Les événements de janvier 2015 auront été un terrible révélateur de la crise fondamentale à laquelle notre pays et nos institutions se trouvent confrontés. Ils ont souligné, avec la présence sur notre sol d’un ennemi de l’intérieur prêt à frapper partout et à n’importe quel moment, l’incapacité absolue de nos dirigeants à trouver une réponse à un problème qui conduira, à moyen terme, si l’on n’y remédie pas très vite, non à la fin du « vivre ensemble » dont on nous rebat les oreilles, mais à l’éclatement pur et simple de notre société.
Entre nos compatriotes juifs envisageant de quitter une nation à laquelle ils n’ont plus le sentiment d’appartenir et où ils se sentent en danger, une communauté musulmane politiquement ectoplasmique, sauf pour revendiquer plus de privilèges, indifférente au djihadisme, incapable d’envisager une adaptation de l’Islam aux nécessités françaises, et des Français exaspérés qui n’acceptent pas de disparaître, la rupture sera tôt ou tard consommée et irréparable. Comment en sommes-nous arrivés là ? Reste-t-il un moyen d’échapper au pire ?
Pierre Manent prévient d’emblée que les solutions qu’il préconise fâcheront tout le monde. Elles méritent pourtant d’être lues, pesées, réfléchies attentivement car, si elles ne sont pas fatalement applicables, elles contiennent cependant d’excellentes pistes de réflexion. Surtout, cet essai met en évidence l’inadéquation des idéologies à bout de souffle de nos politiciens avec les enjeux de l’heure et l’urgence de rompre avec une pensée unique qui conduit, c’était d’ailleurs son but, à la mort des nations en général et de la nôtre en particulier. Un livre intelligent, ô combien, alors que l’intelligence semble faire si cruellement défaut à nos dirigeants. •
Situation de la France, de Pierre Manent, Desclée de Brouwer, 175 p., 15,90 euros.
Donc mme Bernet est tombée sous le charme. Une phrase pour dire qu’il n’existe pas encore de peson pour mesurer l’intelligence …
Ce que je lis chez Pierre Manent :
L’explication-valise d’une Europe intellectuellement diminuée par l’assassinat industriel des juifs. Ce qui est à peine excusable chez le pseudo historien Paxton au café du commerce, est inacceptable sous la plume d’un grand historien des idées politiques tel que Manent. L’assassinat industriel de populations fut une méthode de gouvernance du léninisme et du stalinisme, dans des proportions jamais vues dans l’Histoire, sauf en Vendée sous la terreur jacobine (voir Nicolas Werth, « la route de Kolyma » ; et « l’ivrogne et la marchande de fleurs »).
La colonne vertébrale de ce petit travail est toute dans cette remarque: « … nous observons l’extension et la consolidation du domaine des mœurs musulmanes plutôt que son rétrécissement ou son attiédissement dans notre pays. Ce fait social est aussi le fait politique majeur que nous avons à prendre en compte. Le prendre en compte, c’est d’abord consentir à admettre que sur ce fait nous n’avons que très peu de pouvoir. Nos concitoyens musulmans sont désormais trop nombreux, l’islam a trop d’autorité, et la République, ou la France, ou l’Europe trop peu d’autorité pour qu’il en soit autrement. Je soutiens donc que notre régime doit céder, et accepter franchement leurs moeurs puisque les musulmans sont nos concitoyens. Nous n’avons pas posé de conditions à leur installation, ils ne les ont donc pas enfreintes … ». Tout est dit, À HURLER. « … compromis avec les musulmans français en vue de leur intégration complète dans notre société politique … ». Comment peut on se bercer d’une telle utopie ?
De Lois, point de mention. Quant à appeler les catholiques à l’aide, c’est un gag que malheureusement plusieurs évêques dispensent volontiers.
Intérêt de cet opuscule, alimenter un débat lâchement passé sous le tapis par un personnel politique qui a trahi sa mission, représenter le peuple.
