
Je ne sais pas quelle est le projet constitutionnel précis de la NAR et si vous en êtes proches ou pas. Toujours est-il que les comentaires de politique extérieure de Bertrand Renouvin sont très bons quoique moins précis et moins élégants que ceux de Monseigneur Henri VII.
Pour les dynasties vous voyez que j’ai abandonné Louis XX.
En effet comme historien j’ai d’abord fait l’erreur de prendre les lois de dévolution de la couronne comme un tout, comme si ces lois étaient apparues simultanément comme les articles du Code Civil de Bonaparte par exemple.
Puis en les étudiant dans leur ordre historique j’ai constaté qu’elles ont toutes un seul but, éviter un roi étrannger (contrairement à la Belgique, la Pologne, la Roumanie, la Russie…. »
Mon compatriote auvergnat Michel de l’Hôpital a rajouté quelques points destinés à éviter les guerres civiles à la mort d’un souverain.
Amistats.