Les médias et les hommes politiques ont, à juste titre, salué l’héroïsme des personnes qui sont intervenues dans le Thalys pour empêcher un terroriste présumé de passer à l’acte. Mais si tout a été dit et même probablement au-delà du raisonnable pratiquement personne ne s’est intéressé à ce qui a conduit des individus apparemment ordinaires à se conduire comme des héros.
Interrogé sur une chaîne d’information par un journaliste qui lui demandait ce qu’il faudrait faire au cas où l’on se trouverait confronté à un drame de même nature, un ancien responsable du GIGN a répondu, « si l’on ne sait pas gérer son stress, surtout il ne faut rien faire ». Et il avait parfaitement raison. Confronté à ce type de situation toute personne normalement constituée a peur. Il lui faut donc du courage pour surmonter cette peur et pouvoir affronter la réalité qui se présente à elle avec des chances de succès. Si l’on n’a pas cette qualité de cœur, toute intervention risque, à l’inverse, de précipiter les catastrophes. Et quand on a la franche humilité de reconnaître que l’on n’a pas la force d’âme suffisante pour surmonter sa peur, le vrai courage peut être de surtout ne rien faire pour ne pas risquer d’entraver la réaction de ceux qui agissent. Mais, attention, car il y a du courage à ne pas agir si d’autres agissent. Si personne n’agit nous ne sommes plus en présence de courage mais à l’inverse de pusillanimité voire même de lâcheté.
Dans le cas de l’affaire du Thalys, quatre héros ont directement ou indirectement expliqué ce qui les a fait agir et ce qu’ils ont dit mérite d’être médité.
L’un des militaires américains a expliqué : « Je n’ai pas pensé, j’ai agi ». Nous sommes là en présence de quelqu’un de bien formé et parfaitement entraîné pour faire face aux situations les plus graves. Il est intéressant de noter qu’au moment où il est intervenu, il n’était pas personnellement et directement menacé. Il a donc agi pour défendre les autres. Mais ce vrai soldat avait une autre qualité, celle de meneur d’hommes car, si l’on en croit un de ses camarades qui l’a suivi, « il nous a dit : on y va ? » ; « on y va ! » Et les deux autres y sont allés aussi.
Le citoyen britannique a réagi différemment puisque, nous a-t-il confié, il a immédiatement pensé qu’il allait mourir, alors il s’est dit : « Quant à mourir, autant que ce soit utile ».
Quant au professeur franco-américain qui est intervenu le premier et qui a été blessé, sa femme nous a expliqué qu’ayant aperçu ce qui se passait sur la plateforme, il lui a dit avant de passer à l’acte : « mets-toi à l’abri, cette fois c’est sérieux ». Cette réaction est remarquable car elle montre bien qu’il a agi consciemment pour protéger véritablement les autres, et notamment son épouse, et qu’en même temps il l’a fait avec une délicatesse suffisante pour ne pas l’affoler. Et d’ailleurs, dans sa courageuse lucidité, il a essentiellement cherché à désarmer l’agresseur, ce qu’il a réussi. Il ne savait pas que ce dernier avait d’autres armes sur lui.
Oui, toutes ces personnes méritent d’être honorées, mais il n’est pas suffisant de dire qu’elles se sont bien conduites ; elles ont donné à toute la population une véritable leçon. Saurons-nous comprendre ce qui a fait leur grandeur et nous en inspirer pour notre vie de tous les jours ? Car le courage est peut-être remarquable dans des circonstances exceptionnelles, mais il se forge dans la pratique quotidienne. •
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