Cannes s’est achevé dans un grand vent d’euphorie. Récompensé à outrance, le cinéma français s’y est autoproclamé « d’une extraordinaire vitalité » et toute la clique habituelle de la grande famille du septième art – dont Vincent Lindon, distingué pour son rôle dans La loi du marché est l’archétype « engagé » d’une rive très à gauche qu’aucune contradiction ne gêne – n’a cessé de s’émerveiller d’elle-même.
Pourtant, le spectateur souffre toute l’année d’un cinéma hexagonal globalement nul, verbeux et sans scénario… La nouvelle comédie de Bruno Podalydès a au moins un mérite : elle est sans la moindre prétention. On suit le périple assez drôle de Michel, un bobo cinquantenaire d’un type répandu à Paris ; plutôt gentil et materné, foncièrement citadin. Il cache des rêves d’aventurier, d’aviation et… de kayak.
Encouragé par sa femme (Sandrine Kiberlain), le voilà qui s’élance vaille que vaille sur les rivières de Bourgogne. Evidemment, les héroïsmes tournent court… L’acteur et réalisateur excelle à rendre grandiloquente la minuscule destinée d’un homme typique de notre époque. Malgré quelques trous d’air et une fin qui pique du nez, Comme un avion est porté par un souffle libertaire plutôt sympathique.
Comme un avion, de Bruno Podalydès, en salles. •
Il est parfaitement abusif de considérer que « La loi du marché » est un film « très à gauche », sauf à considérer que les efforts désespérés d’une famille courageuse pour se sortir de la glu arrogante du capitalisme est une proclamation marxisante…