Nous reprochera-t-on encore de n’avoir rien de mieux à faire que de suivre les chroniques politiques de France Inter ? Mais ce sont les plus écoutées de France ! Nous passons aussi beaucoup de temps à faire écho à tout ce qui se dit, s’écrit, se pense de nouveau, d’antisystème et, au bon sens du mot de réactionnaire ou néo-réactionnaire, de convergent avec nos propres idées, dans l’univers politique et intellectuel français. Et à le commenter. Mais voudrait-on que nous ignorions nos adversaires politiques ? Que nous nous refermions sur un commode et microcosmique entre-soi ? Ce serait une erreur que nous ne ferons pas. Que Lafautearousseau ne fera pas.
D’autant que le Système – notamment médiatique – est aujourd’hui sur la défensive. Une drôle de défensive qui lui est imposée par la drôle de guerre, pour lui inattendue et surprenante, que lui livrent tout un panel d’écrivains, de confrères, d’intellectuels, de philosophes, plutôt venus de la gauche. Et qui, eux non plus, n’en supportent plus la tyrannie. Contestent ses tenants.
Le reproche qui les met le plus en rage – et en difficulté – est de s’être constitués en cléricature. La chose est bien réelle mais le mot sonne mal pour cette caste de gauchistes, de longue date établis comme moralisateurs et gardiens du dogme. Lequel ? En fait, le dogme révolutionnaire et républicain.
Ecoutez donc, si vous le souhaitez, la vidéo qui suit, où Thomas Legrand fait en réalité, sous le masque d’une analyse objective, la leçon à Michel Onfray. (Matinale de France Inter, lundi 21.09.2015). Ou, si vous préférez, lisez son texte. Nous vous assurons que c’est politiquement instructif !
En fin de compte, cette « spectaculaire recomposition politique et intellectuelle entre libéraux (au sens politique et économique) et souverainistes de gauche et de droite » que Thomas Legrand constate au terme de sa chronique, l’inquiète et le dérange. Où donc se situera la cléricature dans ce paysage ainsi recomposé ? Quelle y sera sa place ? Qu’y deviendra sa vérité ? C’est le syndrome du caméléon sur un tissu devenu écossais. Quelle couleur sera la sienne ? L’épreuve peut-elle provoquer sa rupture intellectuelle et nerveuse ? Nous n’aurions pas à compatir à ses difficultés. Comme dirait Houellebecq, si elle venait à se dissoudre dans le flot de cette recomposition qu’elle redoute plus qu’elle ne la décrit, nous n’aurions rien à regretter. LFAR
Ce matin, réponse [de Thomas Legrand] aux accusations de Michel Onfray contre le service public audiovisuel. (Lundi 21.09.2015).
« Oui, selon le philosophe, nous serions la cléricature d’une gauche ou d’une droite libérale, fossoyeurs de la liberté de critiquer le système. M.Onfray se pose en victime de l’audio-visuel public, tenu par des bobos déconnectés. C’est nous. Il s’affirme de gauche, de la vraie gauche, en fait de plein de gauches à la fois : de la gauche de 1981 dit-il. Ou « socialiste libertaire », ou alors il défend le souverainisme. Pour un libertaire, c’est assez acrobatique mais comme tout ça est purement théorique, la contradiction ne saute pas aux yeux… Surtout, il conspue le « politiquement correct ». Ce terme vague et stigmatisant lui permet de se présenter en victime des médias, publics en particulier ! Pourtant, M.Onfray y est souvent invité. Il vient ou il ne vient pas mais rappelons qu’il fait quand même un peu partie de la maison ! Il a une chronique sur France Culture, ses conférences (souvent passionnantes et érudites) de l’Université Populaire de Caen sont, des heures durant, diffusées sur cette même chaîne. Le philosophe a aussi la faveur des hebdos ! Il a son couvert au Point dont il apparaît à la Une très régulièrement, entre le salaire des cadres et les derniers conseils en matière d’immobilier, sous l’égide du transgressif FOG. Il a d’ailleurs récemment participé à la rédaction de tout un numéro agiographique de ce magazine subventionné qui lui était consacré. Du jamais vu ! Il donne une longue interview au Figaro, Libération lui répond en le citant largement. Le premier journal doit tirer deux fois plus que le deuxième, mais Onfray, (qui avoue n’avoir pas lu la réponse de Libé) la qualifie quand même de haineuse. Un autre hebdomadaire subventionné, Marianne (dirigé, bien sûr, non pas par des bobos déconnectés, mais par des prolétaires oubliés aux mains calleuses), va jusqu’à louer une salle de meeting pour lui permettre de répondre à des censeurs. Comme victime d’ostracisme, il est aussi crédible que Bernard Tapie criant famine dans l’affaire Crédit Lyonnais.
En réalité, ce qu’Onfray ne supporte pas, c’est que l’on dise qu’il fait le jeu du FN.
Et là il a raison (même s’il fait exactement la même chose avec ceux qui ne pensent pas comme lui)… il a raison parce que « Faire le jeu du FN » est devenu un anathème reflexe qui recouvre tout et n’importe quoi. Vous défendez l’accueil des réfugiés, vous faites le jeu du FN, vous dites attention ma ville est déjà trop pauvre, je ne peux pas en accueillir, vous faites le jeu du FN. En réalité, l’hystérie ambiante du débat public fait le jeu du FN…dire que tout fait le jeu du FN … fait aussi le jeu du FN. On ne s’en sort pas ! Pour ce qui nous concerne, nous ne disons pas qu’Onfray « fait le jeu du FN » mais simplement, nous faisons l’analyse qu’il se rapproche du FN. Nuance ! Quand il soutient les thèses de Jacques Sapir, qui veut une alliance tactique entre la gauche radicale et le FN sur l’euro, ou quand il reprend mot pour mot l’argumentaire sur la prétendue « théorie du genre » à l’école, nous constatons (c’est notre boulot) un rapprochement. Marine Le Pen approuve, ravie, les propos d’Onfray. C’est de la récupération grossière, certes… Mais vu lesdits propos, M.Le Pen n’a aucun mal à les récupérer. En réalité, en ce moment, nous vivons une spectaculaire recomposition politique et intellectuelle entre libéraux (au sens politique et économique) et souverainistes de gauche et de droite. L’acrimonie et la confusion de Michel Onfray ne sont que des avatars de cette recomposition qui provoque des frottements idéologiques inédits et explosifs. » •
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