Il avait disparu du paysage politique depuis quelques années. Julien Dray fut pourtant de tous les combats de la gauche depuis quarante ans. L’actuel vice-président de la région Ile-de-France a d’abord été trotskiste avant de rejoindre la LCR pour ensuite devenir membre fondateur de SOS Racisme et membre éminent de l’Unef. Un parcours sans faute, couronné par une adhésion au Parti socialiste et aux prébendes qui accompagnent le statut d’apparatchik de l’appareil.
Valérie Trierweiler, l’une des meilleures ennemies, partie il y a de longs mois, les affaires judiciaires enterrées, Julien Dray est de retour depuis le mois de juin, comme pour mieux confirmer l’adage : « En politique, on n’est jamais mort ». Au début de l’été, l’homme revenait en qualité de conseiller de l’ombre, de consigliere à qui mission était donnée de réunir la « grande famille » de gauche. Ou, du moins, de limiter la casse dans la perspective des prochaines élections régionales. Il se murmure que son amitié de longue date avec François Hollande n’a rien d’anodin dans ce retour. Les défaites électorales, la bérézina annoncée en décembre prochain, ont, sans doute, accéléré les événements. Julien Dray reprend du service et monte désormais un peu plus au front. Il est même tête de liste pour les régionales dans le Val-de-Marne.
C’est pour toutes ces raisons qu’il était l’invité-phare de l’émission « Supplément », diffusée sur Canal + dimanche 18 octobre. Face à Ali Baddou, nouvel animateur de ce programme depuis la rentrée, il est apparu tel qu’on le connaît : roublard et fin connaisseur de la cuisine électorale. Celle qui permet de remporter un scrutin. Au jeu des question-réponses, Julien Dray s’en est tiré avec habileté. Sauf, comme tous les élus de gauche, sur le bilan de la présidence Hollande. Lorsque l’animateur passa une séquence tirée de l’émission de Bourdin où l’on voit Mélenchon appeler à un renouvellement des actions violentes contre le patronat, Dray s’emporta, qualifiant de dangereuse et d’inconséquente la tirade du fondateur du Front de gauche.
Une réaction qui n’est pas passée inaperçue. Quelques heures après la diffusion de l’émission, Alexis Corbière, secrétaire national du Front de gauche, s’en allait de sa petite vengeance. Sur son blog, il diffusait un enregistrement « pirate », non sourcé et non daté, dans lequel Julien Dray tacle sèchement Claude Bartolone et Jean-Christophe Cambadélis en les décrivant comme « manipulateurs » et « fainéants » et expliquant qu’avec eux « c’est à chaque fois une catastrophe » !
Une potion dure à avaler pour « Dr Dray », comme le surnomme ses proches qui seront peut-être un peu moins nombreux dans les prochains jours. Dans la même émission, un reportage montrait Julien Dray, lors d’un déplacement en Ile-de-France, distillant ses conseils à celui qui convoite cette région : l’actuel président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone… En politique, on n’est jamais mort. En politique, on ne se refait pas. •
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“Il est bon !!”