Par Hilaire de Crémiers
La route de l’histoire tourne sous nos yeux. Les dirigeants français ne voient pas ce virage, aveuglés qu’ils sont par leurs certitudes. Leur conduite finira dans le fossé. Peut-être plus vite qu’on ne le pense.
L’État de l’Europe et du monde dans les quelques années à venir sera tout autre que ce que les dirigeants français imaginent encore aujourd’hui. Ils continuent à se réciter entre eux et à débiter en public les cours qu’ils apprenaient, il y a vingt et trente ans, dans leurs écoles et leurs facultés. L’intégration européenne était l’avenir radieux et obligé. Le « toujours plus gros », « toujours plus unifié », « toujours plus riche » étaient la loi d’une évidence qui ne pouvait être contestée.
Il fallait les écouter : l’industrie française devait profiter de l’expansion des marchés et de la libéralisation, de toute façon obligatoire (!), des procédures dans le cadre d’une concurrence ouverte et sévèrement surveillée (!). Personne ne songeait aux retournements possibles, aux terribles déconvenues pour les PMI comme pour les entreprises liées par nature à leur destin français.
Quant à l’agriculture française, à les entendre, elle serait la grande gagnante en raison de sa position dominante, la politique agricole commune ayant été conçue pour elle ; il suffisait de la mettre aux normes et d’en réduire drastiquement les effectifs, selon le schéma en vogue. D’ailleurs, électoralement, qu’est-ce que ça compte ? Impossible, il y a encore cinq ans, de faire comprendre que cette politique jetait l’agriculture française dans la double impasse de la guerre des prix et de la subvention mortifère. On sait ce qu’il en est maintenant ; l’agriculture française ne cesse de dégringoler, dépassée par l’Allemagne entre autres. Les paysans n’ont plus qu’à se tuer, ce qui laisse indifférent le politicien, surtout de gauche ; son cœur est ailleurs.
Le commerce, d’après ces mêmes prophètes, suivrait la même voie, la France et l’Europe devant ressembler de plus en plus aux vastes marchés de l’Amérique du Nord avec laquelle elles étaient vouées à s’unir au bénéfice de multinationales puissantes et donc efficientes, comme le prévoit le traité transatlantique en cours. Il était pourtant prévisible que la loi du plus fort et du moins scrupuleux serait alors la règle, destructrice pour tout le reste.
euro = mark
La monnaie unique était, dans un tel plan, l’étape intermédiaire nécessaire à la réalisation d’une Union européenne, mécaniquement forcée par ce procédé à s’uniformiser : plus moyen d’en sortir, quoi qu’il en coutât ; c’était, paraît-il, le comble de la liberté, le bien absolu enfin atteint qui interdirait toute transgression. La réunification allemande déclencha la confection de l’euro ; ce fut, selon les gens initiés, une astuce française : l’euro, d’après ce brillant calcul chiraquo-mittérandien, arrimerait l’Allemagne à l’Europe et, donc, à la France. Le résultat aboutit à la situation exactement inverse : une Europe et une France arrimées à l’Allemagne. D’autant plus que l’euro dans l’esprit des Allemands qui sont des gens sérieux, n’est qu’une version du mark sur laquelle ils veillent de plus en plus jalousement. L’euro durera tant que l’Allemagne y aura intérêt.
Enfin la libre circulation des personnes devait être, toujours selon le même discours officiel, une chance nouvelle pour la France, terre d’accueil traditionnelle. Les études démographiques convergeaient pour indiquer l’impérieuse nécessité d’une immigration qui dilaterait et assouplirait le marché du travail, aidant aussi à promouvoir un multiculturalisme dont la France figée dans son passé avait un urgent besoin. Tout fut donc fait pour favoriser ces flux continus dont nul ne sait aujourd’hui comment il sera possible de les arrêter.