Michèle Tribalat a longuement détaillé pourquoi l’intégration à la française est un échec. Les musulmans n’ont que faire du respect des lois, tout en s’enfermant dans leur communauté dans un réflexe endogame. Partant, tout parallèle avec un français de souche est une pure provocation, comme les musulmans en usent dans un État faible, devenu évanescent. Ceux qui préfèrent se coucher ne manquent pas, et n’ont jamais manqué. Hélas parmi nos évêques. La dhimitude a de beaux jours devant elle.
Quant à la raison au pays de l’islam, le pape Benoit XVI a dit à Ratisbone ce qu’il fallait en penser. Manent cultive la posture intellectuelle de l’école de Raymond Aron, merveilleuse pour passer des diplômes de philosophie mais souvent loin du réel. C’est le cas ici. Le summum de l’obscurantisme est quand la discussion sur le sujet dérape en opposition droite – gauche. Comme s’il s’agissait d’une question politique. En dernière analyse, c’est le ressenti du peuple qui s’impose, ce fut toujours le cas dans l’Histoire.
Pierre Manent écrit dans le cadre de sa fonction, analyse philosophique de la politique et de la société. Pure théorie donc, qui a un intérêt intellectuel patent, indéniable. Mais totalement coupé de la réalité, avec une construction de ce que pourraient être les temps futurs. C’est charmant mais réservé à ses agrégatifs.
Et une analyse du livre très intéressante, car simple et claire de Pierre Le Vigan publiée dans Polemia.
http://www.polemia.com/situation-de-la-france-de-pierre-manent/?utm_source=La+Lettre+de+Pol%C3%A9mia&utm_campaign=444b2e572c-lettre_de_polemia&utm_medium=email&utm_term=0_e536e3990e-444b2e572c-57836697
Je persiste à croire et à savoir que l’on ne négocie pas avec l’islam. Ce corpus n’est pas intégrable dans la liturgie judeo-chrétienne de l’Europe. En suivant Manent nous partons vers des contresens qui vont nous couter cher. Dans une conférence récente, Bernard Lugan mettait en garde contre le contresens autour du mot «réforme». Chez les adeptes de l’islam, il s’agit d’un retour à la pureté des textes du Coran, des hadiths, et non d’une remise en cause comme purent la conduire Luther et Calvin. Manent n’est pas orientaliste.
Quant à la laïcité est il nécessaire de revenir sur le sujet ? Les analyses sur ce que fut cette démarche strictement française et strictement politique, sont copieuses, didactiques et complètes. Rien à ajouter aujourd’hui, sinon que la situation de 1900 était sans rapport avec celle des années 2000 …
Le Figaro des 13 et 14 Oct nous a proposé en deux parties un échange de haute tenue entre Manent et Finkielkraut. A l’instar de plusieurs autres critiques de ce petit travail AF pointe plusieurs assertions totalement inacceptables. A vrai dire on termine ces 170 pages en ressortant frustrés, l’impression d’être trompés sur la marchandise. Manent use (et abuse ?) de sa position de grand intellectuel français reconnu de l’école de Raymond Aron pour embrasser beaucoup de notions tel un inventaire à la Prévert en trop peu de pages, sous le titre ambitieux «Situation de la France». Avec selon nous de nombreuses approximations, sinon erreurs. Mais le plus sidérant est de parler de l’islam en Europe et en France tout au long du livre, sans jamais venir à ce qu’est l’islam. Son histoire, son corpus, ses dogmes, son organisation, et en définitive le totalitarisme consubstantiel à cette doctrine. Il revient à plusieurs reprises sur la séparation de César et de Dieu, en oubliant que cette préoccupation est très ancienne dans l’histoire de l’Humanité. L’illumination du Gautama Boudha, 500 ans avant notre ère fut d’écarter les Bramanes de la gestion de la cité. Ce conflit permanent entre deux des trois fonctions identifiées par Dumézil se régla autant dans un calme relatif (cas du boudhisme) que par le feu et le fer. Il ne se pose pas en islam car la doctrine religieuse dirige toute la société, sa structure, sa morale, ses tribunaux, la cellule familiale, l’obligation du patronyme. Et donc disserter sur l’islam en France sans convoquer dans la discussion, le principal intéressé est surréaliste.
