Lundi 29 juin, M. Juncker, président de la Commission européenne, semble effondré : « En une nuit, en une seule nuit, la conscience européenne en a pris un sacré coup ». Vendredi 4 juillet, M. Guetta, géopolitologue patenté de France Inter, se demande si « la pérennité même de l’Union » n’est pas en cause. Quelles qu’en soient les suites immédiates, les événements qui, du fait de la crise grecque, agitent la zone euro, servent – enfin – de révélateur. Tout le monde sait que la Grèce a « triché » mais tout le monde admet désormais que jamais la Grèce ne pourra rembourser ses créanciers. Dans un accès de réalisme froid, M. Strauss Kahn déclare qu’il faut effacer la dette grecque, c’est-à-dire au fond la « passer » en négatif : après tout, elle ne pèse pas grand chose dans le total des dettes cumulées des autres membres de la zone.
Pourtant, « acter » l’annulation de la dette grecque ne serait pas sans risque. Quelle serait alors l’attitude des autres pays endettés ? Ce qui se passe en Grèce pourrait bien se reproduire ailleurs, dans des proportions autrement dévastatrices. Augmentation, à la carte, des taux d’intérêt c’est-à-dire, de façon mécanique, de l’endettement des uns et des autres. Donc, effet domino : à qui le tour après la Grèce ? Obligation, sans doute, pour la B.C.E de soutenir certaines banques ou « institutions » par des émissions de monnaie, ce qui, en période de faible croissance, ressemble fort à de la « cavalerie »: on serait loin alors de l’orthodoxie financière…Certains diront que c’est ce que font les Etats-Unis quand ils le jugent bon. Mais les Etats-Unis peuvent le faire car ils détiennent la force politique et militaire qui leur permet d’imposer leurs intérêts financiers au reste de la planète – ce qui n’est pas le cas des Européens…
Le péché originel des idéologues européistes – naïveté ou incohérence, peu importe – aura été de bâtir l’Europe sur la monnaie et, par voie de conséquence, sur la finance, une finance par définition mondialiste et qui ne cherche que le gain. D’ailleurs, quand on prête pour se faire payer les seuls intérêts d’une dette, cela est pire que l’usure. L’infernale spirale de la dette menace en fait ainsi d’emporter l’un après l’autre des pays qui s’essoufflent en vain pour suivre le rythme allemand. Imposer une monnaie unique à des pays d’une trop grande disparité sociale et fiscale, le faire par ailleurs sans que cette monnaie s’appuie sur un Etat souverain, quelle gageure !
En mésestimant, voire en niant, les fondamentaux de l’Europe – la géographie, l’Histoire, la culture, la religion, etc. – les apprentis sorciers de l’« Union » ont fourvoyé les pays européens dans une impasse. Il fallait commencer par mettre l’accent sur tout ce qui nous réunit – et, de fait, nous distingue des autres. La vraie Europe, la seule qui soit envisageable et souhaitable, réunira des peuples, des pays, des nations – tous représentés par des Etats. Il faudra tout remettre à plat et re-commencer par le commencement. •
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