Un lecteur reproche à Jacques Trémolet de Villers d’avoir écrit que « L’espérance est royale » (« L’espérance est royale », Politique magazine n°144, octobre 2015, p.31). Le chroniqueur de Politique magazine persiste et signe. Explications détaillées…
Un lecteur m’écrit : « Ne parlez pas de l’espérance politique Royale ! La Royauté n’est pas une espérance, c’est une utopie. »
Merci pour le propos. Il dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Il définit le principal obstacle à l’espérance.
Voici ma réponse.
1. L’utopie est un mot hautement respectable puisqu’il a été forgé par un homme plus qu’estimable, un saint, et précisément un saint en politique, ce qui est rarissime, saint Thomas More.
L’utopie, chez Thomas More, c’est un royaume imaginaire, une fantaisie littéraire de philosophe platonicien. Ce rêve n’est pas inutile car il provoque la réflexion et peut aider à sortir des routines où s’enlise trop souvent le politique.
Mais ce n’est absolument pas un projet de gouvernement, ni un traité d’art politique.
Thomas More qui s’y connaissait pour avoir été Grand Chancelier du Royaume d’Angleterre n’a pas subi le martyre parce qu’il avait voulu garder son utopie.
Il est mort à cause de sa fidélité très concrète à l’Eglise de Rome et de son refus de prêter le serment schismatique exigé par son Roi. Rien de plus concret, de plus simple et de plus réaliste, aux antipodes de sa fantaisie littéraire dénommée UTOPIE.
2. Si le royaume (qu’il soit de France, d’Angleterre ou d’ailleurs) est le contraire même de l’utopie, la démocratie universelle dont le rêve anime tous nos dirigeants est, elle, en revanche, une véritable et catastrophique utopie. Le petit Larousse cite, à son propos, la formule de Lautréamont :« La grande famille universelle du genre humain est une utopie digne de la logique la plus médiocre ». Une politique qui se fonde sur une telle chimère est de nature à donner corps aux pires cauchemars, dont nous voyons les prémices s’agiter sous nos yeux.
L’utopie n’est donc pas là où on la croit.
3. Le royaume de France, loin d’être un rêve, est la seule réalité dont nous soyons absolument certains puisque, contrairement à la démocratie idéale où l’on n’ arrive jamais et dont la réalisation est toujours remise à demain, il a été, et il est. Nous en venons. Nous en vivons. Nos yeux le voient sur la terre de France, dans les maisons, les églises, les châteaux et les chaumières, dans les villes et dans les villages, dans la poésie et dans la prose. Nos oreilles l’entendent dans les musiques et les chansons. Notre langue le parle. Notre pensée elle-même n’existerait pas sans les mots et les idées qu’il nous a donnés. Pour paraphraser une formule de Jean-Paul II sur la culture de la nation : « Il fait en nous ce qui est humain ».
4. Pour beau qu’il fut et qu’il demeure, le Royaume de France n’a jamais été et ne sera jamais une société idéale, un royaume d’utopie.
Son histoire nous montre ses ombres et ses lumières. Son champ est mélangé de bon grain et d’ivraie. Mais il est aisé de discerner les constants de son ordre : le goût de la vérité, la passion de la liberté, le besoin de justice et l’amour de la beauté. Celui qui, aujourd’hui, fait personnellement siennes ces permanences, est du royaume et continue le royaume, qu’il soit de droite, de gauche, du centre ou d’ailleurs.
5. Si le royaume de France, grâce à Dieu, persévère chaque jour dans son être, sans le règne d’un roi, il est aussi évident que cette maison qui nous est commune a un urgent besoin de retrouver un maître de maison. L’histoire de nos deux derniers siècles est éloquente. Les intendants provisoires qui ont prétendu remplacer le Roi n’ont pas su garder la maison. On peut citer la phrase du Général De Gaulle écrivant au Comte de Paris, en novembre 1969, après son départ : « Je m’en vais, mais vous, vous demeurez ». Reste que si la famille royale, effectivement, demeure et se continue, elle n’est pas à la place où nous avons besoin qu’elle soit.
C’est pourquoi, tant que cette institution ne sera pas établie, nous serons dans l’espérance.
La conclusion est aussi simple que la démonstration. Le Royaume est toujours là, mais de plus en plus menacé, délabré… la famille royale est là, mais seuls quelques-uns la reconnaissent pour telle. La seule action utile est de multiplier le nombre de ces quelques-uns pour qu’il soit décisif. Cette action est culturelle parce qu’elle commence par la connaissance et l’amour du royaume, son histoire ses mœurs, ses trésors… elle est politique parce qu’elle vise à instituer un Etat conforme au droit, à la nature et à l’histoire.
Elle n’est ni partisane, ni idéologique, ni sectaire, ni chimérique. Elle ne veut que l’union et le bonheur de tous dans une maison qui est, précisément, la maison de tous et dont nous savons qu’elle est une belle et douce maison dont le jardin est « un champ semé de lys ». •
Jolie démonstration, que l’on soit en France ou ailleurs, du moins en Europe, la monarchie est quand même la meilleure forme de gouvernement.
Vous êtes, vous, cher Maître, utopiste, ou vous vous aveuglez quand vous citez Charles de Gaulle et le comte de Paris:
Quelle légitimité CdG pouvait-il lui accorder alors que le dernier alinéa de l’article 89 de la Constitution de 1958 INTERDIT la restauration monarchique?
Je pense que, comme il l’a fait pour bien d’autres, (dont bien sûr, les pieds-noirs et les harkis) CdG a roulé le comte de Paris dans la farine. Le blanc n’est-il pas la couleur du drapeau???
Tant que les Prince de la Maison de France ne font rien, n’ont aucune action politique il est vain d’espérer le progrès de la cause monarchique et royale.
Son actuel chef n’a jamais rien fait pour, et le Prince Jean attend son tour comme si la France pouvait attendre son bon plaisir.
Ils sont dans la posture du légataire universel prédésigné qui attend l’ouverture éventuelle de la rente 🙂
L espérance Monarchique est loin d être une utopie surtout dans l état de déliquescence politique et intellectuelle ou Le France se trouve. Et je vous félicite pour l argumentation de votre exposé. Je suis par contre choque par les commentaires ci dessus. Les Princes de la Maison de France ont droit a tout notre respect Monseigneur le Comté de Paris a déjà délégué une partie de ses devoirs et obligations a son fils Jean Duc de Vendome. J ai eu l occasion de rencontrer ce dernier et son épouse la Princesse Philomena. C’est un couple remarquable dynamique très attaché a la Cause Dynastique ,et n oublions pas que le Prince a été très bien prépare a ses futurs devoirs par son Grand Père ! Il n est qu a voir combien iIls sont appréciés par les habitants de la ville de Dreux Et il est certain que si le Prince Jean disposait de moyens plus importants Il pourrait faire mieux faire connaître ses projets ses espoirs et ses ambitions pour notre Pays. Un Roi n oublions pas de nos jours est un rassembleur pas un chef de parti.
Vous avez raison, Monsieur. Les commentaires qui vous ont choqué m’ont aussi fortement déplu. Et ce que vous dites des Princes est juste. Ne soyons pas perpétuellement dans le négatif, le reproche acrimonieux, la critique stérile. Qui sont-ils ceux qui jugent pour juger ?
Oui. C’est pourquoi l’Espérance en la restauration royale ne peut et ne doit se faire que par le seul héritier légitime de nos rois : Louis Duc d’Anjou, LOUIS XX… très actif en France pour restaurer l’idée monarchiste dans le cœur et l’esprit des Français… n’en déplaise aux « utopistes » qui soutiennent les Orléans. Oui cher Maître Trémolet de Villers, ce n’est pas l’idée, le principe de la monarchie et l’espoir en son retour qui sont utopiques. C’est votre dévouement à une famille, qui ne représente qu’elle-même, qui est utopiste. En cela, je n’insulte personne. Je dis le droit qui a été rappelé et entériné une bonne fois pour toute par les tribunaux de la République Française.
Sincères et respectueuses salutations.
… » une bonne fois pour touteS »… excusez cette faute de frappe.
A Tite
Je respecte votre opinion mais ce n’est qu’une opinion. Vous prétendez dire le droit. Ce qui est exorbitant. Pour vous, la légitimité des Bourbons d’Espagne en France, est une croyance. Vous l’affirmez sans aucune preuve. Voius l’assenez. C’est tout. Ètes- vous compétent, informé ? Avez-vous étudié la question sérieusement ? J’en doute.
Quant à moi, je ne veux pas d’un étranger pour gouverner la France en tant que Roi.
Regrets. L’on n’est pas obligé de vous croire ni de vous suivre.
Pour ma part je souhaiterai que LE PRINCE JEAN s’implique davantage