Le roi d’Arabie saoudite a fait interdire l’accès à la plage publique, qui borde sa propriété de Vallauris, pour son usage personnel. Pour Philippe Bilger, l’Etat qui est censé défendre le principe d’égalité, ne remplit pas sa mission. Mais en défend-il autre chose que le principe ? On sait aujourd’hui comment une soi-disant élite de politiciens et de copains occupe les palais de la République, d’ailleurs hérités de l’Ancien Régime, et s’en partage les privilèges. Quant à la monarchie saoudienne, décadente et corrompue, le moins que l’on puisse en dire est qu’elle n’honore pas l’institution. L’Arabie Saoudite est-elle notre alliée face aux islamistes ? Il y a toutes les raisons d’en douter. LFAR
Les Français ont coupé la tête de leur roi, la gauche cherche à nous persuader que la France a commencé en 1789, l’exigence d’égalité est mise à toutes les sauces, même les plus inappropriées, comme avec la loi sur le mariage pour tous, mais la Préfecture des Alpes-Maritimes autorise le roi d’Arabie saoudite, accompagné par mille personnes environ, à privatiser une plage publique à Vallauris, à construire un ascenseur et un escalier, bref à se constituer jusqu’au 20 août son petit royaume personnel en France.
Au grand dam de beaucoup puisqu’une pétition circule qui a recueilli actuellement plus de cent mille signatures.
Ce qui est frappant est de devoir constater à quel point notre République – je n’imagine pas que le Préfet ait accepté ces importantes dérogations à l’usage de l’espace public sans en référer au plus haut niveau du Pouvoir – est prête à tous les accommodements dès lors que la sûreté de l’Etat, même s’il est étranger, est en cause et que des intérêts économiques viennent ajouter leur poids à l’urbanité convenue des relations internationales.
On a beau comprendre les motifs de cette «privatisation» et l’emprise, sur notre démocratie bien faraude dans ses principes mais plus frileuse dans son expression, de cet équipage impressionnant venant offrir ses biens, son luxe et ses appétences à une région déjà tout émoustillée par les profits à venir, reste qu’on aurait espéré un arbitrage moins vulgaire et une tolérance moins lâchement affichée.
Parce que tout sera démonté le 20 août et que la France recouvrera alors cette partie infime, mais confisquée, de son territoire, il n’y aurait rien à dire et les protestations multiples, partisanes, démagogiques ou sincères, ne seraient pas de mise. Silence obligatoire dans les rangs de la communauté nationale!
Pour ma part, je crois l’inverse. Je regrette que cette aspiration à une égalité, parfois si stérilisante et dévoyée quand elle prétend brider la nature ou la liberté, ne se soit pas émue de cette séquence mais l’ait validée comme si elle allait de soi.
Sans anticiper une seconde l’indignation d’une multitude de citoyens de bonne foi convaincus, avant d’être désabusés, que l’égalité dans notre pays n’était pas un vain mot mais une réalité charnelle et une règle, sans exceptions choquantes.
Cette gauche, en définitive, est bien plus traditionnelle qu’elle l’affirme.
Elle s’abandonne trop vite à cette périphérie abusive que tout pouvoir sécrète si on n’y prend pas garde, se vautre, avec complaisance, sans résister, dans ces indécences quotidiennes, royales ou non. Gauche et droite ne se distinguent pas par la pureté de l’une et le réalisme de l’autre mais s’accordent au contraire sur ce terreau que l’Etat a droit à des privautés et que, si le citoyen n’est pas content, il n’a qu’à ne pas rêver.
Cette égalité, seulement jusqu’au roi d’Arabie Saoudite, constituera une pierre de plus à jeter dans le jardin de François Hollande et de ceux qui le soutiennent moins pour ce qu’il accomplit ou a trahi que pour ce qu’ils craignent.
La France est schizophrène. •
Philippe Bilger est magistrat honoraire et président de l’Institut de la parole. Son dernier livre Ordre et Désordres vient de paraître aux éditions Le Passeur. Retrouvez-le sur son blog Justice au singulier.
La France à perdu son Prestige
La France n’a rien perdu du tout puisqu’en 2012, notre pays a été plongé dans un autre monde, où ceux qui prétendaient défendre les « sans-dents » ont démontré leur incapacité à agir au nom du bon sens. Dieu nous vienne en aide.
Oui, enfin, faut pas déconner… Si c’était le président des États-Unis ce seraiut pareil… Quand il s’est rendu au Kenya, il y a quelques jours, l’espace aérien a été privatisé pour lui.
Nous aurions l’air malin aux yeux du monde si cette canaille de roi séoudien était dézingué par un tueur sur la plage de sa villa…
Je trouve que Bilger fait vraiment dans l’angélisme.
Et comme disait notre excellent Pasqua : « la démocratie s’arrête où la raison d’État commence… »
Non, les gouvernants ne sont pas des gens comme les autres…
La République en hayons (5 trillons de dette au total) en est réduite à la mendicité. Honneur aux généreux donateurs, Dieu vous le rendra (ne comptez pas sur nous !).
La plage n’en est pas une : un morceau d’estran sableux coincé sous la voie ferrée et la route de Cannes où l’on accède par un vilain tunnel ! La « plage » de la Mirandole n’est même pas répertoriée parmi les plages de Golfe-Juan : http://www.vallauris-golfe-juan.fr/Les-plages-de-Golfe-Juan.html.
La photo ci-dessous est explicite : la « plage » est le petit trait beige à droite. On voit la bouche du tunnel :
http://img.20mn.fr/6T4hXattShqXIBKXNHA19Q/2048×1536-fit_la-villa-du-roi-fahd-a-golfe-juan-la-famille-royale-saoudienne-souhaitait-la-fermeture-de-la-plage.jpg
Philippe Bilger fut mieux inspiré. Une carte ou une photo aérienne l’aurait découragé.
J’ai changé de break. Il fallait lire en « haillons ». Excuses.
Je suis assez d’accord avec Pierre Builly : les gouvernants ne sont pas des gens comme les autres…Et Philippe Bilger fait ici, un peu beaucoup, dans l’angélisme ou la naïveté. Il y toutefois une question, si je puis dire, seconde : le roi d’Arabie Séoudite est-il un gouvernant comme les autres ? Pierre Builly me dira que les gouvernants, parce que ce ne sont pas des gens comme les autres, sont tous très différents entre eux. Ce qui est vrai. Seulement, il me semble que s’agissant du roi en question, la différence est un abîme où se tient un homme qui ne me semble pas très sympathique ni véritablement notre ami. Je conviens toutefois que ce ne serait pas une raison pour ne pas assurer sa protection et l’exposer à se faire tuer par l’un quelconque de ses ennemis et rivaux islamiques, chiite, ou autres.
De toute façon, que dire ? Si on ne voulait pas du roi d’Arabie, il ne fallait pas lui vendre la villa et sa médiocre petite plage, sauf à croire qu’il viendrait au milieu des baigneurs acheter des chichis avec un bon sourire complice…
Prurit égalitaire que tout cela…
Essayez de passer dans les alentours de l’avenue Matignon ou de la rue du faubourg Saint-Honoré, de la rue de l’Élysée (toujours privatisée, celle-là) ou de l’avenue Gabriel lors d’une visite d’État un peu sensible…
Quant à la rue Rabelais – siège de l’ambassade d’Israël – cela fait des années qu’elle est interdite à la circulation (ce qui peut poser quelques soucis si l’on est membre du copurchic « Jockey club » (mais ce n’est pas mon cas…)
Et la plage privée du Fort de Bregancon qu’utilise notre cher Président et ses invités (féminins), elle ne gêne personne ? Il est normal que toute personnalité soit à l’abri de la curiosité plus ou moins malsaine des citoyens ou des vacanciers. Plutôt que de critiquer et d’afficher une jalousie inacceptable, pensons que son staff (plus de 1 000 personnes) oeuvre pour l’économie locale et régionale et nationale et réjouissons-nous de « l’affichage » de cette personnalité pour notre France, si belle et si coincée quelque part.
L’égalité n’existe pas et n’existera jamais, quel que soit le régime en place. Il suffit de voir dans une famille les inégalités de traitement des uns et des autres. Tant que nous ne serons pas réduits au stade de robot, que nous pourrons encore et toujours penser et nous manifester, nous serons toujours vivants, dans une société mortifère.
Il y a pire en comparaison : ‘un gouvernement français qui dépense sans compter, et qui veut imposer aux plus humbles des restrictions de toutes sortes. En temps de crise il faut un gouvernement resserré » clamait récemment le chef de l’Etat, qui prise l’exigence allemande mais ne l’applique ni à lui même ni à ses ministres.
Exemple, tout petit : La Chancelière travaille avec huit ministres. A Paris ils sont vingt-cinq + neuf secrétaires d’Etat… Un ministre coûte 17 Millions d’Euros par an ) !. Le soir après son travail, Angela (comme chacun de ses 8 ministres), rentre dans son appartement, dont elle paie le loyer et les factures d’eau et d’électricité.
906 personnes travaillent à la présidence de la République : un peu plus de 300 en Allemagne.- Parc autos de l’Elysée 121 mais seulement 37 à la chancellerie ). .En Allemagne le gouvernement se déplace systématiquement en train ou sur des lignes aériennes régulières.. Ici nous avons : 1 air bus A330-200 – 2 Falcons 7X – 2 Falcons 900 – 2 Falcons 50 et 3 hélicoptères Super Puma..
Si égalité de traitement il devait y avoir entre nos élus socialistes caviar et les responsables politiques allemands, nos élus hurleraient au scandale, étant tout-à-coup réduits au train de vie des « sans-dents », donc au principe d’égalité.
Tout cela pour dire qu’il n’est d’égalité que dans la tête, et encore au niveau du désir, rien d »autre. En France, on jalouse qui réussit, ailleurs, on applaudit des deux mains.
Alors ce roi, laissons-le en paix puisqu’il est un peu « chez lui » et avant de vendre une parcelle de terrain, assurons-nous de l’usage qui en sera fait. Ce qu’on en retirera et ce qui nous froissera. Dans une balance, il y a deux plateaux, le bien et le mal, pesons donc le pour et le contre et voyons pour l’année prochaine combien il a rapporté à l’économie, qui crève sous les charges et les impôts en tous genres. Vive la France et vive notre Roi..