Maastricht, Schengen, Lisbonne, ce dernier traité tenant lieu par un subterfuge inqualifiable de constitution européenne que les peuples « ignorants » refusaient, telle était, telle est encore aujourd’hui la ligne sur laquelle campent les partis dits de gouvernement. Les terribles secousses subies par le système ces dernières années ne les ont pas fait dévier de leur ligne. Au lieu d’envisager une autre conception de l’Europe, ils ne proposent d’autre issue à l’accumulation des complications que de continuer dans le renforcement des corsets du système. Que les peuples en veuillent ou n’en veillent pas, peu leur importe !
Une utopie vouée à l’échec
Pourtant chaque jour qui passe apporte un démenti cinglant à leur vaine utopie. Premièrement : Schengen n’est pas seulement une passoire qui oblige la Hongrie à se construire une barrière de protection, c’est la pompe aspirante d’une immigration que plus personne ne peut ni calculer, ni contrôler, multipliant les drames de tous les côtés. L’Europe va se mettre à attribuer des quotas ! Schengen, c’est aussi et évidemment la liberté de circulation pour les terroristes dont l’Europe devient par le fait même complice ; ils n’ont plus qu’à franchir les frontières pour se rendre en Turquie et en Syrie et, au retour, à prendre le Thalys !
Deuxièmement : Maastricht est littéralement impraticable, car la zone euro n’est qu’une construction artificielle aux économies divergentes qui ne peuvent former une zone monétaire cohérente et optimale. L’affaire grecque n’est qu’un premier cas tout à fait topique ; la prétendue solution du renflouement perpétuel ne durera que le temps que l’Allemagne l’acceptera. Le ralentissement économique chinois, les nouvelles politiques monétaires dans le monde ne feront qu’aggraver la crise, et la France n’aura plus de marges de manœuvre.
Troisièmement : Lisbonne n’a fait que confirmer la suprématie allemande et, corrélativement, le déclin français qui ne cesse de s’accentuer avec un chômage écrasant et, en dépit des incantations de Hollande, une croissance nulle. L’Angleterre va prendre de plus en plus ses distances.
L’échec patent de ces politiques depuis maintenant des années devrait conduire à des révisions urgentes. Du fait de cette illusion de monomaniaques qui fausse tous les raisonnements, aucune politique nationale française n’a été menée, ni à l’intérieur pour entraîner la nation sur le chemin du renouveau, ni à l’extérieur, sauf à être obligé d’intervenir parce que la France en raison de son passé ne pouvait faire autrement, soit en Afrique, soit en faveur des chrétiens d’Orient. Mais aucune direction suivie avec énergie et intelligence n’a su donner une dimension proprement française à ces interventions ni apporter des solutions aux énormes problèmes de l’Afrique ou du Moyen-Orient qui permettraient d’agir, d’ailleurs, sur les causes mêmes des flux migratoires. Rien. Tout juste une conférence le 8 septembre organisée par le quai d’Orsay en faveur des « minorités » ! Pourtant les Français sont en attente, les catholiques français sont mobilisés. Nos évêques français n’ont-ils pas fait sonner le 15 août les cloches de leur diocèse pour nos frères martyrisés ?
La vérité est que la classe politique par nature n’attache aucune importance à ces questions essentielles, à quelques exceptions près dont les bonnes volontés ne débouchent sur rien. Ce qui préoccupe les politiciens, c’est uniquement leurs élections et l’état, il est vrai, pitoyable de leur République. Ses principes absurdes, son incapacité totale à résoudre les problèmes que son incurie accumule, son laïcisme idiot qui empêche la France d’être elle-même, ses éternelles luttes de partis qui se déchirent à qui mieux mieux et entre eux, en excitant des ambitions aussi forcenées que ridicules, et dont les universités d’été ne sont que des farces grotesques, tout devrait provoquer un formidable et salutaire rejet. Il est là sous-jacent. À quand la vraie réforme et les vrais réformateurs ? •
mon dieux pauvre Europe chrétienne vendue à des gouvernants incapable aveuglés . La grand Europe l’immense Europe promise celle du bien être etc…. pffff nous voila au bord du gouffre et ces fous s’obstinent à ne pas voir la vérité . Espérons quand même mais il est temps .