Le point de vue de Philippe Bilger
Très finement psychologique, l’analyse de Philippe Bilger nous paraît parfaitement pertinente. Notamment lorsqu’il pointe en conclusion le comportement du Chef de l’Etat lui-même. Sa fonction n’est pas remplie et c’est au fond, sous un angle plus politique, plus institutionnel, ce que constate aussi Emmanuel Macron, curieusement son ministre de l’Economie. Nous faisons cordialement observer à Philippe Bilger que Macron, lui, en désigne la cause, lorsqu’il dit qu’il manque un Roi. Peut-être Philippe Bilger, comme bien d’autres ces temps-ci, voudra-t-il bien y réfléchir ? LFAR
Il y a un climat général, politique, médiatique, et des attitudes qui laissent, en effet, penser qu’il y a de l’enfance attardée dans notre démocratie. Je ne méconnais pas, cependant, le caractère artificiel de quelques rapprochements mais ils me semblent tout de même révélateurs d’une tonalité dominante.
On entend souvent des humoristes se plaindre, parfois drôlement, du fait que des politiques empiétant de plus en plus sur leur domaine, ils allaient, eux, être obligés de faire de la politique. Derrière la boutade, il y a l’intuition que la dérision et la futilité sont devenues si également réparties qu’en réalité, on ne peut plus départager les activités et que toutes sont gangrenées par une démission de l’intelligence, théorisée en conquête du rire et en apothéose du sarcasme.
Par exemple, ce Petit Journal qu’on vante tant et qui, paraît-il, sera même amplifié – Vincent Bolloré s’est arrêté à mi-chemin ! -, offre cette particularité d’être insupportable à cause du ton autosatisfait de son présentateur et de dénoncer des ridicules dans lesquels il tombe lui-même avec la mise en pièces facile et démagogique d’un monde politique résumé à des séquences caricaturales.
Et il me semble qu’il a fait école, tant le culte de la superficialité et la chasse forcenée à la gravité ont dépassé les frontières qui auraient dû les enfermer.
Ainsi les réactions qui, à droite, ont accueilli, après la mort du maire de Dijon, le choix de François Rebsamen de prendre sa relève avec pour conséquence, à une date encore indéterminée, l’abandon du ministère du Travail si important en cette période où le chômage ne baisse pas et où le président de la République, pour amuser la galerie, prétend lier son sort à la réduction de ce fléau social (Le Figaro).
J’admets, certes, que l’opposition a ses contraintes et qu’elle ne peut se permettre d’user de répliques tellement châtiées qu’elles effaceraient la contradiction, mais on avait le droit d’attendre autre chose que ces railleries, ces plaisanteries, ces puérilités comme s’il ne s’agissait que « d’un casse-tête » pour le pouvoir et non d’une tragédie nationale à partager, à gauche et à droite, par tous. J’ai été effaré par la médiocrité rigolarde de cette riposte et par sa nature, pourtant, tristement partisane et politicienne.
De grands enfants qui s’ébattent et pour lesquels la politique offre le prétexte à des débordements qui fuient les comportements adultes comme la peste.
Venons-en, pour finir, au président de la République lui-même, dont ce n’est pas la première fois que je remarque l’appétence pour la pédagogie souriante et basique. Il adore retomber en adolescence et, pour le responsable qu’il est, c’est véritablement du prépubère !
Ce n’est pas un « capitaine de pédalo » mais une forme de scoutisme à la mode politique : donc à peu près rien par rapport au destin de la France.
Je ne pensais pas qu’un jour je serais contraint de contredire Jacques Brel pour lequel « il faut bien du talent pour être vieux sans être adulte ». •
On est depuis longtemps dans l’ère du vide ( cf . Lipotewski , déjà …) et maintenant il est au sommet .
L’ennui c’est que le néant néantise , comme dirait Heidegger , ou plutôt il anéantit et nous sommes ainsi aspirés dans le tourbillon du rien .
Le vide sidéral de la sphère politique française se constate tous les jours dans l’incapacité qu’ont nos gouvernants à concevoir et mettre en oeuvre une géopolitique qui défende et promeuve, tant à court que moyen et long terme les intérêts vitaux de la France qu’ils tiennent pourtant si fort à gouverner avec pour seuls objectifs les prochaines élections.