Une remarquable note au contenu technique pour ceux qui suivent les questions de Défense. Elle a aussi le mérite – dans son premier paragraphe – de signaler et rappeler les régions où la dangerosité multiforme du monde – jamais disparue – s’est accrue. Elle nous impose de maintenir, moderniser, renforcer l’ensemble de nos forces armées, qu’il s’agisse d’assurer la sécurité intérieure du territoire, notre capacité d’intervention extérieure, comme notre force de frappe nucléaire. Aucun des risques auxquels nos armées sont destinées à faire face n’est aujourd’hui écarté – même si l’urgence de notre sécurité intérieure apparaît aujourd’hui avec le plus d’évidence. LFAR
Surchauffe sur terre, sur mer, dans le ciel, au Mali et en Irak, du détroit de Bab el Mandeb au canal du Mozambique ou au golfe de Guinée, au dessus des pays Baltes, aux portes de l’Ukraine ou de la Syrie, au large de la Libye et de Lampedusa et jusqu’au cœur de Paris : nos forces entrent dans une nouvelle période de forte activité.
Les succès à l’export de notre industrie de défense ajoutent une pression supplémentaire: nos militaires sont évidemment sollicités, c’est la règle, pour la formation des clients sur les Rafale, frégates, systèmes terrestres vendus aux Egyptiens, Qataris, Saoudiens ou Libanais…
Cette situation n’est probablement pas étrangère à la prise de conscience du gouvernement qui, pour financer notre défense, renonce aux chimères des « société de projet » (montage financier confinant à la cavalerie) et aux hypothèques des ventes d’immeubles ou de fréquence hertziennes pour des crédits budgétaires en bonne et due forme.
Après 2 ans d’exécution de la loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, il prépare donc un projet d’actualisation qui octroie pour les 4 ans restants 3,8 milliards supplémentaires, ce qui n’est pas mince pour un budget annuel de 31 milliards. Par ailleurs la moindre progression des indices économiques permet à l’inspection générale des finances et au contrôle général des armées, dans une étude conjointe, d’identifier 1 autre milliard sur la renégociation des coûts d’équipements. Total 4,8 milliards.
Le projet de loi en affecte 2,8 à la masse salariale pour maintenir 18500 postes qu’il était naguère prévu de supprimer: 11000 seront rendus à l’armée de terre; elle peut ainsi poursuivre une mission de « gardiennage des lieux de cultes » qui fait débat : le premier ministre a demandé une étude sur l’opportunité de cet emploi en supplétif des forces de sécurité. 2500 autres postes seront rendus ailleurs. Quant aux 5000 restants, ça tombe bien, on n’avait pas encore réussi à les identifier.
2 milliards seront affectés à l’équipement. L’armée de terre gagne ainsi 7 hélicoptères Tigre et 6 hélicoptères de transport NH 90 pour renforcer un parc très sollicité par les sables du désert et les élongations d’un théâtre africain plus vaste que l’Europe. L’armée de l’air devrait étoffer sa flotte de 14 transport tactiques américains Hercule: Il s’agit de palier les retards et déboires de l’Airbus militaire A400: ses performances exceptionnelles génèrent des turbulences de sillage exceptionnelles …qui interdisent le ravitaillement en vol des hélicoptères alors que cela faciliterait bien les opérations africaines. Des C130 Hercule, plus légers, achetés d’occasion avec des nacelles de ravitaillement en vol feront donc le travail.
Les prochaines livraisons de Rafale iront à l’exportation, conformément aux espérances, l’armée de l’air n’en prendra que 26 sur les 66 prévus par l’industriel sur la LPM. En 2018 ils viendront armer le deuxième escadron des forces stratégiques à Istres, remplaçant ainsi les derniers Mirage 2000N. •
Mathieu Épinay – Politique magazine
Il faut noter ,primo, que les 4 milliards promis couvrent les années 2018-2019 , période qui n’engagent que les socialistes dont il faut espérer qu’ils auront disparu de tous les pouvoirs, secundo, que les effectifs rendus à l’armée de terre serviront principalement à des missions de basse police parfaitement inutiles, tertio, que des cadres vontêtre détaché pour former les pilotes d’avions qui nous manquerons jusqu’en 2018, année où sont promis les rafales pour notre défense. Il s’agit donc d’enfumage, que l’actuel et apparemment efficace ministre Le Drian aura rejoint sa région bretonne
« les effectifs rendus à l’armée de terre serviront principalement à des missions de basse police parfaitement inutiles »…. Parfaitement inutiles ??? Et vous estimez que les missions en Centrafrique ou ailleurs sont utiles ???
Le seul intérêt de l’Armée est de défendre le sol français, non pas de jouer les supplétifs des Étasuniens…
Je suis d’accord avec Pierre Builly pour refuser de considérer les opérations de sécurité intérieure incombant actuellement à nos forces armées, comme des « missions de basse police ». La lutte anti-terroriste, et même la « sanctuarisation » du territoire national sont aujourd’hui de première urgence.
Je pense néanmoins que la capacité d’intervention extérieure de nos forces armées doit être maintenue (c’est une évidence),et si possible accrue. Ceci ne constitue pas pour autant un jugement sur l’opportunité de l’ensemble des opérations à l’étranger actuellement en cours.
Le risque nucléaire ne doit pas être exclu, non plus, selon moi. Et donc la nécessité de maintenir en état et actualiser en permanence notre force de frappe, même si nous avons l’impression que nous n’avons pas d’ennemi potentiel dans cet ordre là. Il n’est pas sûr, en effet, que cette situation doive durer.