Les dizaines d’ouvrages d’exégètes sur la nature de la doctrine rendent vaine la tentative de l’assimiler. C’est l’islam qui donne le tempo et qui à terme règnera en maitre. Naïveté ou dangereuse rêverie ? Ce sont nos églises que l’on démolit, et c’est Boubakeur qui réclame 2.000 mosquées. C’est la totalité du corps médical qui est confronté au mépris de la Loi et de l’hygiène. C’est la provocation permanente qui s’est installé dans l’éducation dite nationale, c’est le Code Civil qui est en permanence foulé aux pieds. C’est une société en totale régression qui prospère désormais sous nos yeux. Nous partageons la réserve de Manent sur la laïcité, et l’évidence de son inutilité. Notion «à la française» qui n’a aucune signification dans aucun autre pays, et dont les fondements avaient éventuellement un sens à la fin du XIXème siècle au Palais Bourbon. Imagine-t-on aujourd’hui la lettre de Jules Ferry aux instituteurs ? Dans un débat organisé par Finkielkraut chez France Culture, la réponse que firent les deux invités, d’abord Jacques Julliard, ensuite Dominique Reynié, est un modèle du genre. Pas une seule fois le mot islam ou musulman n’est prononcé tout au long de leur absconse logorrhée.
A vrai dire, cette lecture inspire les pires inquiétudes. Dans une première partie Pierre Manent décrit la rencontre entre un pays faible et l’islam fort. Une langue riche mais compliquée pour nous parler d’un islam rigoriste et dominateur, ce que savent tous les orientalistes. Les ouvrages savants sur l’islam ne manquent pas dans les bibliothèques françaises.. Où l’on y découvre très vite que les cinq piliers (jamais cités) ne se discutent pas. Et plus loin Pierre Manent poursuit, toujours dans une langue tarabiscotée pour nous dire que la laïcité ne règle rien, ce que sait tout orientaliste ayant vécu en pays arabo-musulman, dès lors que religion et séculier sont indissociables, et que la première dirige le second.
Nous partageons son analyse que cette religion très sectaire (c’est moi qui le dit) s’implante dans une Europe qui est devenue un désert spirituel, et la France en particulier. Pierre manent nous décrit une 3ème République comme un état fort, mais à aucun moment ne fait mention de la Loi et du Droit. Ne regarder la place de l’islam dans notre société que sous un angle philosophique ou sociologique sans évoquer l’obligation d’entrer dans le corps des Lois, nous expose au minimum à un développement séparé, à supposer que les autochtones, les Français de souche, l’acceptent. Loin de l’assimilation, plutôt une vague intégration (la nuance est faite par Michèle Tribalat). Dans une incantation qui nous laisse sans voix, Manent termine par « … Trouver leur place dans un pays de marque chrétienne … c’est un chef d’œuvre d’imagination et de modération qu’il est demandé aux uns et aux autres de réaliser … c’est cette opération suprêmement délicate que nous avons à conduire ensemble … ».
Ce qui s’appelle rêver éveillés !
Et des liens très critiques sur ce travail
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/10/05/31003-20151005ARTFIG00304-pierre-manent-islam-de-france-mode-d-emploi.php
http://www.wukali.com/Situation-de-la-France-l-essai-non-marque-de-Pierre-Manent-2235#.Vhk0c_-hfIU
http://www.slate.fr/story/107855/compromis-musulmans-france-manent
bravo cher Faure! Si vous n’aviez pas ,inexplicablement,dit que l’imparable chiffre publié par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie sur le nombre d’enfants ayant subi le test de dépistage de la Drépanocytose en 2014 (37,4% de 790000 font environ 290000,dont pro,ça ,c’est de l’arithmétique…..précise…!.) était « imprécis »….vous seriez parfait!
Votre ana lyse est remarquable,réjouissante de lucidité. Paul Valery avait écrit: »le metier des intellectuels est de remuer toutes choses sous leurs noms,signes ou symboles,sans le contrepoids des actes réels,d’ou il résulte que leurs propos sont étonnants,et leurs politiques dangereuses….. ». Manent a mis le doigt sur le vrai problème posé par la présence en France de 12 a 15 millions de musulmans (S’accroissant annuellement d’entre 4 et 500000 mille unités,moitié par les naissances moitié par l’immigration) ,que leur nombre,leur concentration géographique,la dynamique de leur religion soutenue de l’exterieur,l’aveuglement et/ou la soumission des politiques et des « élites » autorisent a créer un monde musulman dans notre monde. La démographie fait que leur monde est en expansion ,et le notre en rétraction….
La ou Manent illustre la faillite de l’intelligence c’est quand il propose ,au fond,une version d’apparence raisonnée de la SOUMISSION comme solution au problème;
Incontestablement IL FAUT trouver des solutions. : ces 15 millions de personnes SONT FRANCAISES ! J’ai quelques raisons de connaitre la psychologie musulmane…..
JAMAIS des solutions pouvant etre perçues comme des preuves de faiblesse(Question que Manent soulève lui-meme,sans en comprendre la portée…..) ne pourront avoir le moindre résultat positif avec des musulmans chez qui un proverbe (sagesse révélatrice des nations) dit : »La main que tu ne peux couper,baise-la…. »
Je suis,hélas ,trés pessimiste sur l’avenir…. Mais comme l’avait dit un grand européen: « Il n’est pas necessaire d’esperer pour….etc »
La première des choses serait de stopper l’immigration. C’est la raison de mon soutien mesuré au FN,seul parti dont on peut raisonnablement l’attendre.
La seconde serait d’instaurer un NIVEAU D’EXIGENCE en tous domaines envers nos populations hétérogènes, basé sur une volonté ferme,visible et palpable? La encore je ne vois que le FN qui l’inscrive dans ses projets. Quoique l’on puisse penser de certains aspects de ce parti….Notre maison est en feu….allons nous ergoter sur la couleur du costume des pompiers?
Inspirons-nous plutôt de la stratégie de Napoléon avec la communauté « de facto » des Juifs devenus citoyens français, et donc dans une situation fausse par rapport à leur ordre juridique bimillénaire hérité du Talmud : profitant des perspectives d’enrichissement commercial et industriel, et soumis à une FORTE PRESSION ADMINISTRATIVE ET POLITIQUE, nos concitoyens de religion juive – aussi bien séfarades provençaux qu’ashkénazes alsaciens – lors d’un Grand Consistoire, ont abandonné leurs droits à divorcer « more judaico », et bien d’autres (voir les nombreux gros bouquins sur ce sujet). Cela leur assez bien réussi collectivement, voir « les maux que l’antisémitisme dénonce » (sic).
Vous croyez vraiment que l’on peut assimiler la question des Juifs à celle des musulmans en France ? Il me semble que pour toutes sortes de raisons, notamment le petit nombre des premiers et la masse des seconds, la réponse est évidemment non. Des différences intrinsèques entre les deux religions, les deux sociétés me semblent être des raisons dirimantes pour que la politique suivie à l’égard des uns soit proprement inapplicable aux autres.
on ne saurait mieux dire…….
@Jean-Paul MESTRALLET
Je ne pense pas du tout que les deux religions puissent être comparées et traitées selon les mêmes critères. L’islam est un corpus où Dieu et le séculier ne font qu’un. C’est même le sens du mot islam. L’ancien testament aborde sans crainte et sans contrainte ce qui revient à Dieu et à César. Avec certes de considérables variantes selon les sectes du judaïsme. Mais la conduite de la Cité par le Livre n’est pas une règle intangible. Oui cela n’allait pas toujours de soi, et un rabin qui a fini sur une croix a estimé nécessaire de le rappeler. Mais ce n’est pas ce qui l’a fait condamner.
Quant au nombre, ce n’est pas un critère pour ce point précis.