Après la survenue des déclarations surprise d’Emmanuel Macron, paraît maintenant cette chronique de Maxime Tandonnet, de droite quant à lui et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Et voici du même coup relancé ce qui aura été le débat de cet été – que Le Figaro résume en titrant : « La France, République ou monarchie ? ». Débat ouvert par Emmanuel Macron début juillet et que Péroncel-Hugoz a caractérisé de façon simple : « Soudain le mot magique de « Roi » est réapparu comme une grosse pierre jetée dans la mare politique parisienne… Il a suffi de quelques propos du plus en vue des ministres socialistes actuels… » Maxime Tandonnet réitère ce geste, un mois plus tard. La droite n’est désormais plus en reste dans la remise en cause du régime républicain. Et voici de nouveau le mot magique de « Roi » qui réapparaît dans la mare politique parisienne… L’ensemble est d’importance. Il sera temps d’y revenir. LFAR
Alors que l’on fête les trois cents ans de la mort de Louis XIV, Maxime Tandonnet estime que la France souffre de n’avoir pas su choisir entre République et monarchie.
Ailleurs en Europe, de ce que je vois ou entends dire, la vie politique ne donne pas ce sentiment de vaudeville, d’impuissance et de prétention tournant au ridicule, qui se dégage de la situation en France. En Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne, par exemple, la vie publique fonctionne, tourne plus ou moins bien mais avance, des décisions sont prises, des choix parfois douloureux accomplis, un gouvernement existe. Les citoyens n’éprouvent pas cette sensation d’une fuite des dirigeants dans l’imposture de la communication à outrance, les polémiques, les manipulations, postures, mises en scène dans la seule perspective de la préservation ou de la conquête des postes.
La France souffrirait-elle de n’avoir pas choisi entre République et Monarchie ?
La République idéale confie le pouvoir aux citoyens. Elle a été définie dans la Constitution de 1793, restée lettre-morte. Ce texte, rédigé par les Girondins, mérite d’être relu. Il rejette la personnalisation ou l’accaparement durable du pouvoir. Celui-ci est impersonnel au sens où il n’existe pas de détenteur nominatif permanent de l’autorité (une exception est possible en période de crise). Le seul souverain est le peuple. Toutes les décisions importantes sont prises par référendum populaire. Des assemblées de citoyens dans les quartiers effectuent les choix locaux. Les députés sont élus pour un an renouvelable, donc sous le contrôle étroit des citoyens. Le pouvoir exécutif est responsable devant les citoyens qui peuvent destituer les ministres par une pétition. « La France n’a jamais eu qu’une bonne Constitution, celle de 1793, qui malheureusement n’a jamais été appliquée » a pu dire un professeur de droit public. Utopique ? Sans doute en partie, mais l’esprit de ce texte est intéressant.
La Monarchie constitutionnelle est aussi une possibilité. Après tout, nous sommes un pays européen et plusieurs grandes nations européennes de tradition démocratique sont des monarchies : le Royaume-Uni, l’Espagne, les Pays-Bas, la Belgique… Ce n’est pas un régime honteux dès lors que la réalité du pouvoir au quotidien incombe à une assemblée élue au suffrage universel et un Premier ministre responsable devant elle. Une famille incarne la continuité nationale. Un souverain héréditaire est placé au sommet de l’Etat, même s’il n’est pas en charge de l’exercice du pouvoir au quotidien, sa mission étant avant tout symbolique. Cette formule à l’avantage d’éviter le basculement de la vie publique dans la frénésie mégalomaniaque : la place au sommet est déjà occupée, quoi qu’il arrive et elle n’est donc plus à prendre…
La France a un système hybride, ni République, ni monarchie. Elle n’est pas une République, au sens de la Constitution de 1793, dans la mesure où sa vie publique échappe aux citoyens et à la recherche du bien commun pour devenir l’otage des calculs carriéristes et narcissiques d’une poignée d’individus qui l’ont ainsi confisquée. Mais elle n’est pas non plus une monarchie car ces personnages sont en concurrence permanente, ce qui vaut au pays une surenchère dans la démagogie et l’imposture. En outre, faute d’un roi incontesté – qu’il soit le peuple souverain ou le monarque héréditaire – des roitelets ou postulants roitelets, médiocres sur le plan humain comme intellectuel, sont animés avant tout par une vanité aveugle, et non par des sentiments d’honneur et de dévouement au bien commun.
L’ère du général de Gaulle a permis de masquer ces contradictions pendant une décennie. Lui bénéficiait d’une légitimité historique, issue du 18 juin 1940, lui conférant un statut particulier de personnage de l’histoire, comme il en vient un tous les deux siècles. Mais lui une fois parti, ce système bancal ne pouvait que sombrer dans le chaos et la comédie grotesque qui devient un monstrueux boulet pour notre pays. •
Maxime Tandonnet décrypte chaque semaine l’exercice de l’État pour FigaroVox. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire des présidents de la République, Perrin, 2013. Son dernier livre Au coeur du Volcan, carnet de l’Élysée est paru en août 2014. Découvrez également ses chroniques sur son blog.
Je partage le point de vue de Maxime Tandonnet quant à la possibilité de la Monarchie constitutionnelle.. Peut-être serait- il intéressant d’analyser l’attitude du Roi d’Espagne face à une situation nationale délicate. Sa fonction, toute symbolique qu’elle soit, n’est-elle pas essentielle pour un avenir apaisé de ce peuple voisin et ami? L’attitude de ce Roi, offrant à tous, élus et membres divers de la société civile, une écoute attentive, digne, respectueuse de ses interlocuteurs, ne crée t-elle pas progressivement,- et difficilement, -un climat convivial, qui ôte leur venin, peu à peu, aux ambitions dangereuses de politiques idéologues qui mettent en cause l’existence même de la nation espagnole? Respect au Roi!
Hugues NOEL